Lundi 15 juillet 2024
Le Musée du Domaine royal de Marly nous convie jusqu’au 3 novembre 2024, à découvrir l’exposition « Les Chevaux du Roi, les chevaux de Marly, Chefs-d’oeuvre de l’art équestre ». Demeure de chasse des rois mais aussi écrin des monumentaux Chevaux de Marly, le Domaine royal de Marly a de très longue date accordé un rôle essentiel au cheval.
Cette exposition consacrée à la place du cheval au Domaine de Marly, de Louis XIV à la Révolution, est présentée à l’occasion des épreuves équestres des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
Le cheval est très lié à l’histoire du château de Marly : édifiée sous le règne du roi Louis XIV, cette demeure royale de plaisance permettra au souverain de fuir la pesanteur de Versailles et d’y accueillir quelques privilégiés. Le roi résumera un jour la fonction de ses trois principales résidences « J’ai fait Versailles pour ma Cour, Trianon pour ma famille, Marly pour mes amis ».
Irremplaçable lors des chasses royales, lesquelles sont d’ailleurs à l’origine de la création du Domaine, le cheval est un compagnon quotidien essentiel de la famille royale comme de la cour.Il deviendra ainsi un des symboles du pouvoir monarchique tant par sa présence utile que par sa représentation artistique et symbolique.
Déployée depuis les espaces intérieurs du musée jusqu’au parc, l’exposition nous conte la passionnante histoire équestre de Marly, tout en insistant sur la place du cheval dans ce lieu emblématique. Une centaine d’oeuvres (tableaux, sculptures, dessins, gravures, accessoires et documents d’archives provenant de prestigieuses collections publiques et privées) illustrent les divers aspects de l’existence de l’équidé au sein du domaine royal à travers ses usages, ses représentations,les espaces et les bâtiments, tout au long d’un parcours de sept étapes :
Le cheval et la chasse
Au début de l’exposition, le visiteur est projeté pour la première fois dans l’ambiance palpitante d’une chasse à courre royale en admirant le tableau réalisé par Jean-Baptiste Oudry « Louis XV chassant le cerf dans la forêt de Saint-Germain », en photo ci-dessous, une œuvre jadis commandée par le roi à ce peintre afin d’orner son cabinet au château de Marly.
Les chevaux sont indispensables aux divertissements et aux loisirs à la cour de Louis XIV, souverain qui aime tout particulièrement les chasses à courre et les promenades équestres. Notons que cette pratique équestre relève plus de l’exercice du pouvoir que du simple loisir car elle renforce les vertus du roi en le préparant moralement et physiquement à la guerre.
Le roi pratique donc la chasse à courre deux à trois fois par semaine, et c’est d’ailleurs lors de ces chasses qu’on peut croiser le souverain à cheval.Louis XIV chassait jusqu’à 140 jours par an (soit environ un jour sur trois), d’où sa décision d’aménager la forêt de Marly pour ses parties de chasse.
Promenade et circulation
Cette pratique intensive de la chasse aura évidemment des conséquences sur l’aménagement urbain et l’architecture du domaine. Des carrefours en forme d’étoile seront ainsi créés, reliés à des routes de chasse percées dans la forêt.Cet ensemble de dispositions permettra aux chevaux et attelages royaux de circuler en toute sécurité et avec aisance entre leurs différentes résidences, lors des promenades ou pour les cérémonies officielles au sein du domaine.
Les bâtiments équestres
En 1683, les travaux du château de Marly sont déjà bien avancés et le roi Louis XIV se rend sur place .
Il envisage alors la construction d’écuries dont il confie la charge à l’administration des Bâtiments du roi. Placées à l’entrée du domaine, ces écuries seront réservées aux chevaux royaux et aux montures des gardes du corps du souverain.
Différentes des écuries de Versailles, celles-ci sont construites d’un seul bloc accueillant à la fois Grandes et Petites écuries, c’est à dire les chevaux de monte et les chevaux de trait.
Au fur et à mesure des différents règnes des rois, de nouvelles écuries seront aménagées pour faire face à l’augmentation du nombre de courtisans et de la transformation du domaine en lieu de réception.
Sous Louis XVI, Marie-Antoinette réclamera la construction de nouvelles écuries pour son propre usage, mais celles-ci, une fois achevées, ne serviront à la reine qu’ à deux reprises, en mars 1782 et en juin 1789.
L’actuelle exposition offre au public l’opportunité de (re) découvrir l’histoire méconnue de ces écuries. La pièce monumentale en est l’Abreuvoir de Marly, gigantesque par sa taille et sa magnificence. Les visiteurs peuvent encore aujourd’hui admirer ce monument qui clôt le parc en son extrémité. Monument qui avait la particularité de signaler au monde extérieur de par son décor l’existence d’une résidence royale dont les trésors étaient à l’abri du regard des passants.
On se souviendra que cette abreuvoir fut le seul élément du domaine classé au titre des monuments historiques en 1862. Il deviendra enfni le sujet de prédilection du peintre Alfred Sisley dont les toiles figurant l’abreuvoir sont considérées comme une série de chefs-d’oeuvre de l’impressionnisme.
Le cheval de guerre
Nous l’avons souligné plus haut, le cheval est indispensable pour démontrer la puissance et le prestige de la monarchie française. Il est alors monté lors des cavalcades, des parades militaires ou des batailles pour promouvoir la grandeur du roi et de son armée.
Les chevaux de guerre feront l’objet d’une importante série commandée par le souverain au peintre Van der Meulen, des peintures représentant les prises de villes sous Louis XIV, qui ornaient les appartements de Marly.Quant au prestige équestre,il transparait lors des parades et des revues militaires organisées par les rois successifs sur le domaine.
L’histoire des chevaux de Marly, de Coysevox à Coustou
C’est en 1702 que le roi Louis XIV commande à Antoine Coysevox un groupe de deux sculptures, « La Renommée du Roi », installé en hauteur sur l’Abreuvoir. Durant la Régence (1715-1723) ces mêmes sculptures seront installées à l’entré des Tuileries, sur l’actuelle place de la Concorde.
Pour remplacer ces sculptures, Louis XV commandera à Guillaume Coustou deux groupes de chevaux connus sous le nom des « Chevaux de Marly » . Placés en 1745 au-dessus de l’Abreuvoir, ces chefs-d’oeuvre représentent des chevaux sauvages cabrés retenus par des palefreniers nus.
A la Révolution, ces sculptures seront elles aussi installées à Paris à l’entrée des Champs Elysées, place de Concorde, faisant face à la Renommée du roi, œuvre de Coysevox.
En 1984, rebelote avec l’installation des Chevaux de Marly et des Chevaux de Coysevos dans la cour Marly du Louvre. Deux chefs-d’oeuvre illustrant désormais la riche histoire équestre du domaine de Marly.
Le cheval en tant qu’emblème
Sous la Monarchie, la pratique équestre est un symbole d’aptitude au gouvernement. Egalement signe de prestige, le cheval joue un rôle incontournable dans la symbolique monarchique et dans le programme iconographique du château de Marly.
Louis XIV sait parfaitement comme tirer profit de l’imaginaire équestre sur les plans moral et politique, ce qui explique sans doute qu’il se fasse représenter en cavalier dans les portraits officiels. Les rois successifs agiront de la même manière en apparaissant à cheval vêtus d’une armure ou d’un costume royal.
Chevaux de Marly et Grand Abreuvoir, vestiges du Domaine de Marly
L’une des dernières constructions du château de Louis XIV est le grand Abreuvoir, à la fois utilitaire et décoratif. Alors que Versailles donne à voir au public ses luxueuses écuries, Marly accorde le rôle central au cheval en dévoilant aux visiteurs cet abreuvoir royal.
C’est sous le règne de Louis XV que l’art équestre atteindra son apogée. Et le souverain de commander au sculpteur Coustou et en 1739 deux groupes constitués de chevaux retenus par des palefreniers, plus connus sous le nom de « Chevaux de Marly ». C’est sur les moulages de ces sculptures qui coiffent le grand abreuvoir royal du domaine de Marly que prend fin la partie extérieure de cette superbe visite.
INFOS PRATIQUES :
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Exposition «Les Chevaux du Roi, les chevaux de Marly, Chefs-d’oeuvre de l’art équestre », jusqu’au 3 novembre 2024, au musée du domaine royal de Marly, Parc de Marly, La « Grille royale » à Marly-le-Roi (78). https://musee-domaine-marly.fr