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Exposition "Roues libres. La grande histoire du vélo"
(Musée du Domaine départemental de Sceaux, Hauts-de-Seine, France)
Heure locale

 

Lundi 9 septembre 2024

 

Qu’une exposition comme celle qui prend place aujourd’hui ait lieu dans le département des Hauts-de-Seine n’est pas un hasard. Le département des Haut-de-Seine occupe en effet une place importante dans l’histoire du vélo. L’aventure débute dans les années 1860 avec l’invention de la pédale par les Michaux père & fils, entrepreneurs à Saint-Cloud. L’année suivante, les deux mêmes protagonistes organisent la première course sur piste de l’histoire du cyclisme en s’associant avec l’ingénieur René Olivier.Cet événement donnera naissance aux vélodromes de Courbevoie, Neuilly-sur-Seine et Levallois-Perret.

Lors du passage du vélocipède à la bicyclette,c’est tout naturellement que des usines de marques prestigieuses s’installeront par la suite dans le département, soutenant les champions des premières compétitions, dont les pionniers du Tour de France. Depuis lors, les Hauts-de-Seine ont toujours fait du vélo un atout stratégique en matière d’aménagement et de tourisme. 2024, année olympique, a choisi ce département pour accueillir plusieurs épreuves dont le cyclisme sur route.

Quoi de mieux, pour marquer les esprits, que de mettre à l’honneur la grande odyssée du vélo dans les Hauts-de-Seine à travers l’exposition « Roues libres. La grande histoire du vélo »qui raconte l’évolution technique du vélo et l’histoire des machines et leurs usages.

 

L’exposition (et le vélo!) a trouvé son cadre: le superbe site de l’Orangerie du Domaine départemental de Sceaux, au sein duquel un musée, qui possède une collection de 25 cycles anciens (ayant appartenu à Robert Grandseigne, un pionnier de l’aviation) a décidé d’en sélectionner une vingtaine pour cette exposition où sont aussi exposés des machines émanant des Archives départementales, des musées (de Grenoble, de Poissy ou de Compiègne) et de prêteurs individuels.

Si ces véhicules constituent la principale attraction de cette exposition, d’autres œuvres et objets (affiches, peintures, photographies, produits dérivés, jouets et brevets techniques...) illustrent l’histoire du vélo et ses usages.

 

 

L’exposition comporte trois parties. Juste avant d’entamer le parcours de visite, une brève introduction portant sur les origines des cycles et les divers essais (qu’ils aient été réel ou purement imaginaires) est dispensée aux visiteurs :

 

Un domaine d’innovation

Cette première partie se présente comme une vaste galerie technique décrivant l’évolution du domaine cycliste à travers des repères chronologiques. Par ailleurs, chaque cycle exposé est le prétexte à la présentation systématique d’une innovation technique ou d’un essai spécifique qui ne donnera pas forcément à son concepteur un accès à la postérité. Enfin, les modèles exposés d’oeuvres et de documents iconographiques illustrant leurs usages (sous la forme d’affiches, gravures et photographies...) ou apportant des détails techniques sur le fonctionnement de chaque machine (brevets, catalogues commerciaux). C’est dire si les esprits curieux seront comblés !

 

Sont ainsi abordées des étapes techniques comme le vélocipède et la problématique de l’invention de la pédale.Si l’invention de celle-ci est habituellement attribuée à Pierre Michaux, il s’agit en réalité d’un travail collectif de longue haleine.

Au fur et à mesure de la visite, on s’aperçoit que l’époque se prêtait à l’innovation. Je veux bien entendu évoquer l’invention exceptionnelle du vélocipède à vapeur de Perreaux, une machine qui se voit consacrer un focus spécifique à l’intérieur de la galerie chronologique. Y sont abordés le contexte de la création de ce modèle de vélocipède, son histoire,le fonctionnement de son moteur à alcool, la restauration récente de la machine (en 2023) et le projet de reconstruction à l’identique.

 


 

L’on vit ensuite, c’est à dire vers la fin des années 1860,apparaitre un vélo de type nouveau, équipé d’un diamètre de roue avant bien supérieur à tout ce qui existait jusqu’à présent cette nouvelle roue avant témoignait alors de la recherche de vitesse tout en offrant au cycliste une position élégante, bien qu’aux premiers abords, on peut se demander comment on peut enfourcher un tel engin.

Le Musée du Domaine départemental de Sceaux possède une collection conséquente de ce qu’on appelle « grand-bi », dont les particularités techniques sont décrites, mais également de « safety bikes », modèles visant à rendre moins dangereux la pratique du cyclisme.

Il faudra patienter jusqu’à la dernière décennie du XIXème siècle pour assister à l’avènement de la bicyclette dont il faudra plusieurs modèles avant de parvenir à la conception d’une forme moderne de cet engin, puis à des modèles spécifiques pour homme et pour femme.

Il ne saurait y avoir de bicyclette sans sécurité et l’on assistera très vite à la mise au point de lanternes et de dispositifs sonores (clochettes) permettant au cycliste de signaler sa présence aux autres usagers de la route, notamment la nuit.

Dans cette même partie d’exposition, le visiteur découvre une petite section consacrée aux usages militaires du vélo. On y présente des modèles dotés d’adaptations utiles à l’armée comme par exemple une bicyclette pliante Gérard.

La seconde moitié du XXème siècle est prometteuse en matière de perfectionnements dans le domaine du cyclisme alors que les principales innovations touchant à la propulsion et à l’entrainement ont déjà le vent en poupe. Sont ainsi illustrées des évolutions comme le cadre suspendu qui rendra possible l’invention du VTT à la fin des années 1970 et l’apparition du BMX.

Une autre section aborde des systèmes de transmission alternatifs tout en s’appuyant sur des systèmes plus ou moins originaux, qui ne survivront que peu de temps, à l’exemple de l’Acatène, un vélo sans chaine vendu par la société La Métropole, ou encore une machine à courir appelée La Valère, que l’on manipule avec les mains.Notons enfin qu’un dispositif numérique offre au public la possibilité d’apprécier la variété et la créativité des inventions imaginées à partir de vélos.

Cette première partie se referme sur un gros plan consacré à la collection de Robert Grandseigne, abritée dans le musée.Le visiteur y découvre l’histoire du fondateur et de sa collection, et la vie des vélos au sein des collections muséales depuis 1964.Un film documentaire présente enfin l’immense travail des équipes du musée en matière de restauration et de conservation des précieux modèles.

 

 

Le vélo, outil social et de loisir

cette seconde partie s’intéresse aux usages associés aux cycles en fonction des époques et des milieux sociaux, qu’il s’agisse d’un usage touchant à la vie quotidienne ou en tant que loisir.

Cette fois, les différents modèles sont classés par type d’usage ou par type de public qui se les appropria.Par ailleurs, l’exhaustivité d’une présentation des usages sociaux des cycles n’étant pas envisageables dans le cadre de cette exposition, les concepteurs de l’évènement ont opté pour la mise en valeur de plusieurs thèmes.

Autre atout de cette seconde partie : la collection de costumes modernes, mannequinés sur silhouettes, qui permet au visiteur de suivre l’évolution de la tenue vestimentaires des cyclistes, du costume trois pièces porté par les dandies chevauchant la draisienne au début du XIXème siècle aux maillots de sport du siècle d’après, en passant par les bloomers et autres jupes culottes destinées aux femmes.

 

Les thèmes suggérés plus haut sont au nombre de six :

 

-L’émancipation féminine

Dès les années 1860, le vélo se conjugue au féminin, même si la pratique du vélocipède par ces dames demeure marginale. Celles-ci réclameront adaptée aux femmes car les robes portées dans la seconde moitié du XIXème siècle ne convenaient pas à ce genre de véhicule (certains modèles de bicyclettes « en amazone » seront même brevetés pour cet usage).

 

- Dandy et distinction sociale

Au tout début, la pratique du vélo fut un loisir réservé aux classes aisées, avant de devenir plus tard accessible au plus grand nombre.

 

- La mode des tricycles

Cette popularité du tricycle apparaitra au cours des dernières décennies du XIXème siècle et deviendra d’abord populaire auprès du public britannique (des tricycles étaient alors fabriqués à Coventry) puis auprès des Français. L’avantage du tricycle est indéniable : celui-ci repose sur trois roues et est donc plus stable, ouvrant la pratique du cyclisme à la famille et aux femmes, mais aussi aux personnes à mobilité réduite et en situation de handicap. Précisons que les hand bike et le para-cyclisme actuels s’appuient sur ce fameux tricycle.

 

- Démocratisation de la bicyclette

Le développement de la bicyclette et la multiplication des fabricants de cycles joueront en faveur d’une plus large pratique du cyclisme et par un plus grand nombre de personnes, faisant passer cette pratique de loisir huppé et de compétition à un usage quotidien. Plus tard, les pénuries d’essence rencontrées durant la Seconde guerre mondiale propulseront le vélo comme moyen de transport abordable et accessible à tous.

 

- Usages actuels et politiques publiques en faveur de la petite reine

A une époque ou transition écologique et mobilités douces sonnent agréablement à l’oreille du public, l’aménagement d’équipements cyclables et l’encouragement à pratiquer le cyclisme deviennent de véritables enjeux politiques que l’on retrouve d’ailleurs dans le code de la route.

 

- Les cycles destinés aux enfants

Les premiers modèles pour enfants virent le jour dès l’invention de la draisienne, dont on peut voir un modèle de petite taille exposé dans l’exposition.Sont également présentés des modèles classiques (taille réduite à hauteur d’enfant) et des véhicules développés spécialement pour le jeune public (cheval mécanique, cyclorameur)

 

- En bonus : le vélo dans le cinéma

A la fois hors parcours et conçu comme un espace de pause, le visiteur a tout le loisir de découvrir des extraits de films divers consacrés au cyclisme ou comportant des scènes cultes figurant à vélo.

 

 

Le sport cycliste

Cette troisième et dernière partie d’exposition scrute l’usage sportif du cyclisme depuis l’invention du cyclisme, à travers les compétitions cyclistes et autres évènements sportifs développés dès le début du XIXème siècle. Sont aussi évoquées la recherche de la performance et la très grande popularité de ces évènements sportifs et de leurs protagonistes.

 

Sont successivement abordés :

 

- Les compétitions cyclistes

Ces compétitions sont nombreuses, depuis les premières courses de vélocipèdes des années 1860 aux grandes compétitions populaires comme le Tour de France ou le Paris-Roubaix, il est ici fait écho à la création de ces évènements sportifs et de leur médiatisation. Le public y verra le vélo de route de Michel Vermeulin qui fut maillot jaune à trois reprises sur le Tour de France de 1959, mais aussi d’autres courses moins connues comme la Course aux Clous organisée par Michelin en 1892.

 

- Les pratiques sportives amateur

On y aborde les vélodromes, lieux de compétition et de spectacles très populaires depuis les années 1880 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Course poursuite ou course demi-fond,la foule se pressait toujours aussi nombreuse pour profiter du spectacle.Ce type d’épreuves conduisit au développement de modèles de vélos spécifiques comme par exemple la sextuplette, mise au point par Adolphe Grossot fin XIXème.

Dès l’avènement du cyclisme, on créa associations, unions et autres cercles dans le but d’encourager la pratique du sport amateur et offrir aux adeptes l’occasion de participer à un grand nombre d’activités (courses, excursions, voyages et rencontres …)

 

- Jeux, jouets et produits dérivés

Dernier sujet étudié dans cette exposition, ce thème propose au public un panorama des produits et documents influencés par le cyclisme (jeux pour enfants, publicités, produits dérivés, livres et bandes dessinées...), une manière d’achever la visite de cette passionnante exposition avant de conduire le visiteur vers le livre d’or.

 

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Exposition « Roues libres. La grande histoire du vélo » jusqu’au 31 décembre 2024, à l’Orangerie du Domaine départemental de Sceaux (92)

  • Catalogue de l’exposition : 296 pages, 39€











 



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