Mardi 18 décembre 2018
Pour admirer l'une des plus grandes peintures murales du monde, il faut se rendre au Three World Financial Center, ou American Express Tower. Cet édifice abrite en effet le cycle de peintures murales le plus vaste de toute l'histoire du commerce portuaire. On peut ainsi admirer The Harbors of the World, œuvre de Craig McPherson, qui s'étire sur les quatre côtés du hall de la tour sous la forme de panneaux atteignant presque les quatre mètres de haut, sur une centaine de mètres en tout. Il est impossible d'apprécier la toute beauté de cette composition sans se trouver en face d'elle, afin d'observer l'échelle et l'atmosphère de l'oeuvre. L'artiste dut à l'époque adapter son propre procédé de perspective à l'aide d'un matériel topographique et passer des mois à étudier la meilleure position pour chaque scène. Quant aux ports, ils furent sélectionnés selon leur importance, leur diversité et leur configuration. Outre New-York, on reconnaitra de superbes panoramas de Venise, Istanbul, Hong-Kong, Sydney et Rio de Janeiro.
Côté technique, les assistants de McPherson, eux, appliquèrent les dessins sur la toile tendue,puis la première couche de gris, laissant ensuite au peintre le soin de réaliser seul son œuvre, à raison de trois mètres par mois. Et chaque ville de refléter une ambiance, comme à Venise avec son aspect maussade, Hong-Kong et ses couleurs bleu-vert, et Sydney plus resplendissant que jamais.
Lorsque survinrent les attentats du 11 septembre, le Three World Financial Center souffrit lui aussi de dommages, et des débris retombèrent tout près des peintures murales.
Non loin de là, il ne faut pas manquer le monument en souvenir de la grande famine irlandaise. Cette dernière sera provoquée par le mildiou de la pomme de terre en 1845 et sera terrible : pourtant microscopique, ce champignon parasite provoquera en moins d'une décennie la disparition d'une bonne partie de la population irlandaise. Plus d'un million de personnes mourront alors de faim et trois millions émigreront à cette occasion. Pour ne pas oublier ce drame, il fut donc décidé d'ériger ce monument à l'intérieur de Battery Park City, le plus petit parc de l'île de Manhattan. Une fois sur place, on a l'impression de se trouver en Irlande et pas à New-York, tant on peut croiser de plantes importées d'Irlande. Autre curiosité: les ruines d'une chaumière de l'époque de la famine, et un petit chemin bordé de murets qui serpente entre les herbes folles. Quant aux rochers éparpillés ici et là autour du monument, ils proviennent de 32 comtés irlandais.
A l'intérieur du tunnel de roche calcaire conduisant au Mémorial, je peux lire une foule de textes consacrés à la grande famine et aux souffrances abominables qu'elle causa à tout un peuple. Et de découvrir une liste de plantes dont les Irlandais se nourrissaient alors, faute d'avoir autre chose à se mettre sous la dent. Orties et pissenlits faisaient ainsi partie des végétaux consommés. Désespérés, ces pauvres Irlandais finirent par émigrer en masse, jusqu'à constituer un quart de la population new-yorkaise, ce qui explique que les Américains d'origine irlandaise sont encore de nos jours plus nombreux à New-York que dans n'importe quelle autre ville des Etats-Unis. Ces nouveaux arrivants n'étaient pas toujours bien reçus et étaient alors affublés de qualificatifs peu enviables (crève-la-faim, gens de passage, bons à rien...).
Il est une horloge chargée d'histoire et qui fait le trottoir devant la bijouterie William Barthman, sur Broadway. Ce lieu est le dernier bastion de l'intense activité joaillière qui se tint jadis ici, au sud de Manhattan et exerce son activité depuis plus de 130 ans, un record en soi validé par les photographies anciennes visibles à l'intérieur du magasin. Revenons maintenant à l'horloge de trottoir qui fut conçue par William Barthman, le fondateur de la célèbre enseigne. Notre homme ne trouvera pas mieux que de promouvoir le concept d'horloge urbaine en plaçant cette dernière...sous les pieds des gens. En effet, l'horloge a fort à faire pour supporter le passage de plusieurs centaines de milliers de piétons qui foulent cet insolite objet régulièrement révisé et synchronisé. Cette horloge est pourvue d'un mécanisme électrique qu'il fallut remplacer après les attentats du 11 septembre 2001 à la suite d'une fissure dans le trottoir entrant en contact avec le cadran de bronze à la hauteur du chiffre 12. C'est que le précieux objet est solidement fixé au sol à l'aide de vis. Lorsqu'un réglage est nécessaire, le technicien procède aux ajustements en intervenant sous l'horloge. Il ouvre alors une porte discrète donnant sur Maiden Lane, et descend un escalier le conduisant dans les entrailles de la bijouterie. Sous l'horloge en question a été aménagé un minuscule atelier muni de divers outils, au-dessus duquel, un simple panneau dissimule le mécanisme de l'horloge. Tic-tac, tic-tac....
Si le cœur vous en dit, offrez-vous une visite gratuite à la salle des coffres de la banque centrale américaine : cette banque new-yorkaise renferme effectivement la plus grande réserve d'or du monde, devant Fort Knox, un endroit extrêmement surveillé par des tireurs d'élite spécialement formés (tout geste brusque est donc fortement déconseillé!). On s'intéresse d'abord à l'architecture de ce bâtiment situé au cœur du Financial District et qui abrite quelques 3000 employés. Avant de pénétrer à l'intérieur, on vous demandera bien sûr de présenter une pièce d'identité, de franchir un détecteur de métaux puis de laisser vos appareils électroniques dans un casier. Si l'or fascine, la banque, elle, a de multiples activités, et s'occupe, entre autres, de retirer les vieux billets de banque de la circulation puis de les détruire (cent millions de dollars sont ainsi déchiquetés chaque jour!). Sous nos pieds, c'est à dire à 24 mètres en-dessous du rez-de-chaussée (un des sous-sols les plus profonds de la ville), se trouve la salle des coffres. Juste avant d'y descendre en ascenseur, le guide nous projette un court film montrant des ouvriers portant des chaussures à bout renforcé au magnésium, qui traitent les barres d'or comme de simples briques. Des brouettes sont ainsi chargées du précieux contenu, avant d'être conduites sur leur lieu de chargement. Plus loin, des inspecteurs pèsent les lingots d'or avec une balance de précision extrême. Une fois arrivé devant la salle, on franchit l'unique entrée, une porte tournante de ...230 tonnes. Juste derrière, à l'abri de parois grillagées, se trouvent les réserves monétaires d'une trentaine de pays, sous la forme de tas de barres d'or de deux mètres de haut. Impressionnant !
Que diriez-vous de vous rendre maintenant à l'American International Buiding et découvrir son modèle réduit ? Trois célèbres gratte-ciel new-yorkais, Woolworth, Chrysler et Empire State building, témoignent ainsi d'une décoration intérieure ressemblant à l'apparence extérieure de ces tours respectives. Par exemple, des sculptures de pierre racontent l'histoire du Woolworth, l'une d'entre elles représentant même l'architecte tenant son gratte-ciel dans la main.
A l'American International Building, on perpétue la tradition en sculptant un modèle réduit du gratte-ciel de 3,5 mètres de hauteur, sur les façades sud et nord de l'édifice. Et en regardant bien, au pied de chaque sculpture figure aussi une version de la tour encore plus petite. Bien que moins légendaire dans l'esprit des New-yorkais, cette tour était, à son inauguration, le plus haut édifice de Downtown (et le redevint après les attentats du 11 septembre 2001). Son style gothique est impressionnant avec, entre autres, la pointe en pierre blanche de la tour qui évoque des cimes enneigées. Ne parlons pas de la splendide terrasse en plein air tout au sommet qui offre une vue imprenable sur le sud de Manhattan et l'Upper Bay, ou de ses fameux ascenseurs à deux étages qui étaient manipulés jadis par de superbes femmes rousses recrutées « parmi les filles au chômage » (c'est le dépliant de l'époque qui le dit!). Curieusement, l'American International Building n'a pas frappé les habitants de la grosse pomme, malgré son originalité. Il faut dire que lorsque l'AIB fut érigée en 1930, à un moment où les New-yorkais vivaient déjà la frénésie de la « course des gratte-ciel » pour le titre de plus haut du monde. Chrysler Building était alors en compétition avec la tour de Bank of Manhattan (qu'il coiffera finalement au poteau en rajoutant une flèche de 38 mètres de haut en son sommet), avant d'être battus à plate couture par l'Empire State Building en 1931. Une fois achevée, l'AIB restait plus haute que la tour Bank of Manhattan mais le challenge était terminé. Aujourd'hui, l'Empire State Building règne en maitre sur Manhattan, même si l'AIB détint le titre du plus haut immeuble de New-York, 75 ans durant. Avant d'être détrôné en 2007 par le New-York Times Building...
INFOS PRATIQUES :
- Le Three World Financial Center se dresse à l'angle de Vesey Street et West Street. On y accède par métro (lignes 1, 2 et 3,station Chambers Street ou Park Place, ligne E (World Trade Center) et lignes A et C (Chambers Street).
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Monument à la grande famine irlandaise, 290 Vesey Street. Accès en métro : lignes A et C (station Chambers Street), lignes N et R (City Hall) et lignes 2 et 3 (Park Place).
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L'horloge du trottoir de Maiden Lane, est insérée dans le trottoir à l'angle de Maiden Lane et de Broadway, en face de la bijouterie William Barthman (176 Broadway) (http://www.williambarthman.com
). Accès par métro, lignes 4 et 5, A, C, J et Z (station Fulton Street), lignes N et R (Cortland Street).
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Salle des coffres de la banque centrale américaine, Federal Reserve Bank of New-York, 33 Liberty Street. Visite uniquement sur réservation. Site internet :https://www.newyorkfed.org/aboutthefed/visiting . Tél : 212 720 6130. Entrée gratuite. Accès par les lignes 2 et 3, station Wall Street.
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American International Building (AIB), 70 Pine Street, à New-York. https://www.emporis.com/buildings/115575/international-building-new-york-city-ny-usa Accès en métro : lignes 2 et 3 (station Wall Street)