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Exposition "Histoires paralympiques. De l'intégration sportive à l'inclusion sociale
(1948-2024)" (Panthéon, Paris, France)
Heure locale

 

Lundi 29 juillet 2024

En cette année olympique, Leglobeflyer.com est lui aussi au rendez-vous des JO 2024 en vous proposant une série d’articles sur l’histoire des jeux. Cette fois, le Centre des monuments nationaux nous invite à découvrir l’exposition « Histoires paralympiques. De l’intégration sportive à l’inclusion sociale (1948-2024) » au Panthéon, jusqu’au 29 septembre prochain.

Dans cet article, nous parlerons des débuts de ce mouvement sportif à travers une histoire faite de revendication, de droit à la différence, de volonté d’exister et de performer. Cet événement ne pouvait trouver meilleur accueil qu’au Panthéon, lieu d’hommages de la République aux grands personnages de la nation.

 

C’est au milieu du XXème siècle que les Jeux paralympiques font leurs premiers tours de piste.Très vite, ce mouvement militant pour le droit à la différence mais aussi à l’insertion dans la société, nous dévoile peu à peu des athlètes aux déficiences diverses qui, grâce au sport, vont se surpasser pour viser les premières marches du podium.

Il a été décidé d’articuler cette exposition chronologiquement, autour de quatre grandes périodes : de 1948 à 1960, de 1960 à 1989, de 1989 à 2012, et depuis 2012. Pour l’occasion, cet événement exceptionnel offre au regard du public divers objets (archives, photographies, affiches, matériels sportifs et documents audiovisuels) qui témoignent d’une double mission: l’intégration progressive d’athlètes tous porteurs d’une déficience, et l’évolution des discours, images et matériels associés, aux pratiques compétitives.

La scénographie a pour sa part été travaillée en conséquence afin de permettre à tous un confort de visite (hauteur des meubles adaptée, inclinaison des écrans et espaces de circulation plus vastes): des stations de consultation en position assise pour écouter les contenus audio, un espace dédié aux vidéos en langue des signes française d’une part et internationale d’autre part, parcours multi sensoriel avec dessins tactiles objets à toucher, légendes en braille et en gros caractères, contenus en audiodescription via des QR codes, textes de l’exposition traduits en langues des signe française et internationale disponibles par des QR codes, sous-titrage des documents audiovisuels en français et en anglais,remise sur demande d’un livret d’accompagnement à la visite en français).

 

Les Jeux Paralympiques apparaissent après la Seconde guerre mondiale pour les jeunes blessés devenus paralysés des membres inférieurs et pratiquant des sports en fauteuil roulant, et vont s’ouvrir dès les années 1970 aux personnes ayant d’autres incapacités motrices,sensorielles ou intellectuelles.

Au cours des années 1980 et 1990, les sports autrefois pensés dans un contexte médical et ré-éducatif sont désormais considérés sous l’oeil de la performance de haut niveau et des JO.

Quant aux années 2000, elles vont ouvrir une ère nouvelle dans laquelle le mouvement paralympique se transforme en porteur d’un message basé sur la fierté de la différence et la revendication d’une société plus inclusive.

Il aura fallu moins de 70 ans pour que soit pris en compte le processus d’intégration d’athlètes avec déficience, mais aussi le changement de discours, de significations et de mises en scène associées aux pratiques compétitives. Preuve à l’appui, les athlètes aux handicaps divers ont désormais leurs Jeux Paralympiques mais également des conditions d’égalité dans les parasports et l’égalité d’accès aux pratiques physiques et sportives partagées. Et de participer enfin à l’inclusion des personnes autrement capables dans la société.

 

Dès le XIXème siècle, on trouve la trace de belles histoires comme la « course des jambes de bois » dont les participants sont des personnes blessées ou mutilées. On conviendra qu’il s’agit là davantage d’un « phénomène de foire » que de l’organisation progressive de pratiques sportives réglementées et de l’olympisme. Autre curiosité : la course des mutilés qui a lieu en 1920, à l’hippodrome de Longchamp, dont le lauréat utilisait un fauteuil actionnable par la force des bras, mis au point par la Société Aumont, en reprenant l’idée des fauteuils servant à transporter les soldats blessés lors de la Première guerre mondiale.

 

Arrivent ensuite les quatre grands moments chronologiques des histoires paralympiques, thème de l’exposition :

 

De 1948 à 1960, les jeux ont lieu à l’hôpital

C’est à Ludwig Guttmann, neurochirurgien que l’on doit en 1948 une expérience originale de la pratique du sport rééducatif. Issu d’une famille juive allemande, l’homme fuit l’Allemagne le 14 mars 1939 pour s’installer au Royaume-Uni. En 1944, il devient médecin-chef du premier centre de réadaptation spécialisé de l’hôpital de Stoke Mandeville, près de Londres et intègre les jeux sportifs dans le processus de réhabilitation des blessés médullaires (blessés paralysés à la suite d’une blessure à la colonne vertébrale). Le 29 juillet 1948, date d’ouverture des JO de Londres, il organise une « journée sportive » de compétition de tir à l’arc. Ces »Jeux de Stoke » auront par la suite lieu chaque été dans l’enceinte de l’hôpital, puis reçoivent des délégations étrangères dès le début des années 1950 (dont l’Amicale sportive des mutilés de France en 1955) avant de devenir une véritable institution jusqu’en 1960 uniquement pour les personnes en fauteuil roulant.

 

De 1960 à 1989, des jeux « para olympiques » de Rome au paralympisme

En 1960, il est décidé de délocaliser les « Jeux de Stoke » sur le lieu des JO de Rome. L’opération est alors rendue possible grâce aux liens entre Ludwig Guttmann et Antonio Maglio (fondateur d’un centre de rééducation pour personnes paraplégiques).Cette année-là,les athlètes « déficients » français ne déméritent pas puisqu’ils rapportent des médailles là où les tricolores « valides »obtiendront de piètres résultats aux JO.

Même s’ils restent réservés aux personnes en fauteuil roulant, ces premiers « Jeux Paralympiques » se renouvellent ensuite tous les quatre ans dans la foulée des JO, et sur le même lieu lorsque cela est possible. Ce sera effectivement le cas pour les Jeux de Tokyo (en 1964) ainsi que pour ceux de Séoul...en 1988 ! Il aura fallu patienter plus de vingt ans pour voir se dérouler les JO et les Jeux Paralympiques dans la même ville. Cette longue période aura été marquée par une prise de distance envers les pratiques rééducatives et un rapprochement vers le sport de compétition. La France accompagne ce processus en créant une fédération sportive omnisport et en négociant la participation d’autres athlètes que les seules personnes en fauteuil roulant.

Ces négociations connaitront une issue favorable pour les personnes amputées, les personnes aveugles et malvoyantes accueillies à l’occasion des Jeux de Toronto de 1976.Ce mouvement vertueux se poursuivra en 1984, avec l’acceptation des personnes touchées par une infirmité motrice cérébrale. Au final,^ la création du Comité international Paralympique en 1989 signera la fin du processus de regroupement des handicaps, ouvrant ainsi la porte à un rapprochement avec le Comité international olympique.

 

De 1989 à 2012, diversification et regroupement caractérisent le nouveau paralympisme

Avec la création, en 1989, de l’International Paralympic Committee, c’est un nouveau paralympisme qui cherche à grandir en rassemblant toutes les fédérations sportives internationales (regroupant les sportifs avec différents types de déficience ou d’in/capacité).De là vont émerger de nouveaux imaginaires et de nouvelles figures paralympiques, comme le « paralympien hybride technologique » (surhumain hyperperformant) ou le « faux paralympien » (qui triche sur son handicap).

L’histoire du mouvement paralympique et des jeux correspondants est faite de liens tissés entre sportifs réguliers, de rencontres, d’adaptations, d’ingéniosité et d’innovations constantes afin de créer les conditions d’équité dans des compétitions dont les sportifs sont touchés par des in/capacités diverses.

 

De 2012 à 2024, inclusion et fierté aux Jeux paralympiques de Londres

Aux Jeux de Londres correspond un point de bascule vers l’inclusion et la fierté si chères au cœur de nos champions paralympiques. Les médias s’emparent de l’évènement en mettant en scène des performances sportives d’un genre nouveau tandis que le slogan « Rencontrer les superhumains » est de rigueur.Ces Jeux réintègrent également des athlètes déficients intellectuels dans trois disciplines sportives : la Para natation, le Para tennis de table et le Para athlétisme. Se rajoutent le Para badminton et le Para Taekwondo aux Jeux de Tokyo de 2021.

Durant cette période, de nouvelles figures émergent, tendance dans laquelle les femmes se taillent une place de choix, dont Marie-Amélie Le Fur, experte en saut en longueur et en 100m, 200m et 400m, équipée d’un Flexfoot. Cette paralympienne rapportera à elle seule 9 médailles en catégorie T44 entre 2008 et 2016 avant de se porter candidate au JO de 2024.Il faut dire que l’évolution des mascottes paralympiques ont aussi contribué à la fierté qu’on les athlètes d’exhiber leur appareillage sophistiqué.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Exposition « Histoires paralympiques. De l’intégration sportive à l’inclusion sociale (1948-2024) » jusqu’au 29 septembre 2024, au Panthéon, Place du Panthéon, à Paris (5ème)
  • Journal de l’exposition (20 pages, 8€)





 



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