Dimanche 12 octobre 2008
Mon arrivée à Comandante Luis Piedra Buena est un peu laborieuse. Il n'y a plus de route d'accès. Encore ces fichus travaux routiers ! Une piste permet d'entrer dans la petite ville, par l'avenue Belgrano. Ce qui attire mon attention au premier est cette grande fresque à un carrefour (angle Belgrano/ Simon Bolivar) représentant la voix des peuples
Je me dis qu'il y a au moins quelque chose d'original dans cette commune, qui ressemble à bien d'autres par ses constructions. Je remarque aussi que les poubelles sont décorées de motifs peints. Il s'agit de fleurs, d'animaux (comme le tatou) Plutôt sympa !
J'avance vers le centre-ville , et atteins bientôt la grande avenue, la Avenida Grio Ibanez. Je gare mon véhicule étant à la recherche de l'office de tourisme. Je tombe alors en arrêt sur une autre fresque , qui orne cette fois un bâtiment : El Teatro Municipal.
Je me dis que je ne suis certainement pas au bout de mes surprises et continue à marcher sur le même trottoir. Celui-ci me conduit à la Estacion de autobuses (Terminal d'autobus). L'une des façades de ce monument peint de jaune est recouverte d'une grande peinture naïve et très colorée.
fresque située à l'angle de l'Avenida Grio Ibanez et Jose Menendez
L'hôtesse d'accueil de l'office de tourisme (qui attend semble t-il un heureux événement , à moins que ça ne soit de l'aérophagie !) me précise que ces fresques sont réalisées à la fois par les artistes et par des habitants.
Je poursuis ma visite, armé d'un plan mentionnant les oeuvres. Le terre-plein central de l'avenue Grio Ibanez est occupé par de jolis jardins ,avec des bancs et d'autres fresques.
En continuant sur la même avenue (au niveau de Sarmiento) , on rencontre même le Père Noël sur son traîneau, comme figé sur place en attendant des jours meilleurs. Vous ne croyez plus au Père Noël depuis longtemps ? Vous devriez, car celui-ci est tiré par un attelage de guanacos et est surnommé « El Senor de los Suenos ». On peut toujours rêver !
Je prolonge ma promenade et arrive bientôt à Bella Vista (une autre rue). Sur ma droite, une place laissant apparaître un mémorial en hommage à la Guerre des Malouines. Emouvante cette stèle représentant une lettre à un père, disparu durant le conflit.
Chez nous, on oublie nos soldats (ou on encourage leurs ennemis par journal interposé), ici on les honore et on s'en souvient. Autre culture.
A mon père.
Papa chéri !
Dieu a voulu que tu meures en accomplissant ta mission. Il souhaita cet événement unique et durable, et que ta vie soit donnée en offrande à notre patrie. Papa, merci d'être mon père, merci de croire en l'honneur, merci d'être argentin et soldat. A notre prochaine rencontre si Dieu le veut !
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Sur cette même place, José KURA et Daniela ALMEIDA se sont unis pour offrir à leur façon, un bel hommage à ces soldats et à la Nation argentine. En réalisant plusieurs fresques représentant par exemple le vent de souveraineté sur les Malouines, ou encore le Titan qui prit la mer (photos ci-dessous)
J'ai eu la chance de rencontrer nos deux artistes, puisque nous descendons dans le même hôtel. José et Daniela travaillent actuellement (et ce depuis deux ans) sur la création de personnages pour un parc pour enfants à Piedra Buena. Notre couple se connaît depuis huit ans et travaille sur des oeuvres communes ou parfois José et Daniela réalisent leurs propres oeuvres. Ils sont accompagnés de deux collaborateurs. Leur art , le muralisme, est connu et exprimé au Mexique (années 70) de manière plus radicale (influence de la révolution mexicaine) , et nos deux amis réfléchirent comment créer des fresques murales qui offriraient aux gens le moyen de penser à l'histoire de leur pays, de retrouver leurs racines, bref d'améliorer la vie quotidienne. José et Daniela créèrent leur première fresque , à Corrientes (la ville natale de José, au nord-est de l'Argentine), qui représentait un indien Guarani. La technique utilisée consistait en de l'art « esgrafiado » qui selon José , est une technique unique , qui utilise des matériaux tels les oxydes, pigments (comme les Indiens de la Cueva de los Manos), le ciment, le sable et le plâtre. L'utilisation de ces matériaux résistants (plus grande persistance des couleurs) s'explique par les conditions climatiques parfois extrêmes observées en Argentine.
Le muralisme exprimé ici par notre couple est, selon José, le seul mouvement artistique de ce type qui perdure en Amérique du Sud. Nos deux amis n'en sont pas à leur galop d'essai puisqu'ils ont déjà oeuvré dans de nombreuses villes et totalisent ensemble environ 500 oeuvres à ce jour. Un site est disponible pour mieux les connaître : www.muralesera.com.ar
Dans l'Avenue San Martin, un autre lieu, avec des fresques d'autres artistes. Piedra Buena fait beaucoup d'efforts pour accueillir l'art et offrir à ses habitants un meilleur cadre de vie, qui, de plus, attire de plus en plus de touristes désireux de découvrir ces fresques.
Oeuvre réalisée par Monica Corrales (Buenos Aires)
Fresque de Markos Kura (2005)
Oeuvre de Figueroa (2005)
Oeuvre de Ariosto Otero (Mexique)
L'art s'invite même sur les murs de la maison du camping Vial ( photo ci-dessous)
Si vous passez dans la région, pensez à vous arrêter dans cette petite ville pleine de ressources, et fort sympathique.
A bientôt !