Lundi 4 juin 2012----------------------La Lettre N°67-----------------------Chers lecteurs!-------------Un article du mensuel gratuit Zoom Japon, généreusement distribué chaque mois dans les commerces du quartier japonais (près de l'Opéra) à Paris affirme que les jeunes japonais ont le moral dans les chaussettes (je cite). D'après un sondage gouvernemental, la tranche des 15-29 ans a peur de ne pas trouver un emploi (à 83%) qui soit payé décemment, tandis que près de 80% ont des craintes pour leur retraite. Même le Japon souffre de cette fichue crise internationale, fruit de la spéculation sauvage et du mépris que les plus gros affichent vis à vis des peuples. La paupérisation du pays demeure le principal défi à relever dans la société nippone. Je le vois bien en croisant, dans les villes, de plus en plus de SDF , sans doute moins nombreux qu'en Occident mais bel et bien là. Ils ont souvent pour tout domicile qu'une bâche bleue sous laquelle se réfugier. A la suite de la perte de leur statut social (leur emploi), ils ont très souvent renoncé à rentrer chez eux et errent de pont en pont, de parc en parc, le plus discrètement possible. Alors, dans ces conditions, à quoi bon se lancer dans la vie active? De plus en plus de jeune gens nippons choisissent de rallonger leurs études puisque le taux d'embauche est en chute libre. D'autant plus que le travail n'est plus perçu comme une source d'épanouissement pour certains d'entre eux. 63% travaillent d'abord pour gagner leur vie, et seulement 15% pour satisfaire leurs rêves. On est loin du Japon conquérant d'il y a quelques décennies, où les parents de ces enfants-là mettaient toute leur énergie au service d'un pays qui construisait shinkansen et villes nouvelles, défiant ainsi le monde entier. La jeunesse, qu'elle soit nippone ou pas se sent rejetée d'une société dans laquelle elle n'a pas demandé à venir et au milieu de laquelle elle se retrouve sans trouver sa place. Il est temps de changer de modèle sociétal. Après le communisme et le capitalisme libéral, accompagnés de barbaries en tout genre (je pense à cet étudiant chinois dépecé récemment au Canada par un jeune homme déboussolé) qui alimentent les chroniques quotidiennes des médias (le sang a toujours été vendeur pour ces gens-là), il faudra à la jeunesse d'aujourd'hui, d'où qu'elle vienne, inventer une nouvelle société, plus humaine et plus solidaire aux yeux de tous. Et pourquoi pas une société semblable à celle des singes bonobos, ces chimpanzés nains vivant en groupes (jusqu'à cent individus par groupe), se nourrissant de fruits mûrs et de plantes (ça rend moins agressif que la viande!), capables d'utiliser 348 symboles sur un clavier d'ordinateur et dont les activités favorites sont la poursuite (pas pour vous dérober vos biens comme dans le métro!) et les chatouilles. Ces singes-là comprennent même des notions aussi abstraites que le bien ou le mal , bénéficient d 'une intelligence exceptionnelle pour des primates (intelligence qui n'a rien à envier à celle de certains de nos représentants y compris politiques!) et résolvent les conflits en faisant l'amour. Presque tous les bonobos étant bisexuels, et ne se livrant pas aux relations sexuelles ( ou sexe convivial pour les spécialistes) à des fins forcément reproductives, ils privilégient avant tout l'aspect social du milieu dans lequel ils vivent et leur bien être. Pour ce faire, ils utilisent largement la langue (le baiser avec la langue est important chez eux) et pratiquent même le coït face à face (ce qui évite les coups par derrière comme chez les humains!). La nouvelle société sera pacifique et libertine ou ne sera pas (Dame Nature ne nous montre t-elle pas le chemin?) avant que ne meurent définitivement ces chimpanzés en voie de disparition. Je n'ai rencontré aucun bonobo au Jardin du Palais Royal à Paris. C'est pourtant là que je vous conduis cette semaine, pour mon dernier reportage. Bonne lecture!-----------------Yves Chapelain.