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Kyoto, spectacle japonais à Gion Corner
(Kansai, Japon)
Heure locale

 

Samedi 30 avril 2011


 

Je n'avais pas mis les pieds au Japon depuis la catastrophe du 11 mars dernier. Cette fois, je me rends à Osaka mais n'y resterai pas. Je prends le shinkansen dans l'après-midi pour aller à Kyoto. J'ai en effet prévu d'assister à un spectacle traditionnel japonais au théâtre de Gion Corner. Situé dans le hall de Yasaka , au nord du hall Kaburenjo du quartier de Gion, où les Maiko ( apprentis geishas) et les geiko (pas les lézards, les Geishas!) donnent des représentations. J'ai loué une chambre dans un petit hôtel non loin de là. Le temps n'est malheureusement pas de la partie. Il pleut par intermittence et c'est sous la pluie que je découvrirai ces rues typiques de Gion, bordées de lanternes et rappelant à quoi pouvait ressembler Kyoto autrefois.

Le théâtre Gion Corner propose deux séances régulières par jour: A 19h et à 20 heures, du 1er mars au 30 novembre. Un conseil: Renseignez-vous sur le site (infos pratiques) avant de vous rendre au théâtre. Une autre chose importante: Prévoyez de faire la queue trente minutes au moins ( les billets sont vendus dès 18h30 pour la séance de 18h30 et à partir de 19h40 pour la séance de 20h00) avant la séance car ce lieu est très populaire et attire de nombreux touristes étrangers. J'ai , pour l'occasion, réaliser huit séquences vidéo que vous pourrez découvrir à la section médiathèque.

Le spectacle dure 45 minutes et se compose de plusieurs parties:

Il vous est d'abord proposé la cérémonie du thé (appelée aussi Chado). La tradition consistant à prendre le thé vient de la Chine et date du VIII ème siècle. Elle fut amenée au Japon par des moines bouddhistes Zen à la fin de la période de règne de la dynastie Heian ( au 12 ème siècle). Boire ce breuvage leur permettait ainsi d'éviter la somnolence durant les longues périodes de méditation. Le thé devint populaire au Japon à partir du début du XIV ème siècle. Un marchand, Sen Rikyu mit sur pied la cérémonie du thé telle qu'on la connait aujourd'hui, sous l'œil protecteur d'un puissant seigneur, Toyotomi Hideyoshi. Cette cérémonie reflète le concept japonais de « Wa Kei Sei Jaku » , c'est à dire l'idée de reconnaissance de la beauté réelle en toute simplicité. Sérénité, rusticité, grâce et esthétisme de la simplicité représentent assez bien la cérémonie du thé.

Durant la période Edo (au XVIII ème siècle), de nombreuses écoles se mirent à proposer l'enseignement de cette cérémonie, avec leur spécificités respectives ( les règles pouvant varier d'une école à l'autre) mais en respectant toujours le principe de base.

Une pause musicale s'impose avant de découvrir l'arrangement floral (Kado , nom japonais de l'ikebana, cet art floral nippon). Le koto est l'instrument de musique utilisé. C'est une harpe japonaise à 13 cordes, qui fut importée de Chine il y a 1300 ans environ. Au départ, on utilisa cet instrument pour le divertissement des gens de la Cour Impériale, lors du Gagaku ( musique de Cour). Les Japonais adoptèrent tout de suite le son agréable et sonore du koto. Depuis, la harpe japonaise a parfois fait partie d'orchestres composés d'instruments occidentaux , créant ainsi un nouveau style de musique pleine de noblesse.

Le Kado est l'art de faire vivre les fleurs , art typiquement japonais consistant à réaliser des compositions florales. L'aspect linéaire de l'arrangement est accentué, le vase, les tiges et les feuilles des plantes sont tout autant valorisés que les fleurs elles-mêmes. Cet arrangement floral tourne autour de trois points essentiels: Le ciel, la Terre et l'Humanité. Et au travers de trois piliers: L'asymétrie, l'espace et la profondeur.

L'origine de l'ikebana (Kado) est le kyoka et remonte à l'époque où les temples bouddhistes recevaient des offrandes de fleurs. Nous sommes alors en Chine, au VI ème siècle. Au XV ème siècle apparaît le rikka, un style d'arrangement plus sophistiqué qui reflète la splendeur de la Nature et l'expose. Il deviendra populaire au XVII ème siècle et servira de décoration pour les fêtes et les cérémonies. Le shogun Yoshimasa Ashikaga sera celui qui simplifiera considérablement les règles de l'ikebana: Amoureux de la simplicité, il rendra cet art enfin accessible à toutes les classes sociales. Plus tard, à la fin du XVI ème siècle apparaitra le Nageire , arrangement floral intégré à la cérémonie du thé (style aussi surnommé Cha Bana « Fleurs du thé »). Dans les années 1890 , sous l'ère Meiji, un nouveau style d'ikebana sera développé. Il s'agit du Moribana, utilisé dans les jardins et permettant une plus grande forme de liberté dans l'arrangement floral.

Vient ensuite le Gagaku ( musique élégante), une musique jouée jadis à la Cour du Japon . Le terme Gagaku désigne à la fois la musique japonaise ancienne et la danse classique ainsi que le chant qui s'articulent autour. Le Gagaku, là encore, provient de la Chine ancienne, à l'époque de la dynastie des Tang (VII-IX èmes siècles). La Chine était alors le centre culturel de l'Asie Cette musique de Cour fut introduite au Japon au VIII ème siècle. Et se perpétua au sein de la famille impériale japonaise ,tandis qu'en Chine, elle perdait dans le même temps en popularité. Les membres de la famille impériale, mais aussi des classes sociales japonaises les plus élevées et les nobles perpétuèrent cet art , tout particulièrement sous l dynastie des Heian (IX-XII èmes siècles). On jouait le Gagaku lors des banquets de la Cour et lors des rites sacrés dans les temples et les sanctuaires. Une séquence vidéo montre une interprétation du Gagaku ( rendez-vous à la section médiathèque).

Le Kyogen, lui est un style théâtral comique ancien joué comme interludes dans les pièces de théâtre Noh et dans un langage populaire quotidien. Ce théâtre a débuté à partir du XV ème siècle. Il consiste en une danse primitive avec des cascades acrobatiques , qui est interprétée lors de la plantation du riz ou des supplications aux Dieux pour des récoltes fructueuses pendant les cérémonies aux sanctuaires. Après le XVI ème siècle, le kyogen devint populaire, surtout chez les soldats guerriers du temps des shogounats. Son symbolisme ( à l'opposé du formalisme du théâtre Noh) et ses dialogues ont très vite retenu l'attention des critiques. Il existe de nos jours deux écoles de kyogen: L'école Okura et l'école Izumi. Les masques, eux, sont utilisés uniquement dans quelques pièces. La pièce présentée à Gion Corner recèle complots et action.

Vient ensuite le Bunraku,une pièce jouée avec une ou plusieurs marionnettes, art théâtral populaire présent depuis plus de de 1200 ans. A Kamigata (partie de Kyoto et de ses environs), le Bunraku apparut durant la période Eiroku (au XVI ème siècle) , sous l'impulsion de Takemoto Gidayu , connu comme le plus grand contributeur du Giyadubushi (musique et dialogue des pièces de marionnettes). Le gidayubushi  parle de la vie quotidienne des marchands d'Osaka, la plus grande ville commerciale d'alors. Le bunraku reflète un style mélodramatique de divertissement. Et son succès réside surtout dans le soin porté dans la manipulation des marionnettes.

 

Le spectacle se termine par la danse traditionnelle de Kyoto, le Kyomai. Au Japon, il existe deux types de danse: La danse Odori qui tire ses origines de la période Edo (XVII ème siècle) et prit de l'importance à travers les pièces dramatiques du Kabuki . Ce style de danse exprime fortement le sentiment humain. L'autre danse s'appelle Mai et apparut d'abord dans l'ouest du Japon. Elle est généralement exécutée dans des pièces ( au lieu de la scène). Elle tire son rayonnement du théâtre Noh. La danse Kyomai ( danse Mai de Kyoto) naquit au XVII ème siècle et se développa durant la période Tokugawa . Cette danse adopta les bonnes manières de la Cour impériale , son élégance et son raffinement.

Le festival Miyako Odori qui se tient chaque année au printemps, est basé sur la danse Kyomai. La beauté , mais aussi les costumes colorés et la superbe mise en scène des Maikos et des Geishas attirent chaque fois davantage de monde.

N'oubliez pas de vous rendre à la section Médiathèque du site. Huit vidéos de ce spectacle sont disponibles.
 

INFOS PRATIQUES:


  • Théâtre Gion Corner, Yasaka Hall, Shijo-sagaru , Hanami-Koji, Higashiyama-ku, Kyoto. 570, Minamigawa Gionmachi Tel: 075 561 1119. A 7 minutes à pied de l'arrêt d'autobus Gion. Représentations régulières du 1er mars au 30 novembre, à 19h et à 20h. Fermé le 16 août.

    Prix: 3150 yens ( payable uniquement en cash). Une brochure explicative (en anglais)vous est remise à l'entrée. Photos possibles.

    Participation à la cérémonie du thé: 1500 yens.

    Site internet: http://kyoto-gion-corner.info/gion_corner/top/index.html/

     

    Audioguide disponible à la location en espagnol et en français: 500 yens (+ 500 yens de caution).

    Espace boutique de souvenirs, à gauche en entrant, après la billeterie.

  • Hotel Alpha, Kawaramachi-dori, Sanjo-Agaru, Nishigawa Nakagyo, Kyoto. Tel: 075 241 2000. Internet wifi gratuit ( demander code à la réception). Petit déjeuner à 1200 yens.



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