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La Vie quotidienne des Mexicains
(Musée d'Art Populaire, Mexico, Districto Fédéral, Mexique)
Heure locale

Dimanche 29 décembre 2013

 

Le musée d'Art Populaire de Mexico est l'endroit rêvé pour rencontrer les Mexicains à travers leur culture et leur mode de vie. Après avoir visité la première salle il y a quelques mois, je m'attarde aujourd'hui sur la deuxième salle de ce musée , qui traite de la vie quotidienne des Mexicains. L'art populaire est le reflet et la culture des peuples, et transforme l'activité humaine en création artistique. Ces pratiques artistiques proviennent des traditions ancestrales qui ont évolué au fil de l'histoire et sont le résultat d'une volonté collective des différentes communautés de s'exprimer, de vivre, tout simplement.

Une grande partie de cet art populaire s'exprime dans la vie quotidienne des Mexicains, à travers des objets courants. Ces objets utilitaires, mais aussi décoratifs, sont présents dans les foyers et remplissent des fonctions pratiques et spirituelles. Les artistes mexicains ont créé des designs fascinants, donnant la vie à des œuvres qui prennent toutes leurs dimensions dans les maisons mexicaines. Ces œuvres ont pris forme grâce au talent de ces artistes et sous la contrainte des consommateurs. La production et la consommation artisanales tient ainsi une place importante dans ce pays. Il suffit d'ouvrir les yeux pour trouver de l'art populaire partout dans la vie quotidienne de ces habitants, qu'il s'agisse d'équipements domestiques, d'objets de luxe, de jouets, du trousseau personnel, et même d'objets sociétaux ou traitant des évènements historiques du pays. Ces objets tiennent une place identique chez les vivants et chez les morts.


 

L'une des caractéristiques qui différencie la culture mexicaine des autres cultures, est le don qu'ont les Mexicains de définir leur identité à travers l'auto-portrait. Les artisans savent reproduire celui-ci des milliers de fois, grâce à l'art populaire. Ils dépeignent l'image de leur société, de leur environnement et des personnages importants qui les entourent. A cause de leur sensibilité, ils sont capables de donner aux habitudes quotidiennes et aux activités essentielles toute leur dimension. De saisir la teneur évènementielle de l'histoire, et de décrire les scènes de la vie quotidienne, à la maison comme au travail, des fêtes et des rites.

Ce besoin d'auto-expression est une forme d'introspection. Les artisans transforment en effet ces images identitaires en des caricatures pouvant se révéler critiques voire implacables. Cette façon qu'ont les Mexicains de rire de bien des situations et des personnages autour d'eux, tend à faire croire qu'ils se moquent d'eux-mêmes. Tenez, prenez par exemple ce couple mexicain (en photo ci-dessous), Monsieur qui est accompagné de son épouse, une œuvre qui a été réalisée par un auteur anonyme de la ville de Celaya (Etat de Guanajuato).


 

Depuis fort longtemps, les objets miniatures mexicains sont connus dans le monde entier. L'art de reproduire des objets ou des personnages à petite échelle remonte à l'époque pré-hispanique. Dès le XVI è siècle, des chroniqueurs rapportaient cette tradition qui consistait à déposer ces petits objets entre les mains des nouveaux-nés âgés de seulement deux à trois jours car, le fait d'avoir manipulé ces minuscules représentations de la vie quotidienne leur garantissait le bien être tout au long de leur vie. Ces miniatures offrent l'image de la reproduction à petite échelle de bijoux, d'objets de luxe, de personnages fantastiques ou religieux, de jouets. C'est une expression unique et originale de l'art populaire mexicain. Qui démontre que la beauté d'une œuvre artistique ne dépend pas de sa taille mais de l'aptitude d'un artisan à transmettre sa sensibilité créatrice et son talent. Cet univers miniature représente un monde sans précédent, reflet de la patience et du savoir-faire d'artisans d'autant plus talentueux que leurs œuvre sont souvent anonymes, comme ce petit théâtre (en photo ci-dessous), réalisé par un inconnu de la ville de Puebla (Etat de Puebla) en 1970.


 

Les jouets mexicains font également partie intégrante de l'art populaire, à cause de leur caractère innocent, de leurs formes basiques, de leurs couleurs vives, de leur conception simple et de leurs mécanismes. Certains sont des joyaux de l'artisanat national et le fruit de l'imagination et du talent de ceux qui les ont conçus. Ces jouets doivent éveiller l'enfant qui les utilise, en lui enseignant les traditions culturelles et en lui apprenant à maitriser son environnement. Heureusement, de nombreux jouets populaires sont toujours plébiscités par le jeune public en dépit de l'arrivée sur le marché de jouets électroniques. Certains d'entre eux sont fabriqués à certaines époques de l'année, en fonction des fêtes et des rites religieux, comme les matracas, hochets en bois, ou encore les sonatas, bâtons musicaux, ou les silbatos, sifflets utilisés à Noël. D'autres, comme les toupies, les bilboquets, les yoyos, les cerf-volants ou les petits chariots sont produits tout au long de l'année car plus régulièrement utilisés par les enfants. Cette sauterelle (ci-dessous), magnifiquement décorée, illustre parfaitement le talent artisanal mexicain. Ce jouet fut fabriqué en 1990 par Maura Sanchez Vaquez à Temalacatzingo Guerrero (Etat de Mexico).


 

Voici un autre lieu hautement représentatif de l'art populaire mexicain : la chambre. Celle-ci respire le symbolisme et les croyances religieuses de ses occupants. On y trouve de petits autels avec des images, des photos, des fleurs et des souvenirs rapportés des pèlerinages. Le type de meubles, lui, varie selon les communautés et les régions. A la campagne, beaucoup de chambres sont garnies de nattes de jonc, de tapis en fibres, de fauteuils, et de lits en rotin ou en bois. Dans les régions tropicales, on y trouve également des hamacs. Le point commun entre toutes ces chambres : la corde à l'angle de la pièce , servant à suspendre draps et couvertures. Côté meuble, le plus distinctif d'entre eux est encore le coffre, qui remplace la garde-robe équipant les chambres des cités urbaines. Ces coffres artisanaux, à la fois utilitaires et artistiques, sont, depuis, devenus des œuvres d'art, comme dans l'état d'Oaxaca où il est offert comme cadeau de mariage.


 

Les femmes mexicaines utilisent des ceintures pour protéger leurs objets de valeur tandis que les hommes s'en servent pour tenir leurs pantalons. La couleur rouge de ces ceintures offrent par magie la protection aux femmes. Chez les hommes, elles évitent l'apparition des hernies lors du transport de choses lourdes. Réalisées sur des métiers à tisser, elles sont faites de laine, coton, ou fil de soie, parfois avec un mélange des trois, puis ornées de brocarts et de galons.

Le sac a quant à lui plusieurs usages : objet pratique par définition, il est l'ancêtre du sac à main ou du porte-feuilles et sert à regrouper les objets qu'on emmène avec soi lorsqu'on se rend à son travail, chez quelqu'un, ou au marché. La femme y mettra son déjeuner ou ses vêtements de rechange, son peigne et son pichet, tandis qu'à la campagne, les hommes s'en serviront pour y mettre de la nourriture ou pour y conserver leurs documents. Il en existe ainsi de tailles et de formes différentes, fabriqués à partir de matériaux divers.


 

L'art populaire mexicain se retrouve aussi dans les vêtements indigènes. Cela fait des siècles que les Indigènes en font un support pour les images de ce qui les entoure. Ils sont fabriqués avec les matières premières locales et selon des techniques datant de l'âge d'or textile.

Le profond ancrage des traditions permit de conserver une grande variété de robes et de techniques de réalisation utilisées par les différents groupes ethniques du Mexique. Les robes traditionnelles mexicaines consistent en une tunique (huipil), un chemisier, une ceinture et une jupe (ou bien un jupon). Suivez la rivière Panuco (qui coule de la vallée de Mexico jusqu'au golfe du Mexique, sur 500 kilomètres) et vous vous apercevrez qu'au nord de celle-ci, les femmes portent le chemisier, tandis qu'au sud, elles revêtent la tunique. Les hommes, eux, ont depuis, largement délaissé le vêtement traditionnel pour porter le pantalon de jean, la chemise, la ceinture et le chapeau. Les populations ethniques du Mexique continuent quant à elles à tisser et à broder leurs propres vêtements.


 

Les bijoux sont nombreux, et fabriqués à partir de techniques diverses. On trouve des colliers simples ou d'autres, plus élaborés, avec des billes de verre ou des graines, puis des colliers plus luxueux, faits d'or, d'argent et de pierres précieuses (ci-dessous). Les matières premières varient en fonction des régions et des communautés. Chaque bijou représente un symbole. Certaines communautés utilisent des perles rouges, du corail et de l'ambre pour les protéger des mauvais esprits. D'autres accrochent à leurs colliers des rubans colorés symbolisant leur rang dans la société. Ou portent tout simplement les bijoux dont ils ont hérité. Les Tarahumara portent par exemple des colliers faits de perles de verre invoquant la pluie alors que les femmes Zapotec de l'isthme mexicain achètent et vendent des bijoux en or, jouant ainsi les femmes d'affaires au sein des familles, gageant ou vendant leurs bijoux lors des situations difficiles, et les rachetant lors des temps meilleurs.

Le talent humain permet ainsi de transformer la peau des animaux, les minéraux et les fibres végétales en vêtements élaborés et en accessoires qui constituent autant de moyens d'expression de cet art populaire mexicain. Qu'ils soient d'usage quotidien ou cérémoniel, ces vêtements et accessoires apportent à la communauté identité et sentiment d'appartenance. Chaque groupe ethnique mexicain possède ses propres traditions illustrées par ses robes de fête et la grâce avec laquelle les femmes les portent. Bijoux, vêtements, coiffures, et autres accessoires contribuent à ce mélange subtil de luxe et d'utilitaire rempli de symbolisme. En portant leurs costumes lors des festivités, les communautés affichent le talent mais aussi la créativité artistique des artisans du pays. Et leur ambition de préserver tous ces trésors.


 

L'art populaire de la vie quotidienne du Mexique se trouve aussi dans l'art de la table : celle-ci forme le centre de la pièce et illustre l'art traditionnel dont on hérite de génération en génération, celui d'apprécier la nourriture sous toutes ses formes. On trouve ainsi un grand nombre d'ustensiles culinaires artisanaux, certains datant même de l'époque pré-hispanique. La table est un lieu de célébration où s'affiche l'identité des habitants. Avec ou sans nappe amidonnée, vaisselle en argent ou pas, élaborée ou pas, celle-ci reste un endroit incontournable sur lequel on dresse des objets d'artisanat populaire. Casseroles, assiettes, louches, fouets, cruches, pichets et plats, plateaux, bougeoirs et corbeilles de fruits (ci-dessous) réalisés dans divers matériaux font partie de la table mexicaine.


 

Qui dit table, dit cuisine. La cuisine rurale traditionnelle est le lieu de rassemblement favori des familles mexicaines. Les objets populaires qui s'y trouvent transmettent les gouts culinaires dont le pays a hérité. Durant l'ère pré-hispanique, la cuisine était faite autour d'un feu. Celui-ci était allumé au centre de trois pierres supportant la grille sur laquelle on cuisait les tortillas. Ces pierres symbolisaient l'air, le feu et la terre. De nos jours, on trouve encore dans les cuisines mexicaines ces objets pré-hispaniques comme le mortier, le pilon et la grille. Bien sûr, chaque région a sa cuisine, avec ses objets locaux.


 

Ma visite au musée d'Art populaire s’achève cette fois. L'art mexicain possède des racines profondes. C'est un art vital pour les habitants du pays, qui a survécu à l'épreuve du temps. Une visite dans cette salle qui lui est consacrée est source de richesse culturelle et je ne peux que vous encourager à vous y rendre si vous passez par Mexico.

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Musée d'Art populaire, Revillagigedo N°11, Centre historiqe, Mexico. Tel : 55 10 22 01. Droit d'entrée : 40 pesos mexicains. Ouvert du mardi au dimanche de 10h00 à 18h00. Site internet : http://www.map.df.gob.mx/

  • la boutique du musée vous offre la possibilité d'acheter livres, répliques, vêtements, écharpes, sacs, bijoux...et autres articles créés par des artisans mexicains.

  • Des visites guidées sont organisées (s'adresser à la réception) . Ateliers d'artisanat pour enfants. Caféréria. Accès H.

  • Salle sur l'art populaire dans la vie quotidienne : 5è étage (par ascenseur), salle N°2.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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