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Longreach
(Queensland, Australie) |
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Mardi 6 février 2018
Après Winton, me voici aujourd'hui à Longreach, une ville du Queensland d'environ 4000 habitants, en référence à la rivière Thomson toute proche : c'est Edmund Kennedy qui donna son nom au cours d'eau, en 1847, et en l'honneur de Sir Edward Deas Thomson, alors Secrétaire colonial de l'Etat de Nouvelle-Galle-du-Sud au moment de la découverte de l'Australie. La particularité de cette rivière est d'être rejointe par pas moins de 41 affluents sur les 3500 kilomètres de son cours, sans toutefois atteindre la mer car ses eaux s'évaporent avant ou finissent leur course dans le lac Eyre. Longreach accueille deux musées d'importance, celui de la compagnie aérienne Qantas et celui consacré aux gardiens de troupeaux, et plus généralement à la vie australienne, des origines à nos jours, en abordant au passage les thèmes des Aborigènes, des pionniers, de l'Outback, du Royal Flying Doctor Service et des gardiens de troupeaux. Je me promènerai d'entrée en ville afin d'y découvrir notamment l'ancien centre d'ambulance (en photo ci-dessous) désormais inscrit sur la liste des monuments protégés. Ce grand édifice en bois, qui comporte deux étages, hébergera un service médical et de transport ambulancier dès 1921. Cette idée de transport avait été suggérée suite aux graves conséquences subies par une victime d'un accident de la route faute de ne pas avoir pu être correctement acheminé à temps vers l'hôpital. Depuis 1973, l'endroit abrite une galerie d'art, au premier étage.
Le Musée Powerhouse, lui, est fermé en basse saison. Je ne pourrai donc pas m'y attarder mais à cet endroit s'était autrefois dressée une centrale électrique, qui produisait le courant de la petite ville à partir de deux turbines à gaz, à partir de décembre 1921. Dès 1948, des générateurs plus puissants fonctionnant au diesel furent aussi installés, jusqu'à ce que la centrale ne passe sous le contrôle de la direction régionale de l'énergie électrique de la région Centre-Ouest de l'Etat du Queensland en 1966. Le présent musée existe depuis 1994 et représente un patrimoine unique dans cet Etat relatant le fonctionnement d'une centrale électrique dans l'Outback.
A l'angle des bureaux du comté de Longreach dont on peut admirer (ci-dessus) l'écusson au-dessus de la porte d'entrée, j'aperçois un monument (ci-dessous) matérialisant le Tropique du Capricorne : étant l'un des cinq parallèles principaux indiqués sur les cartes terrestres, ce dernier porte ce nom car, il y a 2000 ans, le Soleil entra dans la constellation du Capricorme lors du solstice de décembre. Et l'Australie est elle aussi traversée par lui au niveau de Longreach. Ce tropique a même donné son nom à une route, la route du Tropique du Capricorne (anciennement route 66) qui relie la ville de Barcaldine (à une centaine de kilomètres d'ici) à Rockhampton.
De l'autre côté de la chaussée, je devine la gare ferroviaire de Longreach (ci-dessous) : cette gare terminus accueille une fois par semaine le train « Spirit of Outback » (deuxième photo) qui se rend à Brisbane, après avoir traversé le Queensland sur 1400 kilomètres en 26 heures. C'est en 1867 que fut inaugurée la première ligne ferroviaire dans la région Centre-Ouest du Queensland. Celle-ci allait à l'époque de Westwood aux environs de Rockhampton. La présente ligne, elle, sera construite entre 1887 et 1917, et la gare de Longreach, achevée en 1916. L'arrivée du rail dans la région fut liée à la découverte d'importants gisements de cuivre à Peak Downs, près de Rockampton, mais encore fallait-il que la ligne en question soit assez longue pour être rentable. On décidera donc de la prolonger et l'arrivée du train provoquera un boom économique à Longreach, qui possédera quatorze hôtels dès 1914. C'est Henrik Hansen qui sera chargé de bâtir la gare, et le style architectural retenu sera semblable à celui des gares d'Emerald ou de Mount Morgan. Suivit peu de temps après son ouverture, la création d'un estaminet devenu depuis le café historique de cette gare (on y déguste un délicieux gâteau à la carotte!) qui compte beaucoup dans le patrimoine de Queensland Rail.
Peu de choses à voir dans cette ville, mis à part les deux musées cités plus haut et une promenade dans le cimetière communal (voir infos pratiques). Le musée de Qantas fera l'objet d'un autre article, mais celui consacré à différents aspects culturels de l'Australie, le Stockman's Hall of Fame vaut la peine d'être vu. Je m'y rends donc d'autant plus facilement, qu'étant situé en face du musée de Qantas, il est très facile à trouver. Ce musée comporte six galeries et propose en fin de visite la projection d'un film sur le métier de gardien de troupeau. Je vous conseille très chaudement ce film de dix minutes qui dépeint parfaitement tous les aspects de cette profession du bush. Je commence ma visite par la section consacrée aux Aborigènes , peuples originaires d'Australie qui contribuèrent grandement à développer l'activité pastorale aux côtés des Européens. Sur place depuis 60000 ans, ces peuples ne furent d'abord pas rassurés de voir débarquer l'homme blanc sur leurs terres, monté à dos de cheval ou de chameau. Certains Aborigènes travaillèrent peu à peu comme gardiens de troupeaux en échange de quoi ils recevaient nourriture, vêtements, tabac, soins médicaux et même la protection des lois européennes de la part des Blancs. Connaissant parfaitement le terrain, ces hommes et ces femmes furent incontournables dans la réussite du pastoralisme et l'exposition permet d'ailleurs de mieux connaître plusieurs de ces familles aborigènes ayant pratiqué cette activité.
La seconde galerie nous parle des pionniers qui se déplacèrent d'abord à pied, avant d'adopter des moyens de transport aussi variés que le chameau, le cheval, le bateau ou la diligence. Ces hommes avaient du mérite car ils se retrouvaient seuls confrontés parfois aux pires éléments (feu de brousse, maladie, isolement, chaleur, destruction de récolte, perte de bétail...). Dès 1850, ces colons impatients se lancèrent dans l'élevage de moutons, de bétail et de chevaux, traçant des chemins, abattant des arbres et creusant des puits. Beaucoup firent alors fortune durant cette première phase de développement, et les propriétaires déjà implantés voyaient parfois d'un mauvais œil les nouveaux arrivants, d'où certaines violences exercées contre eux. D'autant plus que ces jeunes débarqués lors des années 1870 profitèrent de suite du travail de défrichage effectué par les pionniers. Plus tard, le cottage modeste (ci-dessous) des débuts fut remplacé par de plus grandes propriétés au sein même du Queensland : à l'instar de Jondaryan Station, le plus gros élevage de moutons de l'époque dans le sud de l'Etat, on vit apparaitre des métiers aussi divers que comptable, ouvrier journalier, tondeur de mouton, surveillant, gouvernante, instituteur, femme de chambre, boucher....dus au développement considérable des troupeaux et à la nécessité pour les éleveurs d'embaucher de nombreux employés. Et ces familles de pionniers arrivées sur place dans les années 1860 et 1870 de créer des richesses dans cet Outback jadis déserté. Curieusement, les femmes ne seront que rarement considérées comme déterminantes dans la mise en valeur de cette région du Queensland, alors qu'elles contribuaient à leur manière à des tâches diverses (participation aux moissons, à la traite, aux récoltes...). De même, l'isolement de ces familles et le manque de moyens de communication dans cet Outback sauvage faisait que les gens vivaient en communautés repliées sur elles-mêmes.
Je ne m'étendrai pas sur la galerie consacrée au Royal Flying Doctor Service car j'ai déjà abordé ce thème dans un autre article, mais cette section mérite d'être visitée car elle est extrêmement documentée et très bien illustrée à l'aide de nombreuses maquettes. J'aborde désormais la dernière galerie, celle dédiée aux gardiens de troupeaux : là encore, les Aborigènes jouèrent un rôle important dans le développement de l'élevage australien grâce à la connaissance qu'ils avaient du terrain et du comportement des bêtes, et malgré des différences culturelles entre ces peuples de toujours qui considéraient la terre comme un prolongement d'eux-mêmes, et l'homme blanc, qui, lui, la considérait uniquement comme ressource économique. Ainsi les pistes tracées par les Européens étaient-elles uniquement destinées au déplacement des troupeaux tandis que les Aborigènes, eux, faisaient de cet espace naturel la terre de leurs ancêtres avec tout ce que cela implique de coutumes et de traditions.
C'est en 1819 qu'apparut la profession de gardien de troupeau car il fallait désormais contenir des troupeaux de bétail de plus en plus importants à l’intérieur d'un espace délimité. Il fallait également marquer les animaux au fer rouge, trouver de nouveaux pâturages, et cette dernière tâche revenait au chef du troupeau (dont des femmes) qui organisait la vie sur le terrain. Le marquage des bêtes fut pour la première fois réglementé dans le Queensland à travers le Brands Act de 1872 qui excluait de fait toute fraude ou vol de bétail. Dès la parution de cette loi, 400 candidatures furent répertoriées et l'une des premières marques déposées fut celle de la compagnie de diligence Cobb & Co (COB). Toutefois, le travail du gardien de troupeau ne se limite pas seulement au marquage. Il lui faut toujours et encore rassembler ses bêtes que ce soit à cheval, en moto, en véhicule tout-terrain, par hélicoptère ou par avion à voilure fixe. Vaste programme !
INFOS PRATIQUES :
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