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Voyage à Canton
(1) (Province du Guangdong, Chine)
Heure locale

Dimanche 9 octobre 2011

 

Mon travail me conduit cette fois en Chine du sud, plus exactement à Canton (Guangzhou) et j'ai la chance d'y faire escale plusieurs jours. Je vous invite donc à me suivre dans cette visite des lieux que je débute aujourd'hui. Canton tient son nom de Cantao ( en portugais) puisque ce sont des explorateurs portugais qui seront les premiers occidentaux à pénétrer cette ville, en s'installant de façon permanente dans le delta de la rivière des Perles, dès le XVI ème siècle. Mais la ville qu'on appelle aujourd'hui plus volontiers Guangzhou (capitale de la province de Guangdong) fut fondée en 214 avant J.C sous le nom de Panyu. Huit ans plus tard, elle devint la capitale du Nanyue (dynastie des Yue). La dynastie Han annexa le Nanyue en 111 avant J.C et Panyu devint la capitale provinciale qu'elle est restée depuis. C'est en 226 qu'elle prendra le nom de Guangzhou, provisoirement remplacé par Canton le temps de l'occupation européenne. Guangzhou compte aujourd'hui 14 millions d'habitants et n'a pourtant que le statut de ville sous-provinciale de Chine. C'est tout de même la quatrième ville la plus peuplée du pays.


Mon hôtel est situé à la station Yuexiu Park , juste à côté d'une station de métro. L'occasion pour moi d'opter pour ce moyen de transport extrêmement facile à utiliser. Je pénètre dans cette station puis aperçois rapidement des distributeurs de titres de transport (photo ci-dessus). Leur utilisation est très simple puisqu'un menu en anglais est disponible. Il me suffit ensuite de regarder le plan du métro de la ville puis de sélectionner à l'aide du doigt la station où je désire me rendre. L'ordinateur calcule immédiatement le coût du trajet et l'indique sur la partie droite de l'écran. Il ne me reste plus qu'à payer à l'aide de pièces (fente en haut à droite) ou d'un billet (de 5 ou 10 yuans uniquement) en haut à gauche. Je récupère ensuite en bas à droite de la machine, mon jeton vert et ma monnaie. Me voici paré pour mon premier voyage. Lorsque j'atteins les portillons d'accès, je plaque mon jeton sur la borne située dans la partie supérieur du portillon et la porte s'ouvre. Lorsque je ressortirai du métro, il me faudra glisser ce jeton dans une fente située au même endroit. J'ai décidé de me rendre au temple Hualin Si, près de la station de métro Changshou Lu. Il me faut changer rapidement de train mais les correspondances se font aisément puisque les indications sont claires et en anglais aussi. En dix minutes, me voici sur les lieux prêt à me rendre au temple. Malheureusement, je ne parle pas chinois et j'ai pris soin de me faire inscrire le nom de ma destination en chinois sur un petit papier par le concierge de l'hôtel avant de partir. Il me suffira de montrer ce morceau de papier pour que les passants m'orientent à l'aide d'un simple geste. Je serai au temple en dix minutes. Mes premiers pas dans Canton m'offrent des rues ombragées où circulent des vendeurs ambulants (ci-dessous). Les habitants auxquels je m'adresse pour demander mon chemin sont charmants et la barrière de la langue disparaît devant la bonne volonté de chacun. On m'adresse de temps à autre des « Hello » et je réponds en souriant. Je me sens en toute sécurité pendant toute la durée de ma visite. Mais je suis étonné car, contrairement à la France, je ne vois que des Chinois dans les rues: Seulement quelques rares étrangers montrent de temps en temps leur bout de nez.


Le temple Hualin Si est accessible librement par une petite entrée ornée de lanternes rouges. De chaque côté du porche se trouve un lion. Dès que j'entre dans le temple, j'aperçois sur ma gauche une boutique et sur ma droite un premier sanctuaire, avec un bouddha doré. On me laissera prendre librement des photos, y compris dans la salle des 500 arhats. Les gens me regardent simplement, un peu surpris par ma présence. Il faut dire que je ne croiserai pas beaucoup de touristes durant cette première journée. Je m'avance vers cette cour qui laisse apparaître le bâtiment principal du temple (ci-dessus), sur ma gauche. Des chinois viennent allumer leurs bâtons d'encens dans un recoin discret avant de se diriger face au temple et d'adresser une courte dévotion en se dirigeant en direction du temple, puis de la tour Sarira, et enfin en direction du Hall des 500 arhats. Des panneaux d'information en anglais me permettent de m'informer sur les lieux. J'apprends ainsi que le temple bouddhiste Hualin Si fut fondé en 526 et reste le temple le plus populaire de la ville. Ce temple connut pourtant des péripéties tout au long de son existence: Une partie fut notamment vendue aux enchères en 1924 pour y construire des maisons.

Face au bâtiment principal se trouve le Hall des 500 arhats ( un arhat est , dans le bouddhisme, un pratiquant spirituel qui a réalisé certains stades élevés d'obtention. Le terme varie selon les écoles et les traditions). Il est dit que la 29è année de la période Daoguang , c'est à dire en 1849, le moine du temple, Zhiyuan, construisit le hall en question sur l'ordre de l'Empereur. Pour ce faire, il se rendit au temple Jingci de Hangzhou dans le Zhejiang, copia les images de 500 arhats et tailla leurs effigies. Il termina ce travail en 1851 ( première année de la période Xianfeng). On trouve ainsi 500 statues dans des positions et des expressions les plus diverses (photos ci-dessous). On trouve entre autre un arhat surnommé Ven, et un autre appelé Shand (qui représente l'image de Marco Polo, le célèbre voyageur avec son grand chapeau qui apporta le premier la culture occidentale en Chine).


Lors de la Révolution culturelle ( un accident de l'histoire selon moi) dans les années soixante, le hall fut détruit ainsi que toutes les statues s'y trouvant. Il faudra attendre les années 1990 pour que soit reconstruit le lieu et qu'on remette des arhats. Le temple est depuis lors réouvert au public.

A l'intérieur du Hall se trouve un lieu de prière avec plusieurs sanctuaires (photo ci-dessous). A cet endroit, un panneau nous informe de la présence de Sakyamuni Sarira dans ce temple. Il est nécessaire de revenir sur Sakyamuni qui fut surnommé le sage des Sakyas ou encore le bouddha éveillé. Chef spirituel, il vécut au VI ème siècle avant J.C et est le fondateur historique d'une communauté de moines errants qui sera à l'origine du bouddhisme. Le terme Sarira signifie corps ou corps humain. Dans la philosophie indienne, et plus particulièrement dans le Vedanta (école de philosophie indienne), on dénombre trois corps qui constituent le Jiva (l'individualité). Sarira est apparu après la disparition de Sakyamuni. Sakyamuni Sarira représente ici le très recherché reliquaire bouddhiste, l'un des trésors du monde, dont on dit que toute personne qui l'a vu vivra les trois prochaines années dans la plus grande quiétude et que ses trois prochaines générations deviendront riches. Ces reliques furent déposées au temple en juillet 1996.


Un autre lieu est remarquable dans le temple Hualin Si. Il s'agit d'une tour en marbre située dans la cour du temple, entre le bâtiment principal et le Hall des 500 arhats, la tour de Sarira. C'est le moine Yuanhai du temple Hualin Si qui construisit cette tour, en 1701 (la 40 ème année de la période Kangqi de la dynastie des Qing), sur l'ordre de l'Empereur Kangxi. Cette tour mesure 7 mètres et est érigée en marbre du rocher des sept étoiles. Elle possède six côtés et sept étages. Chaque pierre est ornée de motifs ce qui permet à la tour d'offrir une allure solide et une structure élégante et classique. En 1924, la tour Sarira demeurera à son emplacement actuel en dépit de la vente d'une partie du temple. Mais en avril 1965, elle sera déplacée (Révolution culturelle oblige!) au Jardin des Orchidées sur la route nord de Jiefang. Et laissera apparaître dans ses fondations 22 sakyamuni sariras qui se trouvaient à l'intérieur d'une crypte (située au centre de la tour). Dans cette crypte se trouvait une boite rectangulaire en pierre, contenant elle-même une boite en bois scellée avec de la colophane (résine transparente) et des reliques bouddhistes. Dans cette boite, on trouva une autre petite boite carrée en bronze avec les mots suivants: »A l'automne de l 'année Xinji (période Kangxi) de la dynastie des Qing, le moine Yuanhai érigea cette tour de marbre pour accueillir les 22 sakyamuni sariras. La postérité les respectera et ne les détruira pas ». Dans la boite en bronze reposait une boite en argent contenant 38 perles et 11 lotus d'argent (le plus gros était un lotus doré entouré de dix autres, plus petits). Chaque lotus contenait une graine. Ce ne fut qu'entre 1994 et 1996 que la tour rejoignit son emplacement initial et que les trésors regagnèrent le temple Hualin Si.


Avant mon départ du temple, j'échange quelques mots en compagnie d'un jeune couple chinois. Nous sommes dimanche et ils ont fait, comme moi, le choix de se promener au temple. Un autre couple vient se greffer dans notre conversation. Je leur fais part de mon souhait de me rendre au marché Qingping et ils me proposent aussitôt de m'y accompagner. Ce marché se trouve derrière l'hôtel Holiday Inn, à dix minutes de marche du temple. Le marché Qingping , situé en face de l'île de Shamian, était autrefois l'un des plus grands et des plus célèbres marchés de Chine mais il a depuis perdu de son animation surtout depuis l'épidémie de SRAS. On y vend en effet des animaux (photos ci-dessous) dont des chiots, oiseaux, poissons, tortues et petits rongeurs. On y trouve toujours la pharmacopée habituelle des chinois avec leurs ingrédients exotiques. Je passe ainsi devant des boutiques qui vendent des poissons et des fruits de mer séchés sensés détenir toutes les vertus. Mais on trouve aussi sur place des fruits et légumes, des souvenirs, des céréales. Ce lieu a conservé un certain exotisme et mérite d'être visité.


Après le temple, il me paraissait évident de me rendre à la Cathédrale du Sacré Coeur, témoignage historique du passage des Européens dans cette ville. Je reprends donc le métro pour descendre à la station Haizhu Square. A mon arrivée, de nombreux mendiants sont installés dans l'entrée. Je croise aussi de nombreux africains. Il y a une colonie africaine non loin d'ici ce qui explique leur présence. Je m'entretiens quelques instants avec l'un d'entre eux. Il est nigérian et il exporte des produits chinois au Nigéria. A droite en entrant sur le parvis, j'aperçois un hangar. A vrai dire, il s'agit d'un centre d'enseignement de la religion catholique, destiné aux personnes analphabètes qui sont désireuses de s'instruire.


Je pénètre bientôt dans cette cathédrale qu 'on surnomme aussi Maison de pierre (car elle a été construite en granit). J'y trouve des gens assis sur de grands bancs en bois, en train de dormir pour certains ou de lire le journal, d'autres consultent leurs emails sur leur téléphone ou prient. Des tabourets en plastique hideux ainsi que de gros ventilateurs ont été rajoutés ici et là, ce qui donne l'impression d'un joyeux bazar. La Cathédrale du Sacré Coeur fut érigée entre 1863 et 1888 , par Léon Vautrin (Nancy) et grâce au talent du tailleur de pierres chinois, Cai Xiao. Cet édifice , proclamé bien culturel important depuis 1996, offre ainsi un mélange architectural de style chinois et de néogothique. Et témoigne du mariage des cultures chinoise et européenne. L'église a été bâtie sur un terrain qui mesure 2754 m². L'édifice mesure 35 mètres de large pour une profondeur de près de 79 mètres, et une hauteur de 58,5 mètres. Les deux clochers lui donnent une impression de grandeur et l'église, construite en forme de croix, symbolise le sacrifice de Jésus Christ. Les vitraux de la cathédrale racontent des scènes de l'histoire biblique (photo ci-dessous). La Cathédrale du Sacré Coeur est le seul bâtiment gothique qui a été construit à l'aide de pierres taillées , dans toute l'Asie du sud-est. Les outrages du temps firent malheureusement leur oeuvre et il fallut bientôt envisager une réfection complète de l'église. Les poutres en bois avaient été rongées par les fourmis et il fallut les remplacer par des poutrelles d'acier renforcées par du béton dès 1928. En 1938, l'escalier et le sol de la cathédrale furent renforcés avec du béton. En 2000, l'association des Catholiques patriotes de Guangzhou projetèrent une rénovation complète des lieux. En juillet 2002, le maire de la ville décida la restauration de l'édifice pour un montant total de 24 millions de yuans (19 millions furent apportés par la municipalité, trois millions par l'église et deux millions par les dons des fidèles). Les travaux commencèrent deux ans plus tard pour s'achever en octobre 2006. Ils concernèrent les toits, les plafonds, les murs, les vitraux, mais aussi la vérification du mécanisme horloger, l'installation de l'éclairage et d'un système de sécurité, le paratonnerre et l'amélioration de l'acoustique.

 

 

INFOS PRATIQUES:

 


  • Site internet du métro de Guangzhou (en anglais): http://www.gzmtr.com/en/

    Hotline: 832 899 99.

  • Temple Hualin Si, ouvert tous les jours de 8h00 à 17h00. Entrée libre. Photos autorisées. Informations en anglais. Métro: Changshou Lu.

  • Informations touristiques sur Guangzhou: http://www.cnto.org/guangzhou.asp

  • Site internet de la ville de Guangzhou: http://visitgz.com/en/

  • Cathédrale du Sacré Coeur , N°56 JiuBuQian , Yi de Road, Guangzhou. Ouverte aux visites de 6h45 à 11h30 et de 14h30 à 17h30. Site internet (en chinois uniquement): http://www.gzcatholic.org/

    Métro: Haizhu Square, puis prendre la sortie B2, l'escalier puis continuer tout droit en haut de l'escalier, passer un premier grand carrefour, continuer tout droit puis la cathédrale se trouve sur votre droite après dix minutes de marche.

     

    Un livre, contenant de jolies photos de l'édifice ainsi qu'un texte en anglais est en vente sur place.

     

    Plusieurs offices ont lieu chaque jour en langues cantonaise, coréenne, anglaise et en mandarin. Horaires sur place.

  • Starbucks Coffee: Café infecte et thé à base d'herbes imbuvable. Seule l'extrême gentillesse du personnel présente un intérêt. A déconseiller!

  • La Deli Shop de l'hôtel Marriott China Hotel propose de délicieuses pâtisseries, pas chères ainsi que du bon café.









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