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La Havane et ses vieilles pharmacies
(Cuba)
Heure locale

 

Lundi 7 janvier 2019

 

La Havane (Cuba) est en pleine mutation alors que l'île de Cuba s'ouvre un peu plus qu'avant au monde. Il existe toutefois encore des sanctuaires protégés comme par exemples ces vieilles pharmacies que le visiteur peut croiser au hasard d'une balade. En m'intéressant à ce genre d'officines, je découvrirai que Cuba fut jadis le pays du monde où il se consommait le plus grand nombre de drogues par habitant. Il semblerait aussi que trois protagonistes jouèrent un rôle non négligeables dans la vente des ces drogues : Ernesto Sarra Hernandez, Teodoro Johnson Anglada et Francisco Taquechel Mirabal. Né en 1869, ce dernier, pharmacien de son état, sera ainsi membre fondateur de l'Association pharmaceutique nationale.

Les origines de la pharmacie havanaise remontent quant à elles à 1598, année durant laquelle Sebastian Milanes et Lopez Alfaro établirent respectivement leurs officines du côté de la rue Royale et de l'allée du Jet. Et les habaneros (habitants de La Havane) de venir s'y fournir en opium, camphre, sels volatiles, sirop et autres onguents. Dès 1670, la ville compte déjà une douzaine de pharmacies, un nombre qui ne cessera de croitre avec l'essor de l'industrie de la canne à sucre et l'engouement pour le frutanga, mélange controversé de sirop de canne fermenté, de miel et de brandy ordinaire. Bénéficiant des progrès de la poterie européenne dès le XVIII ème siècle, ces officines adopteront bientôt de jolis flacons en verre et en porcelaine aussi pratiques que décoratifs, autant de contenants qui viendront garnir les longues étagères en acajou, lesquelles remplaceront peu à peu les vieilles armoires rustiques en pin rustique de l'époque du Dr Guillermo Labé.


 

Une seule de ces pharmacies d'inspiration française subsiste encore aujourd'hui : la pharmacie-musée Taquechel (anciennement Farmacia Santo Domingo inaugurée en 1871) fondée en 1898, et restaurée par l'historien Eusabio Leal, alors directeur du programme de restauration du centre historique de la capitale cubaine. L'endroit rend un fervent hommage à son fondateur, Francisco Taquechel Mirabal qui avait créé là une boutique laboratoire. On peut admirer de nombreux flacons de porcelaine française des XVIII è et XIX ème siècle ainsi que des instruments de chimiste et des ouvrages de l'époque. La boutique vend de nombreux remèdes naturels, homéopathiques et cosmétiques, ainsi que des compléments alimentaires et autres produits purement cubains. On y trouve notamment une crème à base d'algues, de miel, des vitamines et des aliments antioxydants et des produits dérivés du cartilage de requin et d'une plante appelée caléndula.


 

Nous l'avons vu plus haut, les trois principaux acteurs de l'industrie pharmaceutique cubaine furent Sarra Ernesto Hernandez, Teodoro Johnson et Francisco Anglada Taquechel Mirabal. Ces trois laboratoires cubains se seraient entendus afin de contraindre les laboratoires étrangers à négocier avec eux et à casser leurs prix , les officines cubaines servant d'intermédiaires à ces groupes étrangers. Des documents attestent en effet de remises atteignant 40% du prix normalement appliqué sur des médicaments importés. Une action judiciaire menée en 1938 conduira le ministère du commerce à intervenir en promulguant un décret qui, loin de faire baisser les prix, aboutira à une montée en flèche du cout des médicaments, compte tenu de l'embargo exercé sur les produits des onze laboratoires étrangers.


 

Fin XIXè début XX ème, les Cubains ne se rendaient pas dans les pharmacies uniquement pour des prescriptions, mais pour faire des rencontres et converser. Les pharmacies les plus connues de La Havane étaient celle de Taquechel (du nom de son dernier propriétaire), celle de Johnson & Johnson et la pharmacie-musée La Réunion. La pharmacie Johnson ouvrit pour la première fois ses portes en 1886 rue O'Reilly, avant de rejoindre son emplacement actuel en 1914, dans un immeuble conçu par la maison Purdy & Henderson. L'entreprise se développa sans cesse avec à sa tête la famille Johnson qui vendait des désinfectants, des médicaments, des huiles médicinales et même des parfums maison. Après la révolution cubaine, l'officine sera nationalisée le 15 octobre 1960 mais poursuivra son activité. Un incendie dévastateur survint malheureusement en 2006, qui détruisit une grande partie du patrimoine de la pharmacie (flacons en porcelaine, boiseries sculptées, ancien laboratoire et instruments de chimiste...). L'établissement sera rapidement restauré avant de rouvrir ses portes six ans plus tard sous la forme d'un musée pharmaceutique.

 

Autre lieu d'histoire de la pharmacie cubaine, la pharmacie-musée La Réunion a ouvert ses portes en 2004 à l'endroit même où se dressait jadis la pharmacie d'origine. On y découvre l'histoire de la pharmacie havanaise du milieu du XIX ème au début du XX ème siècle grâce à des documents, des flacons anciens, des poteries et des instruments chirurgicaux. La pharmacie d'origine ouvrit ici-même ses portes en 1886 avec à sa tête le Catalan José Sarra et fut longtemps connue sous le nom de « Farmacia Sarra ». Celle-ci fut la première officine à proposer des produits allopathiques et homéopathiques et un médicament bien spécifique à base de magnésium et d'huile de foie de morue. L'endroit offre à l'intérieur une très belle architecture de style Art nouveau alors que l'apparence extérieure est de style plus académique. Là encore, on doit cette superbe restauration à la ville qui fit réaliser les pièces en bois sculpté et des superbes vitraux modernes, œuvre de Rosa Maria de la Terga.

INFOS PRATIQUES :

  • Pharmacie-musée Taquechel, Calle Obispo 155, à l'angle de Mercaderes et San Ignacio, Vieille ville, La Havane (Cuba). Tél : +53 7 862 92 86. Ouvert tous les jours de 9h00 à 17h00.
  • Musée de la pharmacie havanaise La Reunion, 41 Teniente Rey, La Havana (à l'angle des rues Compostela et Habana Vieja).

  • Drogeria Johnson, 251,rue Aguiar, La Havana.









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