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Imari et sa porcelaine
(Préfecture de Saga, Kyushu, Japon)
Heure locale


Samedi 24 mars 2012

 

Pour ce premier weekend, j'ai pris le shinkansen en gare de Tokyo pour me retrouver, neuf heures plus tard,à ...Imari, petit ville de l'île de Kyushu. Il me fallut de la volonté pour me rendre à cet endroit pour le moins reculé. Imari est une petite ville portuaire du Japon, située dans la préfecture de Saga. Elle fut fondée le 1er avril 1954, dans le fond d'une baie profonde. Imari, bien que peu équipée pour le tourisme (j'ai eu le plus grand mal à trouver un café ouvert ce matin avant 9 heures, et un restaurant digne de ce nom autour de mon hôtel!) attire les visiteurs à cause de sa céramique. Cela fait en effet des siècles que la ville exporte ce produit fabriqué à Arita, juste à quelques kilomètres à l'intérieur des terres. Imari a depuis donné son nom à un style de céramique connu dans le monde entier. C'est ce que je vais vous emmener voir maintenant.


 

La première chose qui me sauta aux yeux, à mon arrivée à la gare d'Imari hier soir, fut un magnifique vase trônant dans la rue et symbolisant la spécialité de la ville. Parti tôt ce matin après une bonne nuit de sommeil, j'ai arpenté longuement les rues d'Imari et ai découvert ces porcelaines de rue: Vases, oiseaux, figurines, personnages, la collection est impressionnante. On retrouve d'ailleurs la céramique un peu partout, que ce soit sur les murs des magasins, sur les bornes de parking (ornées de petits carreaux de faïence) ou sur les caches des prises de courant de la galerie de céramique Imari Baneshima. En regardant bien, on retrouve des petits fragments de céramique dans le bitume recouvrant certains trottoirs du côté de la gare. Les céramiques de rue se trouvent souvent à l'entrée des ponts franchissant la rivière locale, mais aussi à l'entrée de certaines rues, comme cette magnifique statue en costume traditionnel (photo ci-dessous).


 

Je longe bientôt la rivière et arrive au sanctuaire de la ville. Il me faut gravir les marches raides d'un escalier de pierres avant d'atteindre l'endroit (ci-dessous). Je suis seul ce matin car la ville se réveille à peine, et je dois avouer que la température n'invite pas à sortir, car un fort vent rafraichit l'atmosphère. Qu'à cela ne tienne! Les attractions n'ouvrant qu'à dix heures, je marche en direction de la gare pour me rendre à l'office de tourisme, dans l'espoir de faire le point sur les curiosités de la ville. Mis à part les céramiques, la cité n'a rien d'attractif: Pas de jardins, pas de belles maisons. Les habitants sont par contre extrêmement gentils avec l'étranger que je suis. Mais la ville n'est pas adaptée pour recevoir des visiteurs occidentaux. Il est rare de trouver de la documentation en langue anglaise et je tâtonne dans les boutiques lorsque je me retrouve en face d'un écran me demandant, en japonais, de faire telle ou telle manipulation, alors qu'à Tokyo, je peux souvent faire le choix de la langue anglaise. Un bâtiment m'interloque: Une sorte de beffroi ( pour un peu, je me croirais à Calais!) domine les toits de la ville(deuxième photo). Il ne s'agit que d'un hôtel organisant des mariages.


 

Revenons quelques instants sur l'histoire de la porcelaine d'Imari. Sa production débuta en 1616 dans la région d'Arita, alors cité des potiers de l'île de Kyushu. On attribue à un coréen , Ri Sampei, trainé de force au Japon, l'exploitation d'un premier gisement de kaolin situé au pied de la colline de l'Izumiyama. Maitrisant la cuisson dans les fours, il aurait réussi à atteindre les 1400° C nécessaires afin d'obtenir de la porcelaine ressemblant à celle des Chinois. C'est ainsi que disparut un monopole (chinois) de la porcelaine, vieux de sept siècles.

On exporta ainsi cette porcelaine en abondance vers l'Europe jusqu'en 1757, notamment avec le concours des Hollandais (Compagnie Orientale des Provinces-Unies). Les décors européanisés, destinés à séduire la clientèle occidentale, seront cependant toujours inspirés par la spiritualité asiatique: Shintoïsme,confucianisme, bouddhisme, taoïsme....Ce style de porcelaine va tout simplement prendre le nom de son port d'exportation: Imari. Le style Imari est reconnaissable grâce à ses trois couleurs dominantes: Le bleu de cobalt, le rouge de fer, et le fond blanc de la porcelaine. Le tout rehaussé par de l'or. Les dessins intègrent surtout des fleurs mais on retrouve aussi des éléments issus du monde minéral et du règne animal (photo ci-dessous). L'effet brocart souvent obtenu plait beaucoup aux cours européennes avides de trompe-l'oeil.

Deux autres styles de porcelaine apparaissent conjointement au milieu du XVII è siècle: Le style Kakiemon, et le style Nabeshima ( nom d'une puissante famille qui a alors la main sur l'industrie de la porcelaine à Arita). Ce dernier style est d'une rare beauté , d'une modernité surprenante, et sera surtout réservé à la cour shogunale de la dynastie des Tokugawa. Le clan Nabeshima était un clan de samouraïs très influent sur l'île de Kyushu puisqu'il controla le domaine de Saga dès la fin de la période Sengoku et durant la période Edo. Descendant du clan Fujiwara, il prête aujourd'hui son nom à une galerie de porcelaines à Imari.


 

Le style Imari sera largement copié, d'abord par les Chinois qui reprendront ainsi les affaires avec les Occidentaux, fin XVII è et début XVIII è siècles. On parle alors d' »Imari chinois ». Puis les Européens s'inspirent à leur tour des couleurs et du répertoire de ce style. D'abord sur la faïence de Delft, puis sur la porcelaine de Dresde en 1708. Puis en France, à Bayeux, Isigny, Paris et Limoges. Les Anglais seront les meilleurs clients de ce style qui habillera toutes les poteries du royaume fin XVIII ème. Plus le style Imari est copié, plus il est connu, et plus il s'enrichit de nouveaux décors originaux (photos ci-dessous).

 

On compta autrefois une trentaine de fours, rien qu'à Imari. Un musée de la céramique (photo ci-dessous) propose aux visiteurs de découvrir ce que fut l'histoire de la porcelaine dans la cité. Enfin, c'est ce que je croyais car, une fois sur place, on me reçoit fort aimablement mais on ne me donne pas d'informations sur la porcelaine. Seul un bref dépliant rédigé en japonais m'est remis pour m'expliquer succinctement les lieux. Je ne pourrai qu'admirer la beauté des porcelaines et apprécier l'accueil qui m'est offert. Une boutique existe pour les amateurs, et un atelier peut vous proposer une initiation à la poterie. Renseignez-vous au préalable.

 

Alors que je me promène du côté de la gare, je suis attiré par de la musique. Sur place, je découvre des jeunes danseurs et musiciens, hommes et femmes, qui se livrent à des danses rythmées face à un public clairsemé (photos ci-dessous) et dans le froid de ce vent glacial qui souffle sans discontinuer. Une dame me dit qu'il s'agit de la Fête du Printemps. Quelle bonne idée! Je filme aussitôt quelques vidéos (vidéo 1, vidéo 2, vidéo 3, vidéo 4) afin de vous faire partager ce moment convivial. On encourage le public à participer à la fête en jouant du tambour, en dansant ou en défilant et on offre aux spectateurs des friandises. Occupé avec mon appareil-photos, j'aurai juste le temps de me faire prendre en photo avec le dragon local!


 


 

INFOS PRATIQUES:

 


  • Site officiel (en japonais) de la ville d'Imari: http://www.city.imari.saga.jp/

  • Café Katsuki, à deux pas du LAWSON'S situé près de la gare, ouvert dès 8 heures du matin et tenu par une charmante dame qui vous propose café + toasts ( 700 yens). Son chien, un peu cabot au départ, s'habitue à vous rapidement. Tel: 0955 22 3807.

  • Galerie Imari Nabeshima, au-dessus de l'office de tourisme de la ville (situé à la gare ferroviaire). Ouvert de 10h à 17h. Droit d'entrée: 300 yens. Malheureusement, tous les panneaux d'information ainsi que les brochures sont en japonais. Belle collection d'assiettes et de vases en porcelaine. Photos interdites. Tel 0955 22 2267.

  • Site de l'Office du tourisme japonais: http://www.tourisme-japon.fr/Decouvrez-le-Japon/Destinations/Kyushu-Okinawa/Voyages-dans-le-Kyushu/Imari

  • Livres sur le style imari: http://www.imari.fr/

  • Musée de la Céramique d'Imari, ouvert de 9h30 à 17h00. Tel: 0955 23 2234. Entrée libre. Au rez-de-chaussée, vaisselle et porcelaine, au 2è étage, assiettes et vases en vitrines , ainsi qu'un atelier de porcelaine. Site internet (en japonais): http://www.eimari.com/

  • Si la porcelaine d'Imari vous intéresse, ne manquez pas l'exposition « Odyssée de l'Imari », qui se tiendra au musée de la Compagnie des Indes à Lorient, du 9 juin au 2 septembre 2012: http://musee.lorient.fr/

  • Imari Grand Hotel, Shintencho 466-11 Imari ( à 10 minutes de la gare). Tel: +81 955 22 2811. Hotel confortable.

  • CASA, restaurant familial, bon et pas cher, à cinq minutes de l'Imari Grand Hotel. Tel: 0955 22 5243






 



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