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Exposition "Retour d'Asie, Henri Cernuschi, un collectionneur au temps du japonisme"
(Musée Cernuschi, Paris, France)
Heure locale

 

Lundi 2 octobre 2023

 

En cette rentrée, le Musée Cernuschi (musée des arts de l’Asie de la Ville de Paris) nous convie à suivre les pas d’Henri Cernuschi, depuis son voyage en Extrême-Orient jusqu’à son retour à Paris où il crée l’un des tout premiers musées d’art asiatique. Présentée à l’occasion du 150ème anniversaire du retour d’Asie de notre homme, cette exposition invite à découvrir (ou à revoir) l’itinéraire du voyageur et collectionneur dont la contribution a rendu possible en Europe cette révolution du goût connu sous le nom de japonisme.

 

Elles sont nombreuses ces découvertes et ces acquisitions accumulées tout au long du parcours d’Henri Cernuschi, depuis le Japon, la Chine, puis l’Indonésie, Ceylan (actuel Sri Lanka) et l’Inde. De là naitra l’une des plus importantes collections européennes d’art asiatique de son époque puis, plus tard, le musée qui porte aujourd’hui son nom, dont le rayonnement n’a fait que croitre jusqu’à maintenant.

En effet, le musée Cernuschi est né de la volonté de ce personnage hors du commun, figure marquante du Paris intellectuel et artistique de la fin du 19ème siècle, et qui comptait dans ses relations Léon Gambetta, Emile Zola, Sarah Bernhardt et Edmond de Goncourt. Exilé en France pour des raisons politiques, Henri Cernuschi d’origine italienne aux engagement républicains mais également économiste et financier célèbre pour ses théories monétaires, reste de nos jours surtout connu à travers le prisme des arts asiatiques.


 

Entre 1871 et 1873, ce sont 5000 œuvres d’art-bronzes, céramiques, peintures, estampes et autres objets en bois laqué et sculpté, et des photos ou livres illustrés que le collectionneur rapporte en France. Les objets d’art chinois et japonais exercent immédiatement une grande fascination sur les artistes et les artisans d’alors au point de servir de modèles pour toute une génération de créateurs en Europe. Et Cernuschi de créer pour toutes ces œuvres un écrin unique, un musée pensé comme un temple des arts asiatiques devenu ensuite l’un des hauts lieux du japonisme parisien. Un musée dans l’air du temps, qui profite de cette exposition pour renforcer ses collections permanentes avec des dragons sculptés japonais désormais restaurés et jamais encore exposés dans leur intégralité depuis 1930.

 

Le parcours de l’exposition est divisé en trois parties :

 

Le Voyage en Asie

 

Coïncidence ou pas, Henri Cernuschi découvre le continent asiatique l’année même où Jules Verne publie Le Tour du monde en 80 jours. A vrai dire, cette destination constitue l’aboutissement d’un voyage autour du monde entrepris en compagnie de Théodore Duret, critique d’art, compagnon de route des impressionnistes, journaliste et écrivain français.

C’est après avoir traversé le continent américain, puis l’océan Pacifique qu’Henri aborde le Japon, avant de poursuivre vers la Chine, l’Indonésie, Ceylan et l’Inde. Son esprit de collectionneur est marqué par la richesse artistique des pays visités et l’homme acquiert plusieurs milliers d’objets tout au long de ce séjour asiatique qui s’étale d’octobre 1871 à décembre 1872, avec toutefois une prédilection pour les marchés de l’art japonais et chinois, où il achète des bronzes (dont il est le premier à comprendre la valeur), des céramiques, des estampes, des livres illustrés, des peintures, des photographies et des objets en bois laqué et sculpté.

Ce voyage, qui est à l’origine d’une des plus importantes collections d’art asiatique en Europe, est illustré dans cette première partie du parcours de cet événement au travers d’une sélection de chefs-d’oeuvre japonais et chinois du fonds Cernuschi.


 

Le Retour à Paris

 

Une fois rentré à Paris, Henri Cernuschi expose sans délai ses trésors au public, lors de manifestations publiques comme l’Exposition de 1873 au Palais de l’industrie, à l’exposition rétrospective du métal de 1880 ou à l’exposition rétrospective de l’art japonais de 1883.

Ses œuvres chinoises et japonaises sont ainsi perçues par les artistes et artisans de l’époque comme d’extraordinaires sources d’inspiration. Parmi ces admirateurs figurent Gustave Moreau et Emile Reiber, alors directeur des ateliers de dessin de la maison Christofle. Et le répertoire des formes et des motifs, l’innovation technique des pièces de la collection Cernuschi de devenir des modèles pour toute une génération de créateurs.

Cette influence perdurera jusqu’aux premières décennies du 20ème siècle, comme l’atteste la production du sculpteur animalier François Pompon (photo ci-dessous).


 

La collection et le futur musée Cernuschi

 

Plus visionnaire que jamais, Henri Cernuschi fait bâtir un hôtel particulier conçu dès le départ comme un espace muséal, en 1875. L’édifice érigé se trouve alors dans un quartier récemment aménagé à deux pas du parc Monceau. Notre homme vivra ainsi au milieu de ses collections tout en accueillant les artistes et les amateurs d’art asiatique, faisant de sa « maison musée » un haut lieu du japonisme jusqu’à sa mort en 1896.

Avant de disparaître, Henri Cernuschi lèguera son hôtel particulier et ses collections à la Ville de Paris, pour devenir le musée des arts de l’Asie de la Ville de Paris que nous connaissons aujourd’hui. L’ouverture au public de ce musée aura lieu en 1898.

 

Notons que, tout au long du parcours, le visiteur est convié à faire usage de cornets sonores répartis dans l’exposition, lesquels proposent une véritable immersion grâce à la voix d’acteurs qui font revivre des personnalités proches de Cernuschi. Ces cornets d’écoute sont répartis dans quatre points d’écoute : il est ainsi possible de suivre le collectionneur accompagné de Thédore Duret au Japon et en Chine, par l’écoute du récit Voyage en Asie écrit par ce dernier et publié en 1874 (deux premiers points d’écoute du parcours).

 

La troisième station partage les impressions d’Albert Jacquemart, historien de l’art, parues dans La Gazette des Beaux-Arts en 1873, suite à l’exposition de la collection d’Henri Cernuschi au palais de l’industrie.

Le dernier point d’écoute, lui, invite le public à entendre Louis Edmond Duranty, romancier et critique d’art, qui évoque la demeure d’Henri Cernuschi et l’esprit singulier de l’endroit, après une visite chez le collectionneur en 1880.

 

Autre temps fort de la célébration du 150ème anniversaire du Retour d’Asie d’Henri Cernuschi : la restauration des dragons sculptés japonais. Cette œuvre majeure de la période Edo consiste en une sculpture monumentale en bois représentant des dragons. Un élément d’architecture de près de douze mètres d’envergure qui figurait en bonne place dans la salle du Bouddha du vivant de Cernuschi.

La finesse de l’exécution et la maîtrise technique de ces panneaux font penser à une œuvre de Takeshi Nobuyuki, célèbre sculpteur de l’époque d’Edo, un sculpteur très recherché par les collectionneurs avertis qui appréciaient ses représentations de vagues et de dragons.

Déposés dans les années 1930, ces dragons n’ont jamais été intégralement exposés durant plusieurs décennies avant aujourd’hui.

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Exposition «Retour d’Asie, Henri Cernuschi, un collectionneur au temps du japonisme » du 6 octobre 2023 au 4 février 2024, au Musée Cernuschi, 7 avenue Vélazquez, à Paris (8ème).www.cernuschi.paris.fr

  • Catalogue de l’exposition en vente sur place : 208 pages, 200 illustrations, 35€ (Editions Paris Musées)







 



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