La Cité internationale de la Gastronomie et du Vin de Dijon (Côte d'Or, France)
Lundi 9 mai 2022
Quoi de plus noble que de raconter et faire vivre les valeurs reconnues unanimement du Repas gastronomique des Français et des climats du vignoble de Bourgogne ? En tant que capitale du goût et de l'art de vivre, Dijon (21) se devait de relever ce défi en élevant en son sein la Cité internationale de la gastronomie et du vin, atout majeur d'attractivité pour cette ville mais aussi pour toute la Bourgogne-Franche-Comté. Bon appétit et large soif !
La Cité qui a ouvert ses portes le 6 mai dernier, sur le site exceptionnel de l'ancien hôpital général est tout un symbole : ce projet longuement muri, qui associe valorisation du patrimoine et architecture audacieuse, mêlant espaces d'expositions, infrastructures touristiques et culturelles, et programme d'habitat s'élève aux portes du centre historique et de la route des Grands Crus et fait le pari d'accueillir tous les publics désireux de visiter les expositions, de se former à la cuisine et à l'oenologie, de participer à des masterclass ou des conférences, de profiter des boutiques et des restaurant ou d'assister à des projections.
L'inscription, en 2010, du Repas gastronomique des Français sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité en inspira certains. Deux ans plus tard, l'idée de créer une cité de la gastronomie avait germé dans les esprit et cinq villes françaises se portèrent candidates : Beaune, Dijon, Paris-Rungis, Tours et Versailles. C'est finalement Dijon qui l'emportera. Le 4 juillet 2015, les Climats du vignoble de Bourgogne sont classés au patrimoine mondial de l'UNESCO. Et six mois plus tard, la ville de Dijon se porte acquéreur du terrain de l'ancien hôpital général dont l'ensemble des services viennent d'être transférés dans de nouvelles infrastructures.
Peu de villes peuvent, comme Dijon, se prévaloir de deux reconnaissances UNESCO : dès 2010, le Repas gastronomique des Français était ainsi consacré en entrant sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Et la valeur exceptionnelle d'une tradition millénaire contribuant au renforcement des liens sociaux d'être reconnue une fois pour toutes. Et c'est cinq ans plus tard que les climats du vignoble de Bourgogne étaient à leur tour classés. Le « bien manger » n'impose t-il pas le « bien boire » ?
Le hasard faisant bien les choses, la Cité internationale de la gastronomie et du vin se déploie au départ de la route des Grands Crus. C'est en effet ici, que sont produits sur un ruban de 40 km quelques-uns des vins les plus prestigieux du monde (Gevrey-Chambertin, Vosnes-Romanée, Meursault...) sublimés par un terroir hors pair fait d'une mosaïque de 1247 parcelles de vignes (appelés climats). Une juste reconnaissance d'un modèle de viticulture mono-cépage deux fois millénaire, qui fait que chaque parcelle produit un vin spécifique, même à quelques mètres d'écart, grâce aux différentes qualités de son sol, à son exposition et au talent du vigneron.
En choisissant la capitale des ducs pour ériger une cité de la gastronomie, la Mission française du Patrimoine et des cultures alimentaires ne s'est pas trompée : Dijon abrite en effet sept tables étoilées au guide Michelin, des halles vivantes dont un brunch dominical hors du commun, une foire centenaire, de célèbres recettes, le fonds gourmand de sa bibliothèque patrimoniale et une collection de...17 000 menus. Dijon-Vignes et son université de Bourgogne accueillent également l'unique chaire Unesco au monde spécialisée « Culture et traditions du vin », rappelant au passage qu'avant que l'urbanisation ne repousse les vignes hors la ville dès 1850, on cultivait le raisin aux quatre coins de la cité. L'architecture de certains lieux en conserve encore la trace par endroits (cellier de Clairvaux, ancienne échansonnerie du palais, église Saint-Philibert...), autant de témoignages d'une histoire faite de moines, de ducs et de négoces, qui se perpétue de nos jours au comptoir de bars à vins, chez les cavistes et chez les viticulteurs alentours.
Judicieusement placée, la Cité internationale de la gastronomie et du vin offre une nouvelle vie à un site hors du commun qui occupait jadis les 6,5 hectares au pied du centre-ville : l'hôpital général affiche encore son patrimoine d'une extraordinaire richesse avec des bâtiments construits entre les XVème et XVIIIème siècles, bordés par l'Ouche et un espace boisé classé de 3000 m2. On trouve ainsi deux chapelles, une apothicairerie, des toits vernissés et une réplique du puits de Moïse. Fondée en 1459, la chapelle Sainte-Croix de Jérusalem reste le dernier témoignage visible de l'hôpital médiéval, mais aussi ce lieu singulier qui fut tour à tour chapelle funéraire et petit musée des hospices dijonnais qui s'insert aujourd'hui tout naturellement dans l'un des parcours patrimoniaux invitant les visiteurs à s'imprégner de l'histoire du site.
C'est en 1204, que fut créé ici-même un hôpital spécialement dédié aux enfants abandonnés. Un hôpital voulu par le duc de Bourgogne Eudes III, qui recevra le nom d' « hôpital du Saint-Esprit » et abritera huit siècles durant les services de l'hôpital de Dijon. Une grande salle des malades verra le jour en 1504, puis de nouveaux bâtiments seront érigés au XVIIème siècle. L'établissement prendra alors le nom d' « hôpital Notre-Dame de la Charité », puis deviendra, sur volonté de Louis XIV, l' « hôpital général » de Dijon. Hôpital qui sera l'un des tout premiers laïcisés en 1905. Par ailleurs, quatre campagnes de fouilles archéologiques permettront de mettre à jour des vestiges du Moyen-Âge et de l'ancien hôpital du Saint-Esprit.
Quant à l'espace boisé classé, il offre d'admirer 80 arbres remarquables ainsi que l'ouvrage en pierre enjambant le cours d'eau de l'Ouche. Cet ilot de verdure abrite une faune riche (triton palmé, crapaud accoucheur et hirondelle de fenêtre), et bien d’autres espèces animales protégées.
La Cité internationale de la gastronomie et du vin repose sur trois piliers :
Un joyau historique rendu aux Dijonnais et attractif pour les touristes : la rénovation de l'ancien hôpital de la ville, érigé il y a 800 ans, pour y installer la nouvelle cité est tout un symbole. En s'appuyant sur une mise en scène des valeurs fondatrices du classement au Patrimoine mondial du Repas gastronomique des Français, avec la place particulière du vin au cœur de cette pratique sociale festive, la Cité rayonne comme un lieu de partage au service du goût, de la mise en valeur des produits locaux et la transmission des savoir-faire. Sa localisation la situe entre la ville et la vigne, tel un phare, avec d'un côté des parcours touristiques pour rejoindre le cœur UNESCO de Dijon, dont le Musée des Beaux-Arts, et de l'autre, des balades oenotouristiques depuis un hub au pied de la Cité, premier kilomètre de la Route des Grands Crus.
Un projet à la fois public et privé : un soin particulier a été apporté aux espaces d'expositions, avec l'idée d'installer ici un pôle culturel sachant se renouveler pour crée un événement permanent.
Des animations permanentes : cette stratégie a été retenue pour mettre constamment en valeur le « bien manger » et le « bien boire ». Dès le départ, le cahier des charges a été pensé autour de la gastronomie et du vin, avec l'existence de grandes expositions, d'un atelier de cuisine expérientielle, des lieu de dégustation, des commerces de bouche dans le Village gastronomique, quatre restaurants, une cave à vins originale et un espace de formation. Ce mélange dynamique, couplé avec un complexe cinématographique capable d'attirer toute l'année familles et scolaires, devrait affirmer rapidement le succès de la Cité internationale.
Une visite détaillée de l'endroit vaut mieux que de longs discours :
Le 1204, Centre d'interprétation de l'architecture et du patrimoine, offre au public une exposition permanente sur 500m2 et des expositions temporaires souvent renouvelées (la première s'intéresse à l 'histoire du site de la Cité). Un atelier pédagogique est également ouvert au jeune public. Enfin, le centre met à disposition du public un accueil touristique chargé d'assister les visiteurs dans leur découverte de la Cité et de la ville de Dijon. Au total, ce sont plus de 1750 m2 qui sont consacrés à des expositions sur le Repas gastronomique français et le rôle du vin dans ce patrimoine culturel.
La Grande Chapelle, réhabilitée en salle d'expositions, est accessible avec un billet permettant aussi l'accès à un bâtiment moderne. Trois heures sont nécessaires pour parcourir l'ensemble des pavillons, pour une visite aménageable à votre guise grâce à des offres combinées, avec par exemple une session de cuisine, une dégustation conviviale à la Cave ou un cours de dégustation avec l'école des vins de Bourgogne.
L'école FERRANDI, a aussi élu domicile ici avec 110 étudiants venus du monde entier. Ce « Harvard » de la gastronomie y dispense des formations intensives à la pâtisserie et à la cuisine française (cursus de 7 mois en langue anglaise, incluant une période de stage en entreprise et un travail des accords mets-vins et produits du terroir) mais aussi quelques sessions exceptionnelles pour amateurs éclairés.
L'école des vins de Bourgogne du BIVB, la référence de l'initiation oenologique, propose ateliers et cours de dégustation pour néophytes et amateurs, en billet combiné ou non avec les expositions de la Cité. L'idéal pour découvrir et approfondir ses connaissances de la Bourgogne viticole.
Les Cinémas Pathé ont installé neuf salles avec système de projection dernier cri, confort optimal et design moderne.
Le Village gastronomique offre un lieu de partage et de convivialité, où l'on rencontre producteurs et artisans authentiques. Un véritable espace interconnecté de 5000 m2 articulé autour de restaurants, lieux de dégustations et boutiques dédiées aux métiers de bouche et aux savoir-faire gastronomiques français, sans oublier une librairie thématique en lien avec la Librairie Gourmande, la plus ancienne librairie dédiée à la gastronomie et à l'oenologie dans le monde.
Un éco-quartier comprenant des logements conventionnés et en accession, et trois résidences pour l'accueil d'étudiants, de seniors et de touristes.
La Cuisine expérientielle, vraie cuisine professionnelle pour découvrir les produits du terroir au gré des saisons, assister à l'élaboration de recettes ou de masterclass, goûter, voire mettre la main à la pâte en participant à plusieurs ateliers aux côtés de chefs locaux, nationaux et internationaux.
La Cave de la Cité, sur trois niveaux et plus de 600 m2, propose aux visiteurs une dégustation personnalisée de 250 vins au verre parmi plus de 3000 références issues de tous les terroirs internationaux (dont, bien sûr, la Bourgogne!) accompagnée d'une sélection des meilleurs produits locaux.
L'hôtel Sainte-Anne Dijon, de catégorie 4 étoiles, offre 125 chambres et des suites sous l'enseigne Curio by Hilton. L'établissement abrite le restaurant « La Table de Sainte-Anne » et le centre de bien-être « Nhoraé »
Le Village by CA consiste en un lieu de rencontre pour startups et grands groupes, publics ou privés, un pôle d'innovation qui transcende le concept de simple pépinière d'entreprises.
INFOS PRATIQUES :
Cité internationale de la gastronomie et du vin, 3 rue du Faubourg-Raines, à Dijon (21).
Pour vous y rendre : Station de tramway « Monge-Cité de la Gastronomie » (T2). Une vélostation et une station d'autoportage, mais aussi plusieurs lignes de bus sont disponibles à proximité. Un parking silo de 460 places est disponible pour les automobilistes. La gare ferroviaire ne se trouve qu'à quelques minutes de marche de la Cité. Quant à la rue Monge, elle vous conduit au centre-ville, avec son palais, son musée des Beaux-Arts et ses nombreux commerces.
Ne cherchez pas la route des Grands Crus. Elle débute à la Cité. Des circuits (en navette, en voiture, à vélo ou à pied...) proposent aux visiteurs une « descente » jusque dans les vignes pour découvrir sur le terrain les prestigieux 1247 climats du vignoble de Bourgogne.