Vendredi 8 juillet 2011
C'est le dernier weekend de mon séjour nippon et j'ai décidé de partir à Takayama. Cette petite ville a été officiellement fondée le 1er novembre 1936 et se trouve dans la préfecture de Gifu. Le fait qu'elle dispose de nombreuses curiosités historiques l'a fait surnommer « Petit Kyoto ».
Je prends donc le shinkansen au départ de Tokyo, pour Nagoya. Sur le quai, un escadron de femmes (et hommes) de ménage attendent déjà notre train qui n'arrivera qu'une dizaine de minutes avant le départ. Ces personnes n'auront donc que très peu de temps pour nettoyer les voitures. Dehors, la chaleur est accablante et la climatisation du train sera la bienvenue. Il me faudra environ deux heures pour relier Tokyo à Nagoya. Sur place, j'aurai une bonne heure d'attente avant de grimper dans un train express Hida qui me conduira à Takayama en deux heures trente. Il faut décidément aimer le train pour faire de tels périples mais c'est le prix à payer pour découvrir l'intérieur du Japon. Un quart d'heure après mon départ de Nagoya, nous ferons une petite halte à Gifu, capitale de la préfecture du même nom. Et seule ville au Japon où se pratique encore la pêche au cormoran. Je vous emmènerai dans le coin une autre fois.
Notre promenade est pittoresque. Mais la nuit tombera bientôt car il est déjà 18h00. Notre train fera successivement une halte dans des villages comme Kagamigahara,Unuma,Sakahogi,Mino-Ota,Naka Kawabe,Shirakawaguchi,Hida Kamayama,Gero célèbre pour ses onsen (sources d'eau chaude),Hida-Hagiwara, Hida Osaka et Kuguno. Je traverserai de superbes paysages et aurai pour compagnon de route une rivière tumultueuse traversant la vallée. La région est en effet très boisée. Ici, le relief accidenté laisse la place à la montagne. L'endroit se prête au développement de l'énergie hydroélectrique (barrage ci-dessous). Le paysage permet d'observer tantôt les rizières, tantôt les champs de thé ordonnés avec soin par les paysans. Les villages sont souvent nichés au fond de cette vallée au travers de laquelle notre train serpentera, traversant de temps à autre des tunnels.
J'arrive à Takayama aux environs de 20h00. Et il me tarde d'arriver à mon hôtel situé à trois minutes de cette petite gare très pratique. Sur la place de celle-ci se trouvent les taxis, la gare d'autobus et l'office de tourisme. Le centre de la vieille ville est tout proche et je découvrirai le lendemain que toutes les curiosités de la ville se situent à quinze minutes de marche en moyenne. Plutôt pratique!
Par contre, j'aurai très mal mangé sur place. Moi qui n'apprécie pas trop la cuisine nippone, j'aurai le plus grand mal à trouver un endroit où me restaurer dans cette petite ville: Entre le restaurant italien local qui me proposait des plats avec crustacés, le room service inopérant de l'hôtel et l'échoppe à soba, je terminais dans un bouiboui qui me proposait un frichti à base de choux et de poulet ( il y avait davantage de mauvais morceaux que de bons!) à cuire soi-même sur un feu au milieu d'une table. J'aurai pour seule pitance un bol de riz ce soir-là. Je découvrirai après coup que la région dispose d'un boeuf très prisé, le boeuf de Hida (Takayama Gyu). Ca me donnera l'occasion de revenir...
Takayama signifie « Haute montagne » car elle est située dans les Alpes Japonaises. Entourée de montagnes aux alentours de 3000 mètres, la ville est particulièrement connue pour le talent de ses charpentiers. Ces derniers , considérés comme les meilleurs du Japon, furent mis à contribution pour la construction de Nara et de Kyoto. En effet, compte tenu du relief accidenté et du climat défavorable , Takayama ne pouvait pas cultiver le riz qui servait à payer l'impôt. Et mit à la place ses ouvriers à disposition pour les chantiers dans tout le pays.
On me conseille les marchés du matin: Le marché de Jinya Mae et celui de Miyagawa. Là je rencontrerai une vieille dame qui me proposera l'amulette locale (photo ci-dessous): Le sarubobo, sensé être un porte bonheur, qui passe de main en main, de la grand-mère à la petite fille. Les étals sont dressés sous des toiles de tente blanches (pas très esthétiques d'ailleurs!) et permettent de découvrir des produits locaux: légumes (photo),fleurs (photo) mais aussi produits comestibles fabriqués localement et offerts la plupart du temps à la dégustation. Les habitants sont charmants, les commerçants m'autorisent à prendre des photos. Chouette!
Tout près du marché Jinya Mae ( qui signifie devant Jinya) j'aperçois ce qui fut autrefois le siège de l'ancien gouvernement (Edo Bakufu) de la province de Hida, durant la période des shoguns Tokugawa , entre 1692 et 1868. Ce lieu est classé monument historique et est le seul bâtiment de ce type encore existant au Japon. A l'intérieur se trouvent les différentes pièces où vivait le gouverneur et ses gens. De cet endroit, celui-ci gérait environ 60 domaines dans différentes parties du pays alors que près de 250 daimyos (lords féodaux) géraient leurs propriétés en propre. E Shogunat Tokugawa dirigea en effet le Japon de 1603 à 1867. Le shogun possédait ainsi différentes terres à l'intérieur du pays et chargeait des administrateurs (parmi lesquels des Gundai,Daikan et Ongoku Bugyo) de les gérer. En 1867, le shogun (Bakufu) perdit son pouvoir politique qu'il remit à l'Empereur Meiji. Depuis, l'administration des terres est menée par la préfecture de Gifu (site officiel dans les infos pratiques). Ci-dessous, vous pouvez découvrir quelques unes des nombreuses photos prises par moi sur ce lieu (rendez-vous à la section Médiathèque pour voir le reste des photos!). Malheureusement, il est interdit de prendre des clichés dans la dernière partie du bâtiment, celle qui contient des documents précieux et des objets de valeur. L'entrepôt à riz (alors que, nous l'avons vu, la culture du riz ne se prêtait guère au climat local) fut construit en 1600 et reste curieusement le plus gros entrepôt à riz du pays. A l'époque, les fermiers étaient fortement taxés et ces derniers entassaient leurs récoltes sous la forme de ballots (de 60 kilos chacun). Le Takayama Jinya disposait d'une entrée pour accueillir les officiels, de salles de réception (Ohiroma), et d'une salle de torture où on interrogeait les prisonniers et criminels (Ginmisho). On disposait déjà de toilettes et même d'une salle de bains. Et le symbole des lieux était un lapin aux grandes oreilles (Mamuki Usagi).
Pour me rendre d'un marché à l'autre, je traverse la vieille ville, constituée de rues avec des vieilles demeures privées tout en bois (photos). L'endroit est pittoresque. Je me promène parmi d'autres touristes mais je ne rencontrerai des étrangers qu'à deux reprises ce matin-là. Suite à la propagande médiatique occidentale, le Japon semble déserté. Tant mieux! J'aime ce dépaysement. Dans les rues, il est très facile de se repérer grâce à des panneaux clairs (et en quatre langues)(photo)
Dans ce vieux quartier, un guide local, en tenue traditionnelle, me fera une offre d'accompagnement (que je déclinerai). Il y en a ainsi quelques uns dans Takayama. Ceux qui le souhaitent peuvent profiter d'une promenade en calèche tiré par un homme. La rivière locale est franchie par plusieurs ponts ( dont le pont Nakabashi). En passant dans une rue, j'aperçois un automate mû par un petit moulin à eau lui même actionné par l'eau du ruisseau qui passe au pied de la maison. Il y a beaucoup d'eau à Takayama et des ruisseaux bien canalisés et entretenus courent partout dans les rues, ou même entre des rangées de maisons, apportant ainsi un peu de fraicheur dans cette fournaise estivale. Nombreux sont les Japonais qui, en milieu d'après midi, viennent se réfugier sur les bords de la rivière, près des canards et des carpes. J'arrive bientôt au deuxième marché: Le marché Miyagawa, localisé le long de la rivière, entre les ponts Kajibashi et Yayoi Bashi).
INFOS PRATIQUES:
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Office de tourisme de Takayama: http://www.hida.jp/french/index-f.htm
Ce lien donne accès à la version du site en français. J'ai été fort bien accueilli par l'employé sur place: Plan de la ville en langue française, exhaustivité de l'information donnée. Le bureau est ouvert au public dès 8h30. Demander la carte de la promenade à pied en ville (en français).
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Hotel Best Western: A éviter! Bien que confortable, j'y ai mal dormi ( la lumière intérieure du placard ne s'éteignait pas) et le room service (pourtant bien prévu de 17h30 à 21h00) n'est pas assuré entre 19h et 20h. Petit déjeuner uniquement japonais. Cher pour ce que c'est (19000 yens pour 2 nuit avec petit déjeuner compris, via Booking.com).
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Takayama Jinya: 1-5 Hachiken machi, Takayama. Tel: 0577 32 0643. Ouvert tous les jours de 8h45 à 17h30 (jusqu'à 18h30 en août). Ouvert jusqu'à 17h seulement de novembre à février. Entrée adulte: 420 yens. Visite guidée gratuite en anglais sur demande (durée de la visite : 40 minutes) Brochure en anglais. Explication sur les panneaux en japonais et en anglais.
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Site internet de la préfecture de Gifu (en anglais): http://www.pref.gifu.lg.jp/English/
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Boulangerie Française de Takayama: Boulanger Takayama ( presqu'en face du Best Western Hotel), ouvert tous les jours ( sauf lundi et mardi) de 9h à 19h. Tel: 0577 62 8383