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Région d'Hakone-Odawara, Owakudani et Gora
(Préfecture de Kanagawa, Honshu, Japon) |
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Lundi 26 août 2013
Cette fois, je suis accompagné de Philippe, un ami, à qui j'ai proposé de faire découvrir la région d'Hakone. Notre commandant de bord, qui s'appelle aussi Philippe, ainsi que son fils, nous accompagnent sur cette sortie. Au départ de la gare de Shinjuku (Tokyo), nous choisissons d'emprunter le train « Romance Car », nettement plus rapide et plus confortable, moyennant un petit supplément tarifaire de 870 yens. Nous mettrons une heure et demie pour atteindre notre destination mais nous ferons une petite sieste pendant notre voyage sans risque d'oublier de descendre à temps en gare d'Odawara. Pour cette journée, je vous conseille d'acheter le Free Hakone Pass (5000 yens) qui permet une libre circulation sur les différents moyens de transport de la région pendant deux jours et permet aussi de bénéficier de tarifs réduits sur un grand nombre d'attractions locales. Il y a tellement de choses à découvrir dans ce parc national que nous n'aurons que l'embarras du choix : Je laisse mes hôtes choisir leurs points d'étapes et notre première visite s'effectuera à Odawara. Cette ville, située dans la préfecture de Kanagawa, fut fondée le 20 décembre 1940, et est célèbre pour son château (ci-dessous) qui fait partie des cent châteaux japonais remarquables retenus par la Fondation des Châteaux japonais depuis 2006.
A l'époque Kamakura, Odawara était un bastion du clan Doi et une résidence fortifiée se tenait là où se tient l'actuel château. La révolte d'Uesegi Zenshu qui eut lieu en 1416 fit passer la ville sous le contrôle du clan Omori. Ce même clan sera plus tard défait par Ise Moritoki (province d'Izu), le fondateur du clan Hojo, en 1495. L'histoire de ce clan, l'un des plus puissants clans guerriers de la période Sengoku, débuta au début du XVI ème siècle lorsque Hojo Soun (dont on peut voir le portrait ci-dessous) se mit à conquérir des terres dans la province de Sagami. Le château d'Odawara, construit à la moitié du XV ème siècle, devint alors la résidence du clan Hojo : Sa forteresse mesurait alors neuf bons kilomètres et son donjon, entièrement détruit par le séisme de 1703 fut rebâti trois ans plus tard et devint le symbole du château, jusqu'au démantèlement de ce dernier en 1870 (époque Meiji). Il sera reconstruit en 1960 et abrite depuis une exposition rassemblant des armures, des gravures et d'autres objets datant de la période Edo. La porte Tokiwagi (deuxième photo ci-dessous) était l'entrée principale de la forteresse et l'endroit le plus stratégique. Tokiwagi signifie « toujours vert » (à cause des pins noirs qui se trouvaient là). Le lord féodal croyait en effet à l'éternité de ces arbres et voulait la même chose pour son château. La porte actuelle fut reconstruite en 1971 car l'avénement de l'époque Meiji avait occasionné la destruction d'une grande partie du château en 1870. La porte Akagane, elle, fut restaurée en 1997, et la porte Umadashi, en 2009.
Sous la période Sengoku, le clan Hojo contrôlait tout le kanto à partir du château d'Odawara. Le château d'Odawara devint alors le plus grand château de la période Sengoku jusqu'à la construction du château d'Osaka dans les années 1580. Il deviendra le symbole de la longévité du pouvoir du clan Hojo, qui fera venir de nombreux marchands et artistes de l'ouest du pays à Odawara dans le but de développer l'aspect culturel de son royaume. Le clan Hojo parviendra ainsi à dominer en l'espace d'un demi-siècle l'est du Japon, jusqu'en 1590. Cinq générations successives vont vivre à cet endroit : Hojo Soun, descendant du clan Bichu, s'y installa à la fin du XV ème siècle. A sa mort, son fils, Ujitsuna perpétuera le rôle du château en en faisant une place de choix et en développant l'influence de la ville d'Odawara. Ce deuxième chef Hojo prit, en 1524 le château d'Edo (l'actuelle Tokyo) alors contrôlé par Uesugi Tomooki. Cet événement marquera le début d'une terrible rivalité entre le clan Hojo et le clan Uesugi (qui se vengea deux ans plus tard en brûlant Kamakura, puis en attaquant à nouveau en 1535). Inlassable, Ujitsuna revint à la charge et reconquit ses terres face à Uesugi Tomooki. Au décès de ce dernier, deux ans plus tard, Ujitsuna prendra le château de Kawagoe, reprenant par la même occasion le contrôle de la région du Kanto. Il remportera aussi la bataille de Konodai, et supervisera la reconstruction de Kamakura avant de mourir en 1541. C'est son fils, Ujiyasu, qui reprendra le flambeau du clan Hojo : Celui-ci mettra au point un système de contrôle territorial à part entière. Ujimasa, son fils, deviendra ensuite le quatrième chef des Hojo. Il repoussera les attaques de Uesugi Kenshin et de Takeda Shingen mais se suicidera en s'ouvrant l'abdomen après sa défaite, en 1590, face à Toyotomi Hideyoshi. Cette méthode de suicide, appelée « seppuku », ou encore hara-kiri, était une forme rituelle de suicide masculin par éventration, apparue au Japon vers le XII ème siècle, puis officiellement interdite en 1868. Le cinquième chef sera Ujinao. Daimyo japonais de l'époque Sengoku, il sera le dernier chef du célèbre clan Hojo. Il perdra en effet tout son domaine à la suite du siège d'Odawara en 1590 : Ce troisième siège fut l'action principale de Toyotomi Hideyoshi dans le but d'éliminer le clan Hojo. Malgré les importantes forces déployées, ce siège ne donnera lieu qu'à très peu de combats. L'armée massive de Toyotomi Hideyoshi encercla le château avec pour objectif d'affamer l'adversaire. Trois mois seront nécessaires pour que les Hojo se rendent et que Tokugawa Ieyasu (un des généraux de Toyotomi Hideyoshi) prenne la tête de leurs domaines. Dans le même temps, Hideyoshi vainquit les Hojo à Hachioji, Yorii et Shizuoka. Alors que le père d'Ujinao se suicidera, Ujinao, lui, sera épargné car il était le beau-fils de Tokugawa Ieyasu. Ujinao et son épouse, Toku Hime, s'exileront alors au Mont Koya (où le dernier chef Hojo mourra un an plus tard).
Notre visite au château nous permet de découvrir les nombreux objets présentés dans l'exposition du donjon, comme cette horloge suspendue à double balancier (ci-dessous). J'apprends aussi qu'en janvier 1601, Tokugawa Ieyasu crée des relais postiers le long de la route Tokaïdo (qui allait d'Edo à Kyoto et dont on peut admirer la reproduction sur cette deuxième photo ci-dessous) et qu'Odawara sera le neuvième relais de cette poste. Le passage réputé le plus difficile de cette route se trouvait alors à Hakone tandis qu'Odawara demeurait la ville-étape pour un grand nombre de voyageurs à cause des nombreux hôtels, commerces et artisans présents sur place. Nous quittons le château en admirant une dernière fois les douves (troisième photo).
Face à la gare, nous empruntons un autobus qui nous conduit à MotoHakone-Ko , au bord du lac Ashi : Ce petit village offre d'admirer 420 cèdres plantés en 1618 et désignés désormais comme trésor national. La promenade le long du lac est fort agréable. Ce lac de cratère situé à Hakone fait 21 kilomètres de circonférence et se situe au sein d'un volcan, le Hakone. Il s'est formé il y a près de 3000 ans suite à une explosion phréatique qui provoqua l'effondrement du Mont Kami, creusant les gorges de la rivière Haya-kawa et le lac Ashi. C'est aujourd'hui l'un des principaux sites touristiques de Hakone, à cause entre autre de sa vue sur le Mont-Fuji par temps dégagé. Nous n'aurons malheureusement pas cette chance. Nous nous rendrons au sanctuaire d'Hakone, puis au pied du torii flottant (ci-dessous), au sud-est du lac, avant de regagner le ponton d'embarquement pour la croisière à bord du Souverain des Mers (deuxième photo). Est-il besoin de préciser que cette croisière est incluse dans le Free Hakone Pass ? Le téléphérique aussi, appelé ici funitel de Hakone : Le funitel est un système de remontée mécanique (troisième photo) à voie large, c'est à dire que les cabines sont suspendues à deux câbles porteurs-tracteurs. Chaque télécabine peut transporter jusqu'à trente personnes (pas plus de 18 dans le cas présent). Ce système permet une grande stabilité au vent et un débit élevé permettant un flux de circulation important et des télécabines fréquentes. Le funitel d'Hakone part du lac Ashi (Togendai-ko- à Sounzan. Le trajet dure 30 minutes avec environ huit minutes de trajet entre chaque station : Ubako et Owakudani.
Notre prochaine halte s'effectue donc à la vallée bouillante : Nous descendons à la station « Owakudani » puis marchons une dizaine de minutes jusqu’aux fumerolles. Sur notre chemin, nous rencontrons des boutiques qui vendent des œufs cuits dans les sources d'eau chaude (ci-dessous). Il n'est pas rare de rencontrer des touristes japonais ou étrangers, attablés, et occupés à décortiquer le précieux mets. On prétend d'ailleurs que consommer de tels œufs permettrait d'augmenter sa longévité car en manger un seul rallongerait de sept la durée de votre existence. A vérifier ! Cette vallée volcanique (la grande vallée bouillante) laisse échapper du soufre (des avertissements sont prodigués à l’attention des personnes sensibles) et des jets d'eau chaude. Le site est populaire à cause de ses œufs « noirs » appelés « kuro tamago » (deuxième photo), mais aussi de la magnifique vue qu'on peut avoir sur le Mont Fuji. Le cratère du Mont Kami auquel est accolée la vallée résulte de la dernière éruption du mont Hakone il y a environ 3000 ans. Son activité actuelle autour des émanations de soufre est le résultat d'importants glissements de terrain survenus dans le passé ( des opérations de consolidation du lieu sont en cours depuis maintenant plusieurs années). La station est enfin le point de départ de randonnée pour les monts Kami et Komagatake.
Gora sera notre dernière étape de cette journée bien remplie. Cette gare est le terminus d'un funiculaire qui mène à Sounzan. Ouverte en juin 1919, la station inaugura cette liaison deux ans plus tard, permettant ainsi à une foule de touristes d'utiliser cette liaison ferroviaire qui est la plus élevée (à 533 mètres d’altitude) de la préfecture de Kanagawa. Le parcours entre Sounzan et Gora permet de s'arrêter à différentes stations. Nous faisons en ce qui nous concerne le choix de descendre à Gora puis de remonter à pied en direction du parc d'Hakone Gora: Cette petite balade de santé (ça grimpe dur!) nous permettra, dix minutes plus tard, de découvrir ce parc qui ouvrit ses portes au public en 1914. Sa surface de près de 37000 m2 avait pour coutume d'offrir aux classes aisées d'autrefois à la fois un jardin japonais et un jardin occidental mais le jardin japonais fut cédé à l'église durant la deuxième guerre mondiale et se trouve désormais au musée d'art d'Hakone, dont il compose les jardins. Les serres des fleurs tropicales et des bougainvilliers furent respectivement rénovées en 1996 et 1997. Et la maison de thé Haku Undo (deuxième photo) d'être classée bien culturel japonais en septembre 2001. On ouvrit aussi en 2004 une maison des artisans mais la véritable curiosité de ce parc demeure reste ces jardins à la française datant des époques Meiji et Taisho, comme par exemple ce jardin des roses (troisième photo) et sa magnifique fontaine.
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