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15 expression françaises d'origine militaire
(Musée de l'Armée, Paris, France)
Heure locale

 

Lundi 9 octobre 2023

 

Le saviez-vous ? Certaines des expressions françaises célèbres tirent leurs origines d’histoires et de faits militaires. Cet article est l’occasion de revenir sur ces expressions utilisées au quotidien.

 

Se faire limoger

Pourquoi donc utiliser le nom de la ville de Limoges pour dire qu’on s’est fait renvoyer ?

En août 1914, l’armée française est à la peine face à l’Allemagne qui fait reculer le front, laissant bientôt Paris à la portée de l’ennemi. Le ministère de la guerre prend alors la décision de mettre en retraite anticipée une partie de l’état-major français jugé responsable des défaites. C’est le général Joseph Joffre qui met en œuvre cette disgrâce, envoyant notamment les officiers déchus dans la région de Limoges où se trouve le commandement arrière, bien loin du combat actif.
La ville donne bientôt son nom à cette expression, encore aujourd’hui synonyme de renvoi brutal et sans appel.

 

Battre la chamade

Venue du persan shimata (qui signifie « fièvre » ou « vacarme ») par l’italien chiamata (« appel », « clameur »), la chamade est un puissant roulement de tambour joué pour signaler une reddition, accompagné parfois du célèbre drapeau blanc. Un cœur qui bat la chamade est donc sujet à une vive effervescence : il bat comme un tambour pour signaler son agitation et, si le trouble est amoureux, sa capitulation face aux charmes de celui – ou celle – à l’origine de cet émoi.

 

Faire long feu

A l’époque des premières armes à feu, il fallait recharger avant chaque tir. Si la poudre était trop humide, elle ne se consumait pas et ne produisait pas l’explosion qui faisait partir le projectile. Le fusil “faisait long feu” et le soldat ratait son coup.
A ne pas confondre avec l’expression “Ne pas faire long feu”, quant à elle, qui fait référence à un véritable brasier. Elle repose sur l’image d’un feu de paille, rapide et éphémère.
“Faire long feu” renvoie donc à un échec et “Ne pas faire long feu”, à la brièveté d’une situation.

 

 


 

 

Tirer à boulets rouges

Cette expression très imagée, qui signifie attaquer violemment quelqu’un par la parole ou par des écrits, trouve son origine dans l’artillerie de marine où les soldats faisaient chauffer des boulets dans des fours ou sur des grills afin qu’ils provoquent des incendies sur les bateaux ennemis.

 

Faire le mariolle

Héros des guerres de la Révolution et de l’Empire, Dominique Gaye-Mariolle est alors réputé pour sa bravoure et pour sa taille : plus de deux mètres ! Plusieurs fois blessé au combat, il est admis en tant que sapeur dans le corps des grenadiers de la Garde Impériale et fait chevalier de la Légion d’honneur.

En 1807, à la veille de l’entrevue de Tilsit entre le Tsar Alexandre et Napoléon Ier, l’Empereur passe en revue ses troupes et notamment le bataillon de Mariolle. Le sapeur, voulant se faire remarquer, aurait alors présenté les armes, non pas avec son fusil, mais avec un canon pesant plus d’une centaine de kilos ! Napoléon Ier n’aurait pas pris ombrage de ce geste arrogant et l’aurait félicité pour sa force. De cette prouesse est née l’expression : « Faire le mariolle ».


Monter au créneau

Le créneau désigne le creux laissé entre deux « merlons » sur la partie haute des remparts. « Monter au créneau », que l’on soit assaillant ou défenseur, c’est donc attaquer l’ennemi ou se préparer à riposter. L’expression a pris un autre sens aujourd’hui, désignant le fait de sortir de sa réserve pour exposer clairement ses arguments à un adversaire.

 



Aller au casse-pipe

Aller au casse-pipe" ou “Casser sa pipe” est une expression synonyme de mort à l’origine floue, probablement militaire, que l’on retrouve dès le XVIIIème siècle.

Au début du XIXème, sur les champs de bataille napoléoniens, les chirurgiens auraient pris l’habitude de faire mordre leur pipe aux blessés pour les distraire des douleurs de l’opération. Si le blessé meurt, il relâche sa pipe qui tombe et se brise. Aller au casse-pipe, c’est ainsi charger vers une mort certaine, et l’expression fut largement popularisée dans les tranchées de la Grande Guerre.


Faire les 400 coups

Aujourd’hui, “faire les 400 coups” équivaut à vivre sans respecter la morale ni les convenances. Cette expression nous renvoie au XVIIème siècle, lors des guerres menées par Louis XIII contre les Protestants.

En 1621, le roi assiège Montauban. Pour obtenir la reddition de la ville, il ordonne le tir simultané de 400 coups de canons alors que les habitants festoient. D’où l’expression.

Ce coup d’éclat n’eut pas beaucoup d’effet puisque le roi lèvera le siège quelques jours plus tard. Si des traces de boulets de canons sont encore visibles sur l’église Saint-Jacques de Montauban, selon plusieurs historiens, cette histoire relèverait plus de la légende : en effet, le roi ne disposait que de 39 pièces d’artillerie ! En tous les cas, cette légende est bien à l’origine de l’expression, mais également de la Fête des 400 coups de Montauban, qui célèbre tous les ans à l’automne cet épisode de son histoire.


Faire le zouave

À partir des années 1830, des soldats indigènes d’Afrique du Nord sont enrôlés par l’armée française. Leur nom provient de celui de leur tribu d’origine : les « zwawis », devenus « zouaves » en français.

D’allure bravache, volontaires voire téméraires, habillés à l’orientale, aux traditions atypiques… ces zouaves sont vite considérés comme des hommes exubérants et sont sujets à de nombreuses moqueries. Cette expression familière désigne aujourd’hui l’attitude d’une personne tapageuse cherchant l’attention de son entourage.

 



Chauvin

Patriote convaincu, Nicolas Chauvin s’engage à 18 ans dans les armées révolutionnaires, puis combat vaillamment pour l’Empire. Blessé 17 fois, toujours en première ligne, il reçoit la Légion d’honneur pour ses nombreux coups d’éclat. Une carrière trop belle pour être vraie !
Inspiré du mythe antique du soldat-laboureur, le personnage apparaît dans les récits et chansons populaires post-révolutionnaires, avant d’être caricaturé comme un naïf enthousiaste et obtus, au patriotisme outrancier. Le terme prend alors la connotation péjorative qu’il a gardé jusqu’à nos jours, et traverse les frontières : on parle de « chauvinist » en Angleterre, en Allemagne et en Russie, de « soviniszta » en Hongrie.


Il pleut comme à Gravelotte !

Cette expression, employée aujourd’hui lorsqu’il pleut à verse, trouve son origine dans les combats qui opposèrent les Français et les Prussiens du 16 au 18 août 1870 lors de la bataille de Gravelotte. Cet épisode de la guerre de 1870 fut particulièrement violent.

Les soldats qui participèrent aux combats ont rapporté que les tirs de fusils et d’artillerie furent si intenses, qu’ils donnèrent l’impression qu’il pleuvait des balles et des obus, d’où l’expression “pleuvoir comme à Gravelotte !”.


Tonnerre de Brest !

Les avis sont partagés sur l’origine de cette expression, chère au capitaine Haddock, et bien connue des lecteurs des Aventures de Tintin.
Pour certains, ce « tonnerre » faisait référence au bruit du coup de canon tiré depuis l’Arsenal de Brest, annonçant quotidiennement l’ouverture et la fermeture des portes de l’Arsenal, à 6 heures et à 19 heures. Pour d’autres, ce serait celui du coup de canon que l’on tirait parfois depuis le bagne de Brest, en activité de 1749 à 1848, et qui signalait l’évasion d’un prisonnier.


Mort aux vaches !

L’expression « Mort aux vaches ! » connaît deux origines liées au monde militaire :


La première date du roi de France Henri IV (1589-1610). Au début de son règne, un vif sentiment de trahison se répand parmi ses anciens partisans du sud-ouest : Henri de Navarre les a quittés pour Paris, la couronne de France et la foi catholique. Le cri « Mort aux vaches ! » serait ainsi adressé au comte de Béarn, devenu roi de France, les armoiries du Béarn étant d’or à deux vaches de gueules, accornées, colletées et clarinées d’azur.


La seconde provient du Paris assiégé de 1870-1871. Les baraques des gardes prussiens, signalées par l’inscription « Wache » (« Sentinelle »), ont fait crier aux Parisiens « Mort aux Waches ! » en signe de rébellion.

 



Vieux de la Vieille

Cette expression du XIXème siècle fait référence à la Garde impériale de Napoléon Ier.

Ce corps d’élite est divisé en trois entités à partir de 1812 : la Jeune Garde, composée des meilleurs soldats parmi les conscrits, la Moyenne Garde, puis la Vieille Garde, les « grognards », souvent vétérans des guerres de la Révolution et fidèles de l’empereur depuis 1804.
Un « vieux de la Vieille » désigne ainsi quelqu’un de particulièrement expérimenté, ou, d’un ton plus facétieux, d’un âge très avancé.


A brûle-pourpoint

L’origine de cette expression, synonyme de « brusquement » ou « sans détour », remonte au XVIème siècle.

Le pourpoint, veste courte et matelassée, équipe alors les gens de guerre à une époque où les armes à feu se généralisent. Tirer « à brûle pourpoint », revient donc à tirer sur l’ennemi à bout portant, de si près que les résidus de poudre du tir viennent consumer son habit. L’expression évoque alors l’idée de surprise !

 

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