Jeudi 5 mars 2020
Le quartier de San Lorenzo, c'est une église construite par Brunelleschi en 1424, un joyau de la Renaissance qui dresse sur la Place San Lorenzo, d'où on peut apercevoir la silhouette de Jean des Bandes Noires. A deux pas, on trouve le palazzo Medici-Riccardi, palais des Médicis qui nécessitera vingt années de construction. Les alentours offrent des rues encombrées d'étals où l'on vend cuirs, cachemires, soieries et vêtements à petits prix. Ici et là, les petits bistrots abondent autour du marché et proposent de déguster la porchetta. Un petit tour au Mercato Centrale, qui offre une monumentale verrière, avant de passer devant le palazzo Pucci, lieu de résidence familiale de l'ancien styliste Emilio Pucci ,et de faire quelques clichés de la Biblioteca Riccardiana qui ouvrit pour la première fois ses portes au public en 1715. Avanti !
San Lorenzo a sa propre place sur laquelle trône la basilique du même nom, qui donnera lieu à un article séparé. A mon arrivée, une statue m'interpelle : il s'agit de l'effigie de Jean des Bandes Noires (ci-dessous), célèbre condottiere (chef d'armée de mercenaires) italien de la famille Médicis durant la Renaissance. Fils de Jean de Médicis, l'homme créera sa propre compagnie armée en 1516 et vendra ses services ici et là, selon les besoins du moment, guerroyant d'abord 22 jours durant dans une courte guerre contre Urbino (1516), soumettant des seigneurs rebelles au Pape (1520), mettant en fuite les Français à la bataille de Vaprio di Adda (1521), année lors de laquelle il noircira ses bannières jusqu'ici blanches et violette, d'où son surnom de Jean des bandes noires. Il sera engagé par les Impériaux en 1523, puis fera 300 prisonniers au camp Bayard lors d'une attaque de nuit (1524). Blessé l'année suivante, il manquera la bataille de Pavie, mais pas le commandement des troupes pontificales qui lui sera confié en 1526. Sa courte existence prendra fin le 30 novembre de cette même année, à la suite d'une amputation ayant entrainé une gangrène. Changeant de camp régulièrement selon ses missions, Machiavel le considérait capable d'unifier l'Italie.

Alors que je remonte la Via de Ginori, je repère la bibliothèque Riccardiana, institution qui doit son nom à la riche famille florentine des Riccardi, collectionneuse d'ouvrages rares depuis le milieu du 16è siècle. Le marquis Gabriel Riccardi rachètera le palais Médicis en 1659 et installera ladite bibliothèque dans un bâtiment voisin. A sa mort, en 1688, l'endroit abritera 5000 imprimés et 149 manuscrits. Réputée en Europe, la bibliothèque accueillera chercheurs et érudits dès 1737, des visiteurs alors pris en charge par un bibliothécaire dès le 18è siècle. L'un d'entre eux, Giovanni Lami, officiera à ce poste de 1732 à 1770. Quant aux Riccardi, ils finiront ruinés et la bibliothèque sera rachetée par la ville en 1813 pour l'ouvrir au public. Le pays est alors sous le contrôle de Napoléon 1er.
Décorée par Luca Giordano, la bibliothèque consiste en une seule salle (ci-dessous) longue et étroite, dont les murs sont recouverts de rayonnages, et sur toute la hauteur (les ouvrages du haut étant accessibles par une galerie). Le fonds de la Riccardiana est composé de livres représentatifs de la culture européenne du 15è au 18è siècle. Et l'endroit de dissimuler des trésors comme la plus ancienne traduction du Coran en langue européenne (remontant à 1212-1213) qui fut découverte dans le Codice Vaglienti. Autre ouvrage remarquable, un exemplaire de la Divine Comédie de Dante. On m'autorise aussi à photographier deux autres salles, plus petites mais ornées de superbes plafonds peints (deuxième photo).


Sur la Via Cavour se dresse l'imposant palais Medici-Riccardi où vécurent les Médicis pendant presque un siècle. Ce n'est qu'en 1665 que ces derniers vendront la bâtisse aux Riccardi. Le portail principal débouche sur une cour carrée ornée de médaillons et de camées antiques. Mis à part quelques salles ouvertes au public, il reste la Cappella dei Magi (Chapelle des Mages) dont il ne faut pas manquer la fresque Le Cortège des Mages, peinte par Benozzo Gozzoli en 1459-1460. Plusieurs membres de la famille font d'ailleurs partie du tableau. Autre salle, la Sala di Luca Giordano, laquelle porte le nom du peintre napolitain qui décora l'endroit en 1683, avec des fresques baroques sur le thème de l'Apothéose des Médicis.

A l'angle de la Via Cavour se trouve la Via Pucci, du nom du palazzo Pucci qui abrita la famille du styliste Emilio Pucci, célèbre couturier italien, lequel marqua la mode des années 1960 par ses imprimés pop, ses couleurs voyantes et ses motifs graphiques. L'intérieur, malheureusement inaccessible, comporte trois cours. En ce qui me concerne, je devrai me contenter de l'entrée de l'édifice où figure un portrait du cardinal Lorenzo Pucci (ci-dessous), issu d'une ancienne et puissante famille de Florence alliée des Médicis. L'homme, grand mécène, passera plusieurs commandes à Raphaël et à Michel-Ange.
Une chose étrange cependant concernant ce palais, sur la Via dei Pucci, au niveau de la Via dei Servi : à cet endroit se trouve une fenêtre murée pour conjurer le mauvais sort et par mesure de dissuasion. En effet, celle-ci se trouvant au rez-de-chaussée de l'édifice, était particulièrement accessible. La famille Pucci, amie des Médicis avait obtenu des charges importantes dans la cité florentine, jusqu'à ce que Pandolfo de Pucci ne soit écarté de la cour de Cosme 1er, compte tenu de son comportement jugé immoral. Et Pandolfo, vexé, de préparer un attentat contre le grand-duc, à l'aide de deux tueurs à gages. Ces tueurs, censés guetter leur victime à cette fenêtre d'angle devant laquelle passait fréquemment Cosme 1er pour aller à la messe n'agirent pas immédiatement et le complot sera découvert avant même que le mal ne soit fait. Nous sommes alors en 1560 et justice sera rendue sans délai avec pendaison de Pandolfo, de ses sicaires et autres patriciens reconnus comme ayant participé au projet d'assassinat, puis, condamnation ad vitam eternam de la fameuse fenêtre sur ordre de Cosme 1er.

Edifice de pierre, de verre et d'acier, le Mercato Centrale (ci-dessous) a belle allure et domine harmonieusement le quartier San Lorenzo. Construit en 1874 par Giuseppe Mengoni, il constitue le cœur du marché local avec ses marchands de produits alimentaires au rez-de-chaussée et ses restaurants à l'étage.
A quelques minutes de marche, je rejoins la place San Lorenzo pour apercevoir la triste façade de la Basilique San Lorenzo, qui recèle pourtant des trésors pourvu que l'on pénètre à l'intérieur de l'église.

INFOS PRATIQUES :
- Biblioteca Riccardiana, Via de Ginori 10, à Florence. Tél : +39 055 212 586. Entrée libre (au premier étage par ascenseur) mais il faut présenter son passeport à l'accueil et on vous remet un badge d'accès. Prise de photos sans flash autorisées. http://www.riccardiana.firenze.sbn.it/index.php/it/
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Palazzo Medici-Riccardi, Via Cavour 1, à Florence. http://musefirenze.it/fr/musei/palazzo-medici-riccardi/
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Palazzo Pucci, Via dei Pucci, 6, à Florence. Fermé au public.
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Mercato Centrale, Via dell Ariento, 10-14, à Florence. https://www.mercatocentrale.it/
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Basilique de San Lorenzo, Piazza di San Lorenzo, à Florence. http://basilicadisanlorenzofirenze.com/