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Exposition "Léonard de Vinci et les parfums à la Renaissance"
(Château du Clos Lucé, Amboise, Indre-et-Loire, France)
Heure locale

Lundi 10 juin 2024

C’est à un voyage multisensoriel, olfactif et immersif que le château du Clos Lucé nous convie cette fois à travers l’exposition « Léonard de Vinci et les parfums à la Renaissance » présentée au public du 7 juin au 15 septembre 2024. Celle-ci explore l’intérêt de Léonard pour les parfums, parallèlement à ses recherches sur l’odorat, et ses découvertes scientifiques sur leur élaboration.

 

Saviez-vous que Léonard de Vinci, surtout connu pour ses contributions dans les domaines de l’art, de la science et de l’ingénierie, manifesta aussi un vif intérêt pour l’odorat et les parfums ? Il suffit de se pencher sur ses écrits qui démontrent la fascination de l’homme pour la science de l’odorat et sa conviction de pouvoir élaborer un jour une science identique à celle de la vue ou de l’ouïe.

Léonard notera ainsi des recettes parfumées en utilisant les techniques de l’enfleurage et la distillation de fleurs ou d’écorces. Il dessinera également des alambics mais aussi des oiseaux comme ce croquis d’un oiselet de Chypre, brûle-parfum ouvragé à la mode durant la Renaissance. Le visiteur pourra admirer deux dessins originaux prêtés par la Bibliothèque ambrosienne de Milan : l’alambic et le lys. Sur place, un alambic fonctionnel et un oiselet de Chypre recréés par des chercheurs s’afficheront aux côtés des dessins et des écrits du savant italien. S’il le souhaite, il aura la possibilité de sentir l’odeur du collier d’ambre noir de la « Dame à l’hermine »et réaliser l’importance des objets parfumés au temps de la Renaissance.

 

L’exposition convie le public à un parcours multisensoriel et immersif sur les traces de Léonard et de sa mère Caterina à travers son héritage culturel.

Originaire de Circassie, région située à l’ouest de la mer Noire, la maman de Léonard est enlevée puis vendue comme esclave à Constantinople, à Venise, et enfin Florence, où elle rencontrera le père de Léonard.

Le parcours de visite est constitué de salles thématiques conçues pour transporter le visiteur dans différentes époques et dans des lieux clés de vie de Caterina et de Léonard, depuis les marchés parfumés de Constantinople, Venise et ses boutiques de Spezieri (marchands de drogues et autres préparations médicinales), la Toscane, région natale de Léonard, son atelier à Florence, la cour des Sforza à Milan et la cour de François 1er.

 

La salle « L’Orient et la mer » ouvre l’exposition sur l’ itinéraire des senteurs d’Orient, similaire à celui des esclaves, jusqu’à Constantinople.Cette salle fait revivre l’univers olfactif de Caterina, d’après les recherches du professeur Carlo Vecce.

Les multiples usages des parfums à Constantinople y sont présentés, qu’il s’agisse de parfums religieux, curatifs, médicaux ou alimentaires. N’oublions pas qu’avant que la capitale byzantine ne tombe tragiquement aux mains des Ottomans, en 1453, Constantinople offrait aux commerçants génois et vénitiens des senteurs d’épices, de cannelle, de musc, d’encens, de myrrhe, d’hysope et d’autres parfums orientaux. Et c’est dans cette atmosphère-là que la mère de Léonard vécut, encore adolescente.

 

La salle « Venise, porte de l’Orient » nous raconte la suite du voyage forcé de Caterina. On y souligne le primat de l’art du parfum vénitien à la fin du XVème siècle, dont témoignent plusieurs recueils de recettes originaux.

Une grande carte de Venise accueille par ailleurs les visiteurs et leur indique le « quai des Esclavons » où savons et parfums dilués dans l’alcool partaient pour Venise, là où débarqua la maman de Léonard vers 1440.

Par le biais de ses Spezieri, la cité vénitienne, en lien avec Constantinople sera le lieu d’une double révolution des parfums en introduisant, d’une part, les savons d’Alep (qui substituèrent la graisse animale par du gras végétal (huile d’olive) et en assurant, d’autre part, la transition de l’onguent (huile essentielle intégrée à de la matière grasse) à des parfums dilués dans l’alcool. De là naquit un marché du luxe où le parfum jouera un rôle clé.

De nombreux objets sont exposés, dont plusieurs éléments de la garde-robe de la Renaissance qui étaient parfumés comme les gants et les chaussures.

 

La troisième salle, intitulée « Vinci et Florence : les parfums de l’enfance et de l’adolescence »évoque l’univers sensoriel de Léonard de Vinci, à travers des plantes et des arbres emblématiques de la Toscane et des jardins florentins : citronnier, oranger, olivier...On inculque à Léonard une éducation assez libre, dans sa campagne toscane, qui suscite chez lui un goût pour la nature et pour l’étude des fleurs et des plantes, qui débouchera ensuite sur ses recherches de procédés afin d’en extraire les odeurs.

Le public a dans cette salle un dispositif olfactif innovant à sa portée mettant en scène les techniques de macération et de distillation indiquées par Léonard de Vinci dans ses codex :

« Mets les amandes sans écorce au milieu de fleurs d’orange amère, de jasmin, de troène ou d’autres fleurs odoriférantes et change l’eau à chaque fois que tu devras renouveler les fleurs afin que les amandes ne prennent pas l’odeur du moisi. Solvants. Enlève l’ammoniac » - Codex Atlanticus, fol. 195v

« Ôte la surface jaune qui recouvre l’orange, fais-la distiller dans un alambic jusqu’à ce que l’extrait puisse être dit parfait. » - Codex Forster I, fol. 44v

Non loin de là, on pourra admirer les multiples fleurs dessinées par Léonard ainsi que les livres de botanique qu’il posséda:Histoire naturelle, de Pline l’ancien, Ortus Sanitatis de Jean de Cuba, ou le Traité de matière médicale de Dioscoride.

Dans cette salle se trouvent aussi différents objets comme cet alambic léonardien recréé par les chercheurs Andrea Bernardoni et Alexander Neuwahl, tout proche de l’atelier reconstitué du célèbre savant et où se mêlent diverses odeurs (huile de noix, huile de lin, térébenthine, colle de peau de lapin, résines, cires,graisses...sachant que Léonard écrivit également sur des odeurs qu’il jugeait désagréables comme celle de l’huile de noix.

 

Rendons-nous maintenant dans la salle « Milan : la cour des Sforza », où l’on montre comment le parfum joua un rôle essentiel dans les codes somptuaires des nobles à la Renaissance, et plus particulièrement ceux de la noblesse milanaise, féminine ou masculine, laquelle s’empara de l’art du parfum dans ses pratiques de distinction, ses costumes et ses fêtes.

Cette section présente enfin de grandes figures féminines de la Renaissance italienne liées au monde des parfums. On peut reconnaître Cecilia Gallerani dans le tableau « La Dame à l‘hermine » avec son collier d’ambre noir (que le visiteur pourra sentir). Ou encore Béatrice d’Este, épouse du duc de Milan, qu’elle épaulera en tant que mécène, femme de culture, ambassadrice et prescriptrice de mode. On pourra admirer des superbes chemises du XVIème siècle prêtées par le musée du tissu de Prato, et sentir les parfums dont elles auraient pu être imprégnées grâce à des dispositifs olfactifs.

Dans cette même salle, l’exposition décrit enfin les matières premières (végétales, minérales et animales) utilisées à l’époque de Léonard pour fabriquer les parfums, ainsi que les excipients (huiles végétales, graisses animales, eau de vie), que le public pourra sentir.

 

Achevons ce parcours par la salle « Les parfums à la cour de François 1er », qui nous invite à découvrir un nouvel univers sensoriel, celui de la France de François 1er, où Léonard finit sa vie.

Certes, notre pays possédait bien ses propres parfumeurs, et ce, dès le XVème siècle mais cela n’empêcha pas les modes italiennes de se répandre en France. On sait par exemple qu’en 1516, une ambassade vénitienne vint à la cour de François 1er pour présenter au roi de somptueux parfums, véritables cadeaux diplomatiques.

Dans cette salle sont présentés des inventaire d’apothicaires, des registres de formules thérapeutiques et des recueils de recettes pour mettre en lumière l’usage médicinal des parfums.

A l’époque, le métier de parfumeur était très rare et c’est l’apothicaire qui concevait remèdes (les parfums permettaient de se protéger du mauvais aie et donc de maladies comme la peste) et produits odorants.

D’autres vitrines renferment des traités cosmétiques, pomanders , chauffe-mains, démontrant au passage que la plupart des fragrances n’étaient pas appliquées directement sur la peau, mais parfumaient linges et accessoires. Quant au visiteur, il pourra sentir une dernière fois un pomander et des sachets de poudre de violette qui servaient à parfumer les coffres à linge.

Patenôtres et chapelets montrant l’usage religieux des parfums, ainsi que des substances odorantes transformables en perles et de superbes statues de Marie-Madeleine portant un pot d’onguent, rappellent une dernière fois que les parfums ont toujours été associés à la sphère religieuse et donc utilisés dans des rituels de prière, de messe, et lors de fumigations.

INFOS PRATIQUES

  • Exposition «Léonard de Vinci et les parfums à la Renaissance », du 7 juin au 15 septembre 2024, au Château du Clos Lucé, 2 rue du Clos Lucé à Amboise (37).

  •  https://vinci-closluce.com/fr



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