Samedi 5 janvier 2013
Cela faisait presque deux années que je n'étais pas retourné à Mexico City (Mexique). Cette fois, je m'y arrête pour 48 heures et pars pour une balade dans cette ville. Mexico est la capitale du Mexique, mais aussi la ville la plus peuplée de ce pays. Située au centre du pays, dans une vallée, elle se trouve cependant à une altitude de 2250 mètres, ce qui donne le souffle court et rend les efforts plus pénibles (surtout pour les fumeurs!). Mexico City comprend quelques 24 arrondissements et regroupe...43 millions d'habitants environ. L'aire urbaine de Mexico, elle, s'étend sur 60 km par 100 km et reste la troisième aire de ce type le plus peuplée dans le monde. Il faut donc s'imaginer l'importance et le gigantisme du lieu.
La vallée de Mexico est entourée par plusieurs chaines de montagnes dont la Sierra de Las Cruces, la Sierra de Ajusco et la Sierra de Guadalupe. Deux principaux volcans (Iztaccihuatl et Popocatépetl) se trouvent dans une autre sierra ( Sierra Nevada) à environ 5400 mètres d'altitude. Couverts de glaciers et de névés, ils sont actuellement inoffensifs. La Vallée de Mexico dans laquelle a été construite la capitale est perméable grâce à un ensemble d'argile, de vase de l'ancien lac, de laves et de cendres déposées au quaternaire. Des mouvements de terrain se produisent de temps en temps, qui sont dus à l'érosion continuelle, et provoquent l'enfoncement des lieux de plusieurs centimètres chaque année
La Place de la Constitution, appelée aussi Zocalo, est située au cœur de la capitale. Elle est l'une des plus grandes places au monde. Le terme zocalo vient de l'italien zoccolo (piédestal) ou socle (zocalo). Cette place fut édifiée au XVI ème siècle par les Conquistadors, à l'endroit même où se tenait le centre politico-religieux de Tenochtitlan, alors capitale de l'empire aztèque. On y voit la Cathédrale métropolitaine de Mexico ( ci-dessous). C'est la plus grande cathédrale d'Amérique et elle fut construite dans un style baroque espagnol avec ses deux tours néoclassiques de 64 mètres de hauteur, et qui portent dix-huit cloches. Trois ans après la conquête espagnole de la cité aztèque de Tenochtitlan, Hernan Cortès entreprendra la construction d'une première église, qui sera convertie en cathédrale par Charles Quint et le Pape Clément VII d'après la bulle du 9 septembre 1530. La cathédrale obtiendra le titre de métropolitaine en 1547 sur décision de Paul III. Devenu très vite trop petit, l'édifice fut détruit en 1571. Une nouvelle cathédrale fut alors bâtie par le vice-roi Martin Enriquez de Almanza et l'archevêque Pedro Moya de Contreras. Celle-ci sera consacrée en 1667. A l'intérieur, une curiosité: La chapelle latérale, la Sagrario (deuxième photo), de style churrigueresque mexicain, fut érigée entre 1749 et 1769. Le style baroque churrigueresque se caractérise par une abondance ornementale et apparaît en Espagne au XVIII ème. Il tient son nom à la famille des Churriguera, sculpteurs à Salamanque. Il faudra attendre 1813 pour que la cathédrale soit complétée par des éléments finaux, deux clochers et un dôme central, qui sont l'œuvre de l'architecte néo-classique espagnol Manule Tolsa.
A deux pas de là, j'admire le Palais National, siège du pouvoir exécutif fédéral au Mexique (ci-dessous). Ce site fut un palais conçu pour la classe dirigeante mexicaine depuis l'empire aztèque et beaucoup de matériaux de construction proviennent du palais d'origine ayant appartenu à Moctezuma II. Long de 200 mètres, ce palais abrite les bureaux du président du Mexique, le Trésor fédéral et le bureau des archives nationales. Sa façade est bordée par deux tours, au nord et au sud, et comprend trois portes principales. Il faut emprunter la porte sud pour accéder aux bureaux du président tandis que la porte nord est connue sous le nom de Porte Mariana nommée ainsi en l'honneur de Mariano Arista qui l'avait construite en 1850. On peut observer, au-dessus de la porte centrale, le balcon principal où, juste avant 23 heures, le président mexicain prononce le Grito de Dolores (l'appel à la sédition contre les autorités soumises aux ordres de Joseph Bonaparte en Nouvelle-Espagne lancé par le curé Miguel Hidalgo le soir du 15 septembre 1810, dans la localité de Dolores, près de Guanajuato) tous les 15 septembre, lors d'une cérémonie de commémoration de l'indépendance du pays. Durant cette cérémonie, une cloche suspendue au balcon, sonne. C'est cette cloche que le Père Hidalgo fit sonner en 1810 pour appeler à la révolte contre l'Espagne. A l'intérieur du palais se trouve un patio principal, entouré d'arcades de style baroque. Dans une cage d'escalier, une peinture murale représente l'histoire du Mexique de 1521 à 1930, sur une surface de 450 m2. L'œuvre s'intitule « L'épopée du peuple mexicain » ( ci-dessous).
En 1843, le général Antonio Lopez de Santa Anna, alors président du Mexique pour son sixième mandat organisa une conférence afin de réfléchir à un monument symbolisant l'indépendance de la nation au centre de la place Zocalo (en photo ci-dessous)qui avait jadis accueilli la statue équestre de Charles Quint. On décida donc d'édifier la colonne de l'indépendance de l'architecte Lorenzo de la Hidalgo. On posa le 16 septembre 1843 le socle de marbre blanc mais, par manque de fonds, la fameuse colonne ne sera jamais construite. La pierre, elle, demeure depuis, et le fameux « socle » devenue Zocalo donne son nom à la Place. Cette place est depuis devenue le lieu de toutes les manifestations politiques et syndicales où s'échangent idées et opinions.
Le Musée d'Art populaire de Mexico (ci-dessous) expose les œuvres remarquables d'artisans qui reflètent la culture populaire mexicaine. Ouvert en 2006 avec entre autre l'appui du gouvernement, ce musée est hébergé dans un bâtiment construit en 1928 dans le style art-déco par l'architecte Vicente Mendiola à la place d'un hospice et d'une école. Les lieux abritèrent successivement une caserne de pompiers et de police, puis à partir de 1957 les bureaux de la trésorerie, puis enfin en 1980, le Secrétariat de la Marine. Réhabilité en 1998 suite au tremblement de terre de 1985, l'endroit abrite depuis ce musée et permet de découvrir cet art populaire qui regroupe au Mexique environ 8 millions d'artisans. Chaque région dispose de des propres richesses et de ses traditions. Ainsi peut-on admirer dans ce musée les objets des 31 états du pays, qu'ils soient préhispaniques ou contemporains. Poterie, argent, bois, verre, carton, papier, pâte de sucre...entrent dans la composition des 2600 pièces témoignant de la créativité et de l'ingéniosité des artisans mexicains. Cinq salles exposent à elles seules mille pièces sur les thèmes suivants : Le fantastique, les racines de l'art populaire, le quotidien, le sacré et les expositions temporaires. A découvrir.
Le centre historique de Mexico que je visite maintenant est incontournable car c'est à partir de ce centre que la ville actuelle se développa (rappelons-nous que la capitale mexicaine est inscrite au patrimoine culturel de l'humanité de l'Unesco depuis 1987).Le centre historique fut aménagé avant l'arrivée des Conquistadors en Amérique, à l'endroit même de l'ancienne cité aztèque de Tenochtitlan, laquelle fut en grande partie détruite par les Espagnols afin de laisser à l'époque la place à ce qui devait devenir la capitale de la Nouvelle-Espagne. On y compte presque 1500 édifices regroupés sur 9 km2. Ce quartier historique est depuis toujours le point de départ de quatre voies principales de l'ancienne Tenochtitlan, voies qui, encore aujourd'hui, ont conservé leur tracé et leur utilité : La route Tenayuca (l'actuelle Calzada Vallejo) qui mène au nord, la route Tlacopan (l'actuelle Mexico-Tacuba) qui mène à l'est, la route Iztapalapa (l'actuelle Tlalpan) qui mène au sud et la route Tepeyac (l'actuelle Calzada de los Misterios) qui mène à l'est. Dans ce centre historique, se succèdent places, édifices, palais, temples, musées et marchés ayant survécu au fil du temps. Pour la petite histoire, Mexico doit son surnom de Ville des palais à son centre historique.
C'est dans ce centre que se trouve la cathédrale métropolitaine de Mexico, qui rassemble les styles classique, baroque et churrigueresque, Renaissance et néo-classique. Le Palais national fait aussi partie des joyaux du quartier, ainsi que l'hôtel de Ville de Mexico, tous situés sur la Place Zocalo. La rue Regina est très courue par les touristes. Autrefois obscure et délaissée, elle a depuis été remise en valeur. On y voit des façades d'immeubles typiques, mais aussi un mur végétal (première photo ci-dessus) et un mur ornée d'une peinture représentant la famille Burron (deuxième photo). On y trouve aussi l'arrière du cloitre Sor Juana,actuelle université ( malheureusement en cours de réfection), mais aussi l'hôpital Concepcion Beistegui ( en photo ci-dessous), monument archéologique à la façade baroque,devenu aujourd'hui une maison de retraite. A proximité, l'église Régina (deuxième photo), d'époque coloniale, portait autrefois le nom de Couvent Regina Coelli dont je découvre l'image (troisième photo ci-dessous) à l'intérieur de la petite église. A l'origine, Régina Coelli (ou Reine du Ciel) est un ancien hymne marial latin de l'église chrétienne. L'une des quatre antiennes mariales de la bienheureuse Vierge Marie. Sa paternité, inconnue, n'empêche pas ce chant d'apparaitre au XII ème siècle,principalement utilisé par les Franciscains. Dans la même rue, non loin de là, on trouve un parc pour enfants avec le mur aux artistes, et l'école secondaire N°1 avec sa façade gréco-romaine.
En se rendant en direction de l'Alameda Central, on trouve quelques exemples d'architecture porfirienne éclectique notamment dans la rue 5 de Mayo ou dans la rue Madero ( rue piétonne avec artistes urbains et musiciens comme ci-dessous). La Place Manuel Tosa offre une grande harmonie architecturale avec des édifices comme le Musée national des Arts, le Palacio de Mineria et son salon du livre, et le Palais postal (dont on peut admirer l'intérieur sur la deuxième photo ci-dessous) dont l'architecture raffinée est inspirée de celle de Venise (troisième photo). On relève aussi le superbe Palais des Beaux Arts, qui avait donné lieu à un précédent reportage sur ce site. Sa salle de concerts est l'une des plus belles au monde et est ornée de sculptures Art nouveau. En face de ce palais, s'élève La Torre Latinoamericana (quatrième photo) qui fut le premier gratte-ciel de la ville et, à l'époque, construction la plus haute d'Amérique latine dont le mirador offre par beau temps de belles perspectives sur l'ensemble de la ville.
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