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Exposition "En jeu! Les artistes et le sport
(1870-1930)" (Musée Marmottan Monet, Paris, France)
Heure locale

 

Lundi 22 avril 2024

Pour cette année olympique, le Musée Marmottan Monet a fait le choix de participer aux Jeux olympiques et paralympiques à travers une exposition consacrée au sport à la période impressionniste et post-impressionniste, « En jeu ! Les artistes et le sport (1870-1930) ». Il faut rappeler que le sport doit son développement grâce au temps libre gagné de haute lutte sur le temps travaillé, tant chez les amateurs que chez les professionnels.Cette pratique sportive ne s’imposera en Europe que très lentement, sur le modèle anglais, en passant d’une activité réservée aux élites à une pratique ouverte à toutes classes sociales et de tous âges.

 

Enjeu politique et sociétal en constante évolution, le sport va contribuer à la bonne santé physique et morale des populations, mais aussi en encourageant le respect de l’autre, le goût de l’effort, l’abnégation, le mérite, l’esprit d’équipe et le fair-play. Le sport est aussi un spectacle rassemblant des foules de plus en plus nombreuses, comme le montrent les toiles d’Alexandre Falguière et de George Bellows.

Si, sous le règne de Pierre de Coubertin, les femmes étaient cantonnées à un seul rôle, celui de « couronner les vainqueurs, une véritable révolution va s’imposer avec l’émancipation progressive de celles-ci par leurs corps, leurs mouvements et de leur façon de s’habiller.Des personnalités comme Alice Milliat ou Suzanne Lenglen contribueront avec force en faveur du développement du sport féminin, la première en co-créant la Fédération des sociétés sportives de France dès 1917, et la seconde en devenant championne de tennis.

 

L’exposition « En jeu ! Les artistes et le sport (1870-1930) » nous dresse un portrait de la société de la deuxième moitié du 19ème siècle, qui profite de son temps libre pour exercer des activités de loisirs sur terre ou sur l’eau et assister à des représentations sportives.Ces pratiques nouvelles datent, pour la plupart, du Second Empire et occupent une place centrale dans la production du groupe impressionniste avec un mélange d’éléments naturels et de modernité. En témoignent certaines toiles du musée impressionnistes et les carnets de dessin de Monet, précieusement conservés au sein du musée Marmottan-Monet.

Ils sont nombreux à célébrer l’intérêt des artistes pour le sport, sa modernité et ses changements sociétaux : Louise Abbéma, Pierre Bonnard, Antoine Bourdelle, Gustave Courbet, Honoré Daumier, Robert Delaunay, Maurice Denis, Thomas Eakins, Emile Friant, Théodore Géricault, Max Klinger, Aristide Maillol, Claude Monet, Henri de Toulouse-Lautrec, Pierre Auguste Renoir, Auguste Rodin, Félicien Rops, Paul Signac, Alfred sisley et Kees Van Dongen ne représentent ici que quelques-uns des maitres réunis pour l’occasion.

Plus de 160 œuvres et documents significatifs sont rassemblés pour cet événement qui fera date.


 

L’arrivée du temps libre, véritable conquête sociale pour les travailleurs va permettre l’accès au sport individuel (cyclisme, athlétisme) ou collectif (aviron, football, rugby) dans toute l’Europe. Pierre de Coubertin invente bientôt les Jeux olympiques dont la première édition se tiendra à Athènes en 1896.

 

L’exposition s’attarde sur les modalités culturelles et esthétiques du regard contemporain porté par les artistes sur les sports archaïques ou modernes : on s’interroge alors sur l’attention portée aux règles et aux espaces de ces sports, et aux performances des champions. Et la gymnastique d’hier, simple suite de mouvements gradués et normatifs, surtout pratiquée dans le cadre scolaire et militaire, de devenir un sport, synonyme de pratique de l’effort, de l’affrontement et du record.Enfin, au-delà de l’essor du sport en Occident,la récurrence des sujets sportifs dans les arts des décennies 1870-1930 invite le visiteur à s’interroger sur la signification de l’identification des artistes à la figure du sportif. Ces derniers, tantôt spectateurs passionnés (Henri de Toulouse-Lautrec),tantôt praticiens aguerris (Paul Signac) auront fait leurs les qualités de détermination et d’endurance des sportifs cherchant constamment à se surpasser.


 

Lors de sa visite, le public est convié à une approche thématique du sport :

 

Des jeux antiques au sport moderne

On assiste tout au long du 19ème siècle à la diffusion du sport depuis l’’Angleterre vers le continent européen et les Etats-Unis. Pratique élitaire, surtout aristocratique et bourgeoise au tout début des années 1840, le sport ne tarde pas à se démocratiser durant la deuxième moitié du siècle, traversant au passage frontières, espaces sociaux et appartenances culturelles.

Qu’on en soit acteur ou spectateur,cette discipline séduit les masses à la recherche de loisirs pour occuper le temps libre conquis sur le travail.

Un tel mouvement de transformation sociale du statut du sport métamorphosant les sportsmen en sportifs ne manquera pas d’attirer l’attention des artistes : peintres, graveurs, sculpteurs puis photographes porteront le regard sur le sport et ses règles ainsi que sur ses figures aux corps expressifs, champions au temps chronométré.

A l’époque du naturalisme et de l’impressionnisme, ces artistes avant-gardistes en tireront des sujets de la vie moderne, des thèmes toujours d’actualité à l’heure du fauvisme, du cubisme et du futurisme

 

Sports anglais, loisirs français

Comme nous l’avons vu plus haut, le sport fut d’abord pratiqué par une classe d’élites issue de l’aristocratie et de la bourgeoisie. Nous sommes alors dans la première moitié du 19ème siècle. Aisance matérielle et libre jouissance de son temps étaient propices à ces activités de loisirs et d’agrément, pratiquées dans l’entre-soi culturel et social. Le sportsman de l’époque était un gentleman, passionné d’équitation et féru de régates ou d’aviron (sports nautiques dont les Impressionnistes seront des acteurs et des témoins privilégiés).


 

Internationalisation et démocratisation

Fin 19ème et début 20ème, on assiste d’une part à l’internationalisation définitive des sports collectifs comme le football et le rugby anglais qui se pratiquent désormais en France, en Allemagne ou en Italie, mais aussi à la continuation de sports élitaires comme l’équitation, le lawn tennis ou l’escrime, et d’autre part, à l’apparition de sports populaires (jeux de ballon,cyclisme et boxe).

Avec l’urbanisation de la société, le temps du sport sera considéré comme celui du loisir, du culte de l’effort et du dépassement de soi.Et les élites paternalistes d’instrumentaliser les pratiques sportives en les encourageant de peur que les masses ouvrières ne tombent dans l’oisiveté ou l’agressivité sociale.

Dès lors, on assiste à une massification du statut du sport à travers sa démocratisation, permettant à tout un chacun de devenir sportif et de prétendre à des performances.

 

Lieux du sport

Les artistes des 19ème et 20ème siècle s’intéressent au sport en grande partie parce que celui-ci se pratique en plein air et dans des espaces spécialement conçus. Ainsi le cyclisme trouva t-il le vélodrome comme lieu de prédilection, l’équitation, l’hippodrome, et la boxe, le ring. Quant aux matchs de football et de rugby, ils trouvèrent leur place dans les stades.Ces endroits aménagés pour faire du sport un spectacle, offriront aux artistes des scènes pour reproduire ces configurations visuelles et formelles.

 

Entrainement et performances

La pratique sportive est une dépense d’énergie réalisée dans un temps dédié à l’effort régulier, l’enregistrement de prouesses ou de performances et la surenchère de records.Un sportif, qu’il soit seul ou au sein d’une équipe, est formé d’un corps musclé doublé d’un état d’esprit, dont le style et la beauté sont similaires à ceux d’une machine qu’il faut entrainer, entretenir et perfectionner.


 

Femmes spectatrices et sportives

Au 19ème siècle, l’homme était le principal adepte du sport, tandis que les femmes se trouvèrent longtemps assignées à une place de spectatrices des prouesses...masculines !

Il faut attendre les Jeux olympiques de 1900 pour observer la présence timide des femmes, tandis que Pierre de Coubertin se montre réticent face à leurs capacités sportives. L’avenir verra l’ouverture de disciplines sportives féminines (hockey sur gazon, golf, lawn tennis) qui se regrouperont en sociétés féminines. Et c’est tout naturellement que ces disciplines donneront les premières championnes de sport. Sur le front artistique, ces championnes seront représentées de manière ambigüe par les peintres de l’époque (poses dansantes, érotisme des corps ou élégance vestimentaire).

Culture du corps

Qu’il s’agisse de chronophotographies, ou de sculptures et photographies pédagogiques, destinées à la presse sportive de la Belle Epoque, celles-ci sont toutes animées d’une réelle fascination pour les effets du sport sur les anatomies et le mécanisme des organismes sollicités par l’effort. L’iconographie des corps sportifs reposait alors sur le culte d’une expressivité sculptant les muscles, ciselant les mouvements et dynamisant les silhouettes.Un procédé qui fit grandement son effet chez les artistes.


 

Sports et spectacularisation

Face à un public passionné et toujours plus nombreux, le sport deviendra moderne, tant par sa spectacularisation que par sa représentation.Parallèlement, la grande presse et les périodiques spécialisés influeront également sur la popularisation et la démocratisation du sport.

Ainsi la lutte, la boxe, ou les courses en tous genres, accentuées par l’esprit national ou international des rencontres, viendront-elles nourrir l’actualité.


 

 

INFOS PRATIQUES :

  • Exposition « En jeu ! Les artistes et le sport (1870-1930), jusqu’au 1er septembre 2024, au Musée Marmottan Monet, 2 rue Louis-Boilly, à Paris (16ème).
  • Catalogue de l’exposition, 288 pages, 35€.








 



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