Samedi 7 avril 2012
Pour mon dernier weekend, je m'embarque pour Kyoto l'inoubliable. Ce n'est pas la première fois que je m'y rends mais cette fois, j'y vais pour photographier le sakura dont on dit qu'il est particulièrement beau en cet endroit. Lors de mon arrivée le vendredi soir, ma déconvenue est grande: Il fait franchement plus froid qu'à Tokyo et on m'a dit que la floraison des cerisiers avait pris du retard cette année. J'ai dû réserver un hôtel à Kusatsu (dans la banlieue de Kyoto) vu l'affluence des étrangers et des Japonais en cette période de l'année. J'ai maintenant l'habitude de déambuler seul, de prendre un train, puis un autre. La gentillesse des gens fait le reste.
Après une bonne nuit de sommeil, je décide de partir à la chasse aux cerisiers. Sur les coups de neuf heures, c'est déjà la foire d'empoigne à l'office de tourisme de la gare. J'arrive tant bien que mal à me procurer un plan détaillé de la cité puis les (rares) endroits où je devrais pouvoir apercevoir le sakura.
IL apparaît que la région de Kyoto ne fut peuplée qu'à partir du VII ème siècle par le clan Hata qui était venu de la Corée. Ce clan descendrait du Prince Yuzuki no Kimi , lui-même descendant du premier Empereur de la dynastie Qin. Bons financiers, les Hata se construiront une bonne réputation et introduiront la soir et les techniques du tissage au Japon. Ils essaimeront plus tard dans tout le pays pour diffuser la sériculture. Kyoto deviendra la capitale du Japon au moment où l'Empereur , voulant s'éloigner de l'influence du clergé bouddhiste, au cours du VIII ème siècle, transférera le pouvoir de Nara vers ce nouvel endroit d'abord surnommé « Heiankyo » (la capitale de la paix) rebaptisé plus tard Kyoto.
J 'aperçois mes premiers cerisiers en fleurs devant le temple Higashi Nonganji, situé à dix minutes à pied de la gare ferroviaire (photo ci-dessus). Ce temple se trouvait à l'origine à Higashiyama lorsqu'il fut construit en 1272. C'est en 1592 qu'il sera transporté sur son emplacement actuel. Ce temple abrite plusieurs trésors nationaux et on le surnomme le temple du vœu d'origine qui est situé à l'est . Il trouve ses origines dans des sous-sectes du bouddhisme Shin. Tokugawa Ieyasu voulant diminuer la puissance de ces sectes, ordonna la construction de ce temple en 1602, divisant ainsi en deux ladite secte ( un autre temple existe , qui s'appelle Nishi Honganji). Ce lieu rassemble 5,5 millions de membres mais est surtout à l'origine de l'apparition de nombreux penseurs influents comme par exemple Soga Ryojin, Kiyozawa Manshi, ou Kaneko Daiei.
A quelques encablures de là, se trouve un jardin : Le jardin Shosei-en. Il est la propriété du temple que nous venons de voir et est aussi connu sous le nom de Kikoku-Tei (le bosquet orange) à cause de la présence d'orangers qui furent plantés autrefois sur son sol. Mais point d'orangers à l'horizon aujourd'hui. Ce jardin aurait été construit sur le site de la propriété Rokujo Kawara, qui appartenait au prince Minamoto no Toru, fils de l'Empereur Saga, qui vécut au IX ème siècle. Minamoto no Toru fut un homme politique et un poète de l 'époque Heian. On dit qu'il aurait pu servir de modèle pour Hikaru Genji, personnage principal de la plus importante œuvre classique en prose de la littérature japonaise, « Le Dit du Genji ». Il fera ainsi reproduire le paysage de Matsushima (un des archipels japonais les plus célèbres, appelé aussi l'île à pins) dans sa résidence qui, du coup, recevra le nom de Palais de la grève. Se promener en ces lieux est un enchantement. Dès le portail d'entrée, les cerisiers sont au rendez-vous. Sur ma gauche, j'admire Onrin-do, le Hall avec un altar bouddhiste (première photo ci-dessous), puis, un peu plus loin, au centre du jardin, la porte cérémoniale appelée Boka-kaku ( deuxième photo).
La plupart des cerisiers sont rassemblés autour de cette porte, et au bord d'un ruisseau qui coule en silence (photo ci-dessous). Il y a beaucoup de monde en ce début de matinée. Les Japonais ne 'y sont pas trompés. Malgré le froid, c'est une belle journée qui se prépare. Je croise quelques étrangers de temps à autre, puis deux dames japonaises avec lesquelles j'échangerai quelques instants en japonais. L'une d'entre elle est professeur de japonais à Fukuoka. Elle est surprise de rencontrer un Français qui pratique sa langue. Je lui remets ma carte, nous échangeons nos mails et je lui promets, ainsi qu'à son amie, de lui faire signe lors de mon prochain passage à Fukuoka.
En 1641, le shogun Tokugawa Iemitsu offrit une grande parcelle de terre (incluant le site du jardin actuel) qui allait jusqu'au temple Higashi Honganji. Deux ans plus tard, Sennyo Shonin, treizième héritier de la tradition Honganji demanda à Ishikawa Jozan de créer un jardin. Ce fut le commencement de l'histoire de Shosei-en.
En 1858 et en 1864, des incendies réduirent les lieux à néant. Mais dès 1865, des travaux de restauration furent entrepris et l'on reconstruisit les bâtiments ainsi que le bassin et le magnifique mur situé à l'entrée du jardin. Ces travaux dureront jusqu'au début de l'ère Meiji. En 1936, le jardin Shosei-en recevra le titre de monument national historique. Il fait depuis le bonheur des visiteurs.
Je me promène dans les allées du jardin et rencontre une maiko (apprentie geisha) en pleine séance photos (ci-dessus). Je franchis un pont de pierre et me retrouve dans le jardin japonais (le jardin possède en effet deux parties) pour bientôt apercevoir une grue en escale sur un îlot non loin de là (photo ci-dessous). Soudain, je remarque un autre pont, un pont passerelle très original (première photo ci-dessus). Il s'agit en réalité du Pont Kaito-Ro, un pont couloir de style chinois. Il me permet de prendre une photo de la vue générale du jardin Shosei-en (deuxième photo ci-dessus), avant de franchir l'autre rive. Je passe bientôt à proximité d'une maison de thé, toute en bois, qui possède un magnifique portail d'entrée (troisième photo ci-dessus).
J'aurai bien sûr apprécié tout au long de ma visite les nombreux cerisiers déjà en fleurs (photos ci-dessous)
INFOS PRATIQUES:
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Temple Higashi Honganji, Shichijo-agaru Karasuma-dori, himogyo-ku à Kyoto. Ouvert tous les jours de 5h50 à 17h 30 ( de 6h20 à 16h30 de novembre à février). Entrée libre. Site internet: http://higashihonganji.or.jp/english/
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Jardin Shosei-en, igashi-Tamamizucho, Shimojuzuyamachi, Ainomachi-higashiiru, Shimogyo-ku à Kyoto. Tel: 075) 371 9210. Ouvert tous les jours de 9h30 à 16h00. Droit d'entrée: 500 yens. Brochure en anglais. Les maisons du jardin ne sont pas accessibles aux visiteurs.
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Les lieux remarquables du sakura à Kyoto: Le sentier des Philosophes (entre les temples Ginkakuji et Nanzenji), le parc Maruyama (à côté du sanctuaire Yasaka), Arashiyama (nord ouest du centre ville), le sanctuaire Heian (derrière le bâtiment principal), le canal Okazaki (en dehors du sanctuaire Heian), le temple Daigoji (à 15 minutes à pied de la station Daigoji), le château Nijo ( à deux pas de la station Nijojo-Mae).