Samedi 20 avril 2013

Hago offre plusieurs temples ou sanctuaires: Le sanctuaire Shoin, nous l'avons vu, mais aussi les temples Kanaya, Tsubaki, Kannon'in, Daishoin, Sumiyoshi, Zenpukuji, Enseiji et Ryuzoji. Je choisis pour ma part de visiter le temple Tokoji, situé à un quart d'heure de marche du sanctuaire Shoin. J'emprunte ainsi une petite route et passe devant la maison de Tamaki Bonnoshin où fut créée l'école privée Shouka sun. Le temple Tokoji a été classé comme monument culturel national. L'ensemble architectural est de style chinois et a été construit en 1691. J'y pénètre par la porte principale (ci-dessous)aussi appelée « Somon ». Cette porte extérieure fut bâtie en 1693 et a aussi été classée comme bien culturel important. Son toit est de style chinois et est coiffé par un poisson imaginaire, le maraka.

A quelques mètres de là, sur la droite, se trouve le guichet d'entrée de ce temple consacré à la famille Mori. Je m'acquitte du droit d'entrée et on me remet un plan avec des informations commentées sur les curiosités des lieux. L'endroit est reposant et seules quelques personnes déambulent dans la grande allée qui s'ouvre devant moi et qui me conduira au hall principal de ce temple consacré au clan féodal de la famille Mori, jadis fondé par un moine de l'école zen Obakou, Egoku Domyo-Zenji. Je franchis une autre porte (ci-dessous), qui est la porte principale du temple. Elle fut construite en 1811 et a reçu le nom de Sanmon (qui veut littéralement dire les trois portes).

Je marche tout droit jusqu'à apercevoir sur ma gauche la Tour de la cloche -ci-dessous), surnommée aussi Shyoro. Celle-ci fut érigée en 1694 par le quatrième lord du clan Mori, Yoshihiro Mori. On retrouve dans cette construction les caractéristiques du bouddhisme zen Oubakou. Cette architecture typique apparaît au Japon au milieu du XVII ème siècle et correspond à l'arrivée de l'école Obakou. Elle est basée sur les architectures chinoises des dynasties Qing et Ming. Cette tour abrite une grosse cloche sur laquelle est gravé le nom d'Egoku, le premier moine du lieu, celui qui fonda ce temple. La cloche fut faite par Kahyoue et Nobuyasu Gungi (père et fils). On trouve aussi à l'intérieur de la tour un tambour dharma (au deuxième étage).

A côté de la tour de la cloche, en haut de l'allée principale, se trouve le Daiohoden (hall principal du temple Tokoji) (ci-dessous). Classé aussi comme bien culturel important, ce bâtiment fut construit en 1698. Il abrite une statue du bouddha Shakyammi (deuxième photo) flanqué de deux disciples, Anada et Kasyapa. L'école Obakou elle-même tire ses racines de la dynastie Ming et les moines se tenaient debout lors des offices, ce qui explique l'absence de tatamis dans le hall. L'école Obakou japonaise et son patriarche, le maitre Ingen, partage la même ligne d'enseignement que l'école Rinzai. Ingen se rendit au Japon au milieu du XVII ème siècle où il fonda cette école dont le nom signifie « montagne Huangbo »(sur laquelle se trouvait le premier monastère de l'école qui en est encore aujourd'hui le siège). Fuyant les perturbations que connaissait alors la dynastie Qing sur la fin de son règne, Ingen débarqua à Nagasaki en 1654, accompagné d'une vingtaine de disciples. Il obtiendra rapidement une audience avec le Shogun Ietuna, puis érigera un premier temple, Manpukuji, dans la ville d'Uji. Les règles de fonctionnement, mais aussi le discours, et l'architecture du monastère imposèent rapidement un nouveau style zen. La fondation de l'école Obakou sera enfin l'occasion d'échanges avec l'école Rinzai et avec les moines Soto Zen, facilitant ainsi la diffusion de la culture zen au Japon. A noter que la lignée Obakou fut chinoise pendant treize générations. Le quatorzième patriarche, lui, sera japonais. Au total, l'école Obakou compte 463 monastères et quelques 350000 fidèles. Le Daiohoden, lui, fut bâti par le quatrième seigneur du clan Mori, Yoshihiro Mori, qui incorpora des décorations pour habiller les toits en tuile (comme le Houshu sur la troisième photo ci-dessous). Ces décorations étaient en effet supposées protéger les bâtiments et ses occupants du démon.

A côté du grand hall du temple, à droite, s'élève un autre bâtiment: Hojo Hojo (ou le bureau de l'abbé)(en photo ci-dessous). Ce lieu servait aussi aux seigneurs du clan Mori pour se reposer. Un gros poisson (deuxième photo ci-dessous) est suspendu dans un couloir extérieur: Ce kaipan est un poisson en bois sur lequel on avait coutume de frapper pour annoncer les repas et les services.

Je vous l'ai dit, le temple Tokoji est le temple dédié au clan Mori, qui fut l'un des plus puissants clans du pays. Ce clan descendait de Oe ni Hiromoto et avait établi son pouvoir dans la province d'Aki. A la suite de nombreuses conquêtes, le clan Mori s'imposera par son importante armée (comme par exemple à la Bataille de Sekihagara, en 1600, avec 15000 hommes). Sekigahara sera malheureusement fatal au clan car celui-ci se trouvera dans le camp des perdants. S'ensuivra la perte de trois provinces jadis gouvernées par lui et le transfert du siège du clan d'Hiroshima jusqu'à Hagi. Le clan Mori ne possédera plus à terme que la province de Suo ainsi que la province de Nagato (appelée Domaine de Choshu). Une fois la révolution Meiji passée par là, et l'abolition du système han consommée, le clan Mori deviendra une lignée de ducs. Le temple Tokoji possède un cimetière (ci-dessous) qui rassemble non seulement des centaines de sépultures de la famille Mori et de leurs proches mais aussi des tombes de quatre leaders de la révolution Meiji. Il faut absolument voir cela et si possible assister le 15 août de chaque année à l'illumination des 500 lanternes de pierre avec des bougies. Là s'élèvent les tombes imposantes de cinq seigneurs du clan Mori, tout en haut du chemin bordé par les 500 lanternes de pierre.

INFOS PRATIQUES:

• Temple Tokoji, Shiibara à Hagi. Tel: 0836 26 1052. Droit d'entrée: 300 yens. Infos disponibles en anglais (avec plan). Ouvert tous les jours de 8h30 à 17h00.