Lundi 17 juin 2024

De nombreuses initiatives voient le jour pour participer à ce magnifIque événement qu’est la tenue des Jeux olympiques et paralympiques 2024 à Paris. La ville de Saint-Cloud (92), qui bénéficie pour cette occasion du label « Terre de Jeux » a conçu une exposition afin de permettre au public de découvrir l’histoire du sport et les nombreuses compétitions sportives que Saint-Cloud accueille depuis la fin du 19ème siècle. L’exposition « Saint-Cloud, le sport à la Une (1880-1950) » est visible au Musée des Avelines jusqu’au 22 septembre prochain.

Comme je le soulignais récemment dans un article consacrée à une exposition parisienne portant sur la même thématique, le sport s’est fait une place parmi les Français dès lors qu’ils obtinrent de haute lutte des périodes de temps libre durant lesquelles ils découvrirent le loisir sous la forme d’activités sportives.

Saint-Cloud ne fait pas exception à la règle puisque cette ville accueillera de nombreuses compétitions sportives dès la fin du 19ème siècle. Le championnat du monde du tennis, le championnat féminin de golf, les courses hippiques et automobiles firent partie de ces épreuves sportives qui, largement relayées par la presse de l’époque, finiront par éveiller la curiosité de nos compatriotes clodoaldiens.

Sport rythmait alors avec élégance et chaque compétition était l’occasion, tout particulièrement pour les dames, d’arborer les plus belles tenues à la mode et de compenser ainsi le délaissement dont souffrirent les femmes lors des compétition nationales et internationales.

Ouvrir l’exposition par un hommage à l’olympisme à travers les superbes clichés noir et blanc de René Jacques, l’un des plus grands photographes de son époque,nous permet de découvrir comment René Jacques participera à sa manière aux Jeux olympiques, en envisageant un temps d’illustrer les textes d’Henri de Montherland traitant de sport et de poésie, textes rassemblés en 1926 sous le titre « Les Olympiques ». Malheureusement, notre photographe, qui s’était rendu au Stade français de la Faisanderie pour faire poser des athlètes, ne trouvera aucun éditeur prêt à tenter l’aventure au moment de ce projet, c’est à dire en 1948.

Ce Stade français, qui doit sa construction à des étudiants du lycée Saint-Louis de Paris, est bâti sur le terrain de la Faisanderie concédé en 1901 par le ministère de l’Instruction publique.C’est là que seront organisés les premiers matchs internationaux de rugby, les premiers championnats du monde de tennis sur terre battue, le marathon de Paris et bien d’autres compétitions encore.

L’endroit deviendra bientôt le site de référence pour pratiquer le ballon ovale. Et le 13è Championnat de France de rugby de s’y dérouler en 1904-1905 en élargissant petit à petit ce sport du ballon ovale aux classes populaires.

Le tennis connaitra ses heures de gloire à Saint-Cloud entre 1912 et 1923. D’autre part, les femmes seront rapidement sollicitées dans ce sport en tant que participantes.

Malgré l’annulation de la dernière édition des Mondiaux des Jeux olympiques de 1924, les compétitions de tennis s’enchaineront de plus belle au Stade de la Faisanderie un an plus tard. Ces compétitions montrent des gens habillés de vêtements élégants, blancs et amples. Peu évolutive chez les dames, la tenue de ces messieurs connaitra une petite révolution en 1926 lorsque René Lacoste introduit sur le court un maillot à manches courtes créé au départ pour le polo.

Les courses hippiques de Saint-Cloud ont pour origine l’histoire de la Société Sportive d’encouragement pour l’amélioration des races de chevaux en France, laquelle gèrera l’hippodrome de Saint-Cloud dès 1901. On y verra de célèbres courses comme le « Prix du Président de la République » rebaptisé aujourd’hui « Grand prix de Saint-Cloud », une course de plat (sans obstacle) qui a lieu au début de l’été et qui oppose les chevaux de trois ans et leurs ainés. Lors de cette journée mémorable, on parie, on s’amuse et l’on se montre en société.

Lors de la Seconde guerre mondiale, les courses s’arrêteront et une partie des pelouses sera convertie en potagers qui fourniront des denrées fraiches aux clodoaldiens.

Que de chemin parcouru depuis la création de cet hippodrome par Edmond Blanc, dont les successeurs vendront le champ de courses en 1952 à Marcel Boussac, industriel du textile et propriétaire-éleveur. Le célèbre hippodrome est la propriété de France Galop depuis 1974.

Saint-Cloud est aussi synonyme de tournois de golf, un autre sport qui prend place au sein de l’hippodrome et de ses beaux espaces naturels.Ce club privé, inauguré en 1913 offre deux parcours de 18 trous, un lieu où l’Open de France sera organisé à quatorze reprises.

Le golf est d’abord un sport dont l’accès sera exclusivement réservé aux messieurs, mais dès les années 1920, les dames créeront leurs championnats de golf, dont les épreuves auront justement lieu à ...Saint-Cloud ! Le golf devient alors une vitrine de la mode chic, au style décontracté et aristocrate, près du corps mais confortable.

Comment Saint-Cloud pourrait-elle se passer de la «Petite Reine » ? Les courses cyclistes font bien sûr partie des sports à la une de cette ville. Les premières courses prendront place en 1868 dans le parc de Saint-Cloud, organisées par la Compagnie parisienne qui fabriquait alors ds vélocipèdes de type Michaux.

Le cyclisme n’exclut pas pour autant l’originalité : en 1896, la Société vélocipédique de la ville organisera une « course de lenteur » dans la pente de la rue Dailly, dont le but était d’arriver bon dernier sans s’arrêter et sans tomber.

Durant le 20è siècle, d’autres épreuves auront lieu comme le Championnat de la Presse sportive qui alliait course à pied, cyclisme et marche.

Manifestement, les clodoaldiens aimaient déjà le cross-country (action de courir dans la campagne) depuis le 19è siècle, puisque un premier Championnat de France de cross masculin fut créé en 1889, puis à Saint-Cloud même quatre années plus tard. Et une fois de plus, c’est dans cette ville que se déroula en 1918 le premier championnat de France de cross-country ouvert aux femmes.

Des initiatives privées prendront bientôt le relais en venant compléter les épreuves déjà existantes : dès 1912, le territoire clodoaldien sera traversé par toutes sortes de courses (cross internationaux, courses solaires, militaires, les cross des As, des Patronages, des Petites Amicales,, des Ancêtres ou des Vieux, les cross des boxeurs, des non-licenciés sans oublier les cross organisés dans le cadre publicitaire par les journaux Le Petit Parisien, le Vélo, ou L’Auto).

Le sport à la Une signifie également d’accueillir des évènements traversant la ville de Saint-Cloud mais organisés par des villes voisines. Les courses d’aviron entrent dans ce cadre et Jean-Louis Petit sera d’ailleurs le premier en France à peindre sur la toile « Course d’Avirons sur la Seine près de Saint-Cloud » en 1849, un sport tout droit venu d’Angleterre.

Près de Paris, il est attesté l’existence de compétitions dès 1834, avec la participation de célèbres équipages de canotiers, dont on parle dans la presse.

Le panorama sportif clodoaldien ne serait pas complet si l’on ne mentionnait pas le circuit de l’autoroute de Saint-Cloud : alors qu’en 1946, la ville souhaite concevoir un événement international (à l’image du circuit de Monaco) se passant en milieu urbain, Saint-Cloud crée son propre circuit pour voitures et motos qui célèbre dans la foulée l’ouverture d’un tunnel autoroutier ouvrant sur la Bretagne et la Normandie.

Ce 9 juin 1946, la boucle de six kilomètres est parcourue vingt fois par des pilotes automobiles pleins de vigueur et d’enthousiasme. Faute de faire l’unanimité, cette épreuve récoltera 500 000 francs de l’époque qui seront distribués à Lessay et Wittenheim, deux communes sinistrées par la guerre.La générosité ayant ses limites,ce Grand Prix n’aura lieu qu’une fois, à cause de l’opposition d’une partie des habitants.

INFOS PRATIQUES :

• Exposition « Saint-Cloud, le sport à la Une (1880-1950) », jusqu’au 22 septembre 2024, au Musée des Avelines, musée d’art et d’histoire de Saint-Cloud, Jardin des Avelines, 60, rue Gounod à Saint-Cloud (92).