Samedi 6 juillet 2013
Ryoma Sakamoto fut l'un des dirigeants d'un mouvement destiné à renverser le shogunat Tokugawa durant la période Bakumatsu du Japon. Cette période s'étala de 1853 à 1868 et vit la fin de la politique isolationniste du pays (le sakoku) tout en modernisant le système féodal du shogunat, et donner ainsi naissance au futur gouvernement Meiji. Notre homme se faisait appeler Saidani Umetaro pendant son travail, et ce, afin de maintenir la cohésion sociale du Japon alors qu'il était en train de former un gouvernement moderne pour le pays (gouvernement qui permettrait l'entrée du Japon dans la communauté internationale sans y perdre son âme). C'est ici, à Kochi, que nait Ryoma Sakamoto. Kochi est alors le fief de la province de Tosa, actuelle préfecture de Kochi. Ryoma serait né le 3 janvier 1836, durant la sixième année de l'ère Tenpo (règne de l'empereur Ninko), et de famille aisée. Celle-ci s'était établie dans la production de saké et possédait une boutique appelée « Saïtaniya. et Ryoma put ainsi acquérir en l'achetant, le titre de samouraï marchand, le rang le plus bas de la caste des samouraïs. A l 'école, Ryoma était souvent malmené par ses camarades et sa sœur l'inscrira bientôt à des cours d'escrime dans lesquels il ne tardera pas à exceller. Durant l'ère Edo, en 1853, et alors qu'il était l'élève de Chiba Sadakichi (maitre d'arme de l'école d'escrime Hokushin-Itto-Ryu), le commodore Matthew Perry débarque au Japon avec sa flotte qui forcera le pays à sortir de sa politique isolationniste. Ryoma songe alors à s'engager en tant que patriote dans la caste samouraï d'alors, dont la philosophie était « Sonno Joi » (Révère l'empereur et repousse les Barbares). Il est recruté par Takechi Hanpeita, dans un parti l'opposant au shogunat Tokugawa et favorable à l'empereur. Ryoma en sera malheureusement banni lors de l'échec d'un complot avorté et notre homme passera du statut de samouraï à celui de ronin (samouraï sans maitre).
Devenu ronin, Ryoma avait désormais pour projet d'assassiner Katsu Kaishu, un officiel de haut rang appartenant au shogunat Tokugawa mais fervent partisan de la modernisation du pays. Mais ce dernier persuadera Ryoma de l'importance pour le Japon de s'ouvrir au monde afin, notamment, d'accroitre sa puissance militaire. Et Ryoma de devenir bientôt l'assistant et protecteur de Katsu Kaishu. En 1864, Ryoma s'enfuit à Kagoshima (île de Kyushu) car il s'y développait un mouvement anti-shogunal. Il deviendra ainsi le négociateur d'une alliance secrète, celle de Satsume-Choshu entre les province de Satsuma et de Choshu (pourtant ennemies jurées).
Ryoma Sakamoto est souvent considéré comme le père de la marine impériale japonaise: Il travailla à la création des futures forces navales nippones avec l'aides des puissances occidentales qui pourraient permettre aux deux provinces d'affronter les forces du shogunat. Katsu Kaishu en deviendra le général en chef dès octobre 1873.
Ryoma Sakamoto fondera également la première société anonyme du Japon, plus exactement à Nagasaki. Celle-ci, créée avec l'appui de la province de Satsuma, était une société commerciale servant de marine privée. En 1866, la victoire de la province de Choshu face aux forces de Tokugawa avait rendu Ryoma célèbre. Celui-ci rentra alors à Kochi, sa ville natale et y reçut tous les honneurs. La province de Tosa souhaitait en effet signer un accord avec le shogunat et l'empereur pour empêcher l'alliance Satcho (les provinces de Satsuma et de Choshu) de renverser Tokugawa par la force et de s'imposer ainsi comme la nouvelle force dominante du Japon. Ryoma Sakamoto jouera un rôle décisif dans les négociations: Il obtiendra, en 1867, la démission du shogun en place, Tokugawa Yoshinobu, provoquant de fait la période de restauration Meiji.
Ryoma connaitra une triste fin puisqu'il finira assassiné à l'âge de...31 ans, alors qu'il résidait à l'auberge Omiya, dans le quartier Kawaramachi de Kyoto, juste quelques mois après la démission du shogun. Il laissera ainsi son épouse Oryu (ci-dessus). L'enquête révèlera que des membres de la milice shogunale, Shinsen Gumi, furent impliqués dans cet assassinat. Cette milice était un groupe de samouraïs sans maitre, alors responsable de la sécurité de Kyoto durant les évènements du Bakumatsu. Kondo Isami, le chef de cette milice, sera condamné à mort sur les bases de cette enquête mais un autre groupe, Mimawarigumi, revendiquera à son tour le meurtre de Ryoma en 1870, si bien que l'on ne connaitra jamais le véritable meurtrier.
Ryoma apparaitra tout au long de sa vie comme un visionnaire imaginant son pays libéré du piège féodal. Les Etats-Unis, nation selon laquelle tous les hommes naissent égaux, lui serviront d'exemple. Il sera conscient de l'importance pour le Japon d'accepter cette évolution inéluctable sous peine de se faire coloniser ou d'être soumis à terme à des courants d'influence extérieurs. Paradoxalement, Ryoma Sakamoto sortait du cadre habituel car il avait pour habitude de revêtir la tenue traditionnelle des samouraïs tout en portant des chaussures occidentales, sans doute jugées plus confortables (comme sur ce portrait, ci-dessous). Il reste l'instigateur des huit points vitaux en politique , le « Senchu-Hassaku », et c'est lui qui proposera le transfert du pouvoir à l'empereur et au gouvernement Meiji.
En 2003, la ville de Kochi baptisera son aéroport du nom de Kochi Ryoma en l'honneur de cet homme exceptionnel. Deux musées lui sont consacrés à Kochi. Le premier est situé à Kochi même, mais s'est révélé un peu décevant. L'équipe d'animation est fort sympathique et vous remet un audioguide gratuitement qui vous permet d'écouter le commentaire en anglais en cliquant simplement sur le numéro choisi figurant sur un plan plastifié qui vous est également confié durant la visite. Je m'attendais à autre chose de plus « culturel ». En fait, cet endroit aborde la ville de Kochi et les gens qui influèrent sur l'existence de Ryoma. Les visiteurs découvrent également sa famille grâce à une vidéo et nous assistons à une présentation souvent ludique de notre héros. Pour ce faire, les moyens audiovisuels sont largement utilisés. Une maquette du château de la ville de Kochi est également disponible. On imagine aisément ce que fut la vie de Ryoma dans cette cité depuis son enfance jusqu'au moment où il quitte le domaine de Tosa. Une autre section du musée présente des documents relatifs à Ryoma Sakamoto. Puis, cette visite se termine par ceux qui succédèrent au grand homme.
Le musée Sakamoto Ryoma (ci-dessus), lui, est situé sur les terres du parc de l'ancien château Urado, à Katsurahama, face à l'océan Pacifique. Il ouvrit ses portes au public le 15 novembre 1991 et présente une exposition permanente qui se trouve au deuxième étage. L 'intérêt de cette exposition est limité pour un visiteur étranger à moins que celui-ci ne maitrise parfaitement la lecture japonaise. On y trouve en effet des vitrines remplies de documents et parchemins rédigées en japonais. Le musée présente aussi de temps à autre des expositions temporaires. Toujours au deuxième étage, se trouve une boutique de souvenirs avec des objets à l'effigie de Ryoma Sakamoto. Une bibliothèque, localisée au niveau B1F contient plus de 2000 ouvrages concernant Ryoma, la restauration Meiji et d'autres thèmes encore, et est librement accessible au public. L'endroit offre aussi quelques vidéos. Une autre exposition permanente permet d'admirer quelques objets qui comptèrent dans la vie de Ryoma, comme par exemple ce panneau tâché du sang de notre homme lors de son assassinat à Kyoto (ci-dessous), ou encore ce petit manuel des consonnes (deuxième photo) qui fut publié à l'attention des forces navales japonaises. Des vitrines contiennent enfin différents documents d'époque, tous rédigés en langue japonaise, ce qui en limite l'intérêt. Une brochure en anglais vous est remise lors de l'achat de votre ticket et sur simple demande. Elle contient des détails sur les différentes expositions du musée ainsi que sur la vie de Ryoma Sakamoto. Une table chronologique retrace les dates importantes ayant marqué l'existence de Ryoma.
INFOS PRATIQUES:
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Musée Sakamoto Ryoma, 830 Urado-shiroyama à Kochi. Tel:(088) 841 0001. Ouvert tous les jours de 9h00 à 16h30. Droit d'entrée: 500 yens (400 yens sur présentation de la carte MY YU-BUS).
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Une statue de Ryoma Sakamoto est visible dans le parc de la plage de Katsurahama.
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Non loin de la station de tramway « Masugata » se trouve un monument qui matérialise l'endroit où nquit Ryoma Sakamoto.