Samedi 7 septembre 2019
Tokyo offre une multitude d'activités, mais celle dont je vais traiter aujourd'hui va vous en coller plein la vue. TeamLab (c'est l'attraction dont il s'agit!) est avant tout un projet dont le but était de former une équipe. Son fondateur, Inoko Toshiyuki, mit sur pied ce lieu expérimental de création collective en 2001 destiné à développer de nouveaux critères de beauté à travers l'art numérique et au service des spectateurs. Les expositions aujourd'hui présentées au grand public ne peuvent en effet être que le résultat d'une équipe chevronnée et passionnée par la création d'oeuvres numériques.
Comme je le disais en début d'article, il existe deux sites de TeamLab : TeamLab Borderless et TeamLab Planets. Se promener au bord d'une rizière, effectuer une balade urbaine dans un entrelacs de lampes, plonger dans un océan de vagues virtuelles ou déguster un vrai thé vert agrémenté d'une fleur virtuelle est désormais possible. Une visite dans l'un de ces deux endroits vous transporte aussitôt en immersion à l'intérieur d'un monde en perpétuel changement. Ce type d'attraction convient également aux familles puisque des activités ludiques ont été prévues pour amuser les enfants. On pourra ainsi expérimenter une forêt où l'on peut crapahuter sur des collines, s'envoler dans l'espace en sautant depuis un trampoline ou battre à l'unisson le rythme d'une centaine de danseurs traditionnels représentés par des formes translucides. Sur le TeamLab Borderless, cinq univers différents cohabitent afin d'offrir aux visiteurs des œuvres interactives, résultat d'un processus créé à partir d'algorithmes complexes.
Libérer l'art des contraintes physiques était l'objectif premier d'Inoko Toshiyuki et de ses quatre camarades au moment où ils créèrent TeamLab en 2001. Parmi ces contraintes, se trouvent les frontières terrestres qui n'ont pas lieu d'être dans le monde de TeamLab, celui d'un espace sans frontières constitué de plusieurs œuvres d'art qui se déplacent toutes seules et communiquent entre elles en se mélangeant parfois les unes aux autres. Et nos créateurs d'attirer pas moins de 500 000 visiteurs lors de leur première exposition japonaise cinq mois durant en 2015. Il faut dire que le collectif avait fait ses vrais débuts artistiques dès 2011 à Taipei avant d'intégrer le giron de la galerie new-yorkaise Pace Gallery, en 2014. Le coup d'essai nippon sera suivi par une tournée de l'équipe à Londres, dans la Silicon Valley et en Chine...avant d'ouvrir son propre musée, le Mori Building Digital Art Museum : TeamLab Borderless. L'endroit qui ouvrit ses portes le 21 juin 2018, histoire de célébrer le début de l'été, offre ainsi un espace unique d'exposition s'étendant sur 10000m2 avec le concours du promoteur immobilier Mori Building et de plusieurs groupes japonais, de Panasonic à Epson, qui apportent l'équipement sophistiqué. Sur place, les spectateurs peuvent découvrir une cinquantaine d'oeuvres dans le quartier futuriste d'Odaiba situé dans la baie de Tokyo.
Le défi technologique est de taille : 520 ordinateurs et 470 projecteurs sont mis à contribution pour offrir un spectacle produit en temps réel. L'Univers se transforme ainsi en direct sous nos yeux et avec notre contribution puisque nous faisons partie de ce monde. En coulisses, 500 membres « ultra-technologistes » (c'est ainsi qu'on les surnomme) s'activent à la bonne réalisation de ce spectacle unique. Une même équipe qui rassemble artistes, ingénieurs, programmateurs informatiques, mathématiciens, roboticiens, et architectes....Quant au coût total du projet qui n'a pas été clairement révélé, on l'estime entre un et deux millions de dollars par installation. Au final, le TeamLab Borderless émerveille ses visiteurs qui sont invités à découvrir ce musée d'art numérique unique au monde et ses œuvres d'art immersives projetées sur les sols, les murs et les plafonds. Les salles défilent les unes à la suite des autres et il en existe même une dédiée aux enfants. Celle-ci porte le nom de « Future Parks » et propose des animations pour les petits. En fin de visite, ne partez pas sans déguster un thé au yuzu ou un thé hojicha au lait de camomille.
Le musée d'art numérique se déploie sur deux étages qui offrent plusieurs salles en enfilade et c'est sans plan et sans lumière que vous devrez trouver les différentes salles cachées composant le musée, chaque salle étant une œuvre d'art à elle seule: le premier étage est une ode à la nature, avec des fleurs qui bougent au fil des saisons numériques, des animaux en 2D déambulant le long des couloirs et une cascade murale où l'eau, les fleurs et les kanjis coulent à l'unisson. A ce même étage, on peut aussi s'allonger sur une toile d'araignée géante faite de cordage afin d'admirer le monde psychédélique, puis partir à la découverte de la salle aux lanternes puis du ciel vertical d'où on peut contrôler le temps. La deuxième partie de l'exposition, elle, est beaucoup plus interactive et a pour thème l'univers et la création du monde. Ce thème est articulé autour d'une salle représentant la galaxie, avec plusieurs petites chambres où l 'on peut s'amuser à modifier à notre gré l'aménagement d'une ville, faire exploser une étoile ou bien faire de l'accrobranche dans une forêt lumineuse après s'être préalablement repéré dans un labyrinthe d'ampoules géantes. Vous l'avez compris, la nature est le fil conducteur de cette exposition pour nous rappeler que la vie se trouve en toute chose sur notre belle planète Terre.
Faute d'avoir pu réserver ma visite au TeamLab Borderless, car victime d'un bug sur le site de l'attraction (un comble!), je me suis replié sur sa petite sœur, TeamLab Planets : ce musée numérique d'art créatif offre au total sept pièces créatives dont quatre ont pour concept principal l'immersion corporelle. Autant dire qu'il faut aimer se mouiller car l'une des attractions vous invite à entrer les pieds nus pour ensuite vous promener parmi les carpes koi projetées sous forme d'images. Ici, vous faites intégralement partie du spectacle. En effet, les carpes koi réagissent à votre passage, les fleurs de cerisiers qui tombent sur vous éclatent puis se dissipent un peu comme ces fleurs qui éclosent et meurent en fin de saison. Les visiteurs marchent pieds nus dans cet espace et plongent physiquement leurs corps dans des œuvres artistiques de grande ampleur. Une expérience marquante !
Quelques chiffres pour terminer ce rapide tour d'horizon : sur les 2,3 millions de visiteurs du TeamLab Borderless, la moitié est constituée par des étrangers (Etats-Unis, Australie, Chine, Thaïlande, Canada, Royaume-Uni...) alors que TeamLab Planets compte près de 30% de visiteurs étrangers (Etats-Unis, Hong-Kong, Taïwan, Royaume-Uni et Australie) pour un total d'1,25 million de visiteurs.
INFOS PRATIQUES :
- Mori Building Digital Art Museum : Epson TeamLab Borderless, 138 Odaïba Palette Town, Aomi, Koto, Tokyo. Tél : +81 3 6406 3949. Entrée adulte : 3200 yens (réservation préalable conseillée). Pour s'y rendre , emprunter la ligne de métro Yurikamome (station Aomi) puis marcher quelques minutes. Depuis Shinjuku, on peut aussi emprunter la ligne Saiko car certains sont directs. Site internet : https://borderless.teamlab.art/
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TeamLab Planets, 6 Chome 1-16 Toyosu, Koto City, Tokyo. Pour s'y rendre : emprunter la ligne de métro Yurikamome et descendre à la station Shin Toyosu, puis marcher quelques minutes. Il peut y avoir une attente plus ou moins longue et la queue débute sous les tonnelles. Durée de la visite : 1h30 (prendre le temps d'observer les œuvres jusqu'à la fin!). Des casiers gratuits sont à la disposition des visiteurs pour déposer ses affaires. Emporter un short car de l'eau monte jusqu'aux genoux durant la visite (on peut louer un short sur place). Site internet : https://teamlabplanets.dmm.com/en
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Ces deux attractions n'ont strictement rien à voir même si elles utilisent la même technologie TeamLab et si elles offrent toutes les deux une expérience immersive et sensorielle. Il n'est pas possible d'échanger le billet d'une attraction pour l'autre. A noter que je n'ai pas pu réserver mon ticket pour me rendre à TeamLab Borderless en utilisant pourtant mon Imac récent et Safari. Je n'arrivais pas à atteindre la seconde étape c'est à dire le paiement des tickets. Et l'entreprise de me répondre par courriel que le système peut ne pas bien fonctionner sous Internet Explorer mais est performant avec Google Chrome ...ou d'autres systèmes.
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Il faut se présenter à l'entrée de l'attraction avec une pièce d'identité, ne pas venir avec des chaussures à talons hauts, sandales, tongs, animaux de compagnie, sacs volumineux ou valises (des casiers gratuits fonctionnant avec des pièces de 100 yens sont disponibles sur place!), perche à selfies ou poussettes. Il est interdit de fumer sur place. Photos et vidéos peuvent être prises à l'intérieur.