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Le Grand Sanctuaire de Sumiyoshi
(Quartier de Sumiyoshi, Osaka, Japon)
Heure locale

 

Lundi 13 janvier 2014

 

Connaissez-vous le Sumiyoshi-taisha ? J'en ignorais encore l'existence il y a quelques jours, et pourtant, ce sanctuaire existe bel et bien. Connu aussi sous le nom de Grand sanctuaire Sumiyoshi, ce lieu, situé dans le quartier de Sumiyoshi (Osaka), à seulement deux minutes de marche de la gare, est un sanctuaire shinto. C'est même le plus important de tous les sanctuaires Sumiyoshi du Japon. Le plus ancien d'entre eux, où sont vénérés les sumiyosi-sanjin, les trois kami (dieux) Sumiyoshi, se trouve à Hakata (Fukuoka,Kyushu). Mais au fait, qui sont ces dieux (kami) sumiyoshi ? Sumiyoshi Sanjin est le terme générique pour les trois dieux shintoïstes Sokotsutsu no O no Mikoto, Nakatsutsu no O Mikoto et Uwatsutsu no O Mikoto. Ces divinités sont considérées comme les dieux de la mer et de la voile. Le sanctuaire Sumiyoshi vénère en réalité quatre dieux:les trois frères Sumiyoshi et l'impératrice Jingu. Cette dernière fut, selon la légende, impératrice-consort de l'empereur Chuai, puis régente, à la mort de son époux, et jusqu'à l'accession au trône de son fils, Ojin, en 269. Toujours selon la légende, rapportée par le Kojiki et le Nihon Shoki, elle mena une armée à la conquête des trois royaumes de Corée, avec l'aide des joyaux magiques du dieu Ryujin (le dieu de la mer dans la mythologie japonaise), et revint victorieuse trois années plus tard. C'est à ce moment-là qu'elle mit au monde son fils, Ojin (après une grossesse de trois années) avant d'assurer une régence qui durera soixante ans et au cours de laquelle elle devra affronter plusieurs rébellions.

 

Selon la mythologie japonaise, et comme écrit dans le Kojiki et le Nihon Shoki, les trois dieux Sumiyoshi seraient nés en même temps que Watatsumi, légendaire dragon japonais et dieu de l'eau. Dans cette même mythologie, il est commun d'utiliser le nom d'Owatatsumi pour se référer au dieu de la mer Ryujin. A l'origine, les dieux Sumiyoshi et Watasumi étaient les mêmes dieux mais lorsque le trône japonais fut transféré à l'est de Kyushu, à l'endroit surnommé Kinki, ce sont les dieux Sumiyoshi qui, semble t-il, furent amenés à occuper une place prépondérante. Je conviens que l'histoire est un peu compliquée car nous sommes dans le domaine de la légende et il est souvent difficile de faire la part des choses. Nous l'avons vu, les plus anciens sanctuaires abritant les dieux Sumiyoshi se trouvent à Hakata (Fukuoka, Kyushu), dans la ville d'Iki (Préfecture de Nagasaki) et à Kobé (Préfecture de Hyogo). Vous l'avez remarqué, le nom de ces trois dieux se terminent par tsutsu. Cela aurait une relation avec les planètes, car il est prétendu que ces trois dieux Sumiyoshi seraient les divinités des trois principales étoiles de la constellation d'Orion (cette constellation, qui était autrefois utilisée par les navigateurs pour se repérer en mer). Cela explique enfin le nom qui a été donné à trois îles à partir de cette même terminaison : île Tsushima, Tsutsuki sur lîle d'Iki et Tsutsuki à Itoshima.


 

Revenons au sanctuaire Sumiyoshi-taisha : celui-ci est surnommé par les habitants Sumiyoshi-san, ou bien Sumiyossan. Il est réputé pour les grandes foules qui s'y rendent le jour du Nouvel An afin de fêter le Hatsumode. Cette fête correspond à la première visite au sanctuaire shinto, ou au temple bouddhiste, lors du Nouvel an japonais. Un rituel a lieu pour l'occasion, qui comprend la première purification à l'encens et la première prière. On y boit aussi le premier verre de saké (celui-ci peut être également bu à la maison). Enfin, on procède à un tirage au sort pour la nouvelle année. Pour ce faire on utilise les omikuji, des petites bandelettes de papier (en photo ci-dessus) sur lesquelles sont rédigées des divinations. Ces omikuji sont accrochés sur un support spécialement prévu, ou bien sur un arbre du Sumiyoshi-taisha, sous lequel on peut apercevoir un lapin en pierre. Avec le temps, Hatsumode n'est plus tellement une pratique religieuse mais plutôt un rite social.

Le sanctuaire Sumiyoshi-taisha bénéficie du patronage impérial du début de l'époque Heian. En effet, en 965, l'empereur Murakami ordonna que des messagers impériaux soient envoyés aux kami (dieux) gardiens du pays afin de les informer des évènements importants. Puis, Sumiyoshi-taisha sera plus tard désigné comme premier sanctuaire de l'ancienne province de Settsu. Cette ancienne province correspond aujourd'hui à la partie est de la préfecture de Hyogo et à la partie nord de la préfecture d'Osaka. Son centre était Osaka et son château. Sous la période Sengoku, le clan Miyoshi gouverna la province et ses alentours, c'est à dire les provinces d'Izumi et de Kawachi, jusqu'à la conquête de ces dernières par Nobunaga Oda, puis par son successeur, Toyotomi Hideyoshi.

De 1871 à 1946, Sumiyoshi-taisha sera officiellement désigné comme l'un des Kanpei-taisha du système de classement des sanctuaires shinto. Ce qui veut dire qu'il était alors le premier sanctuaire soutenu par le gouvernement nippon.

Ce sanctuaire entretiendra également des liens avec la diplomatie de l'ancienne royauté Yamato et le monde de la navigation, protégeant ainsi les missions japonaises envoyées en Chine impériale. Des membres du clan Tsumori embarquaient alors en tant que prêtres en chef, à bord des navires ambassades. Navires qui appareillaient du port de Suminoe no Tsu, situé sur la rivière Hosoe (au sud du sanctuaire), le plus ancien port international du pays, celui qui permit d'ouvrir la route de la soie.


 

Le sanctuaire est aussi considéré comme le sanctuaire ancêtre de Hachimanshin, le dieu de la guerre, car il est consacré à l'impératrice Jingu, mère de l'empereur Ojin, défié en tant qu'hachiman. Hachiman, qui est le dieu shinto de la guerre (plus exactement dieu de la guerre sur terre, alors que les dieux Sumiyoshi, eux, sont les dieux de la guerre sur mer) et le protecteur divin du Japon et de son peuple. Son nom signifie « le dieu aux huit banderoles » et son animal symbole est le pigeon. Autrefois, Hachiman fut d'abord adoré par les paysans en tant que dieu de l'agriculture et par les pêcheurs qui le vénéraient dans l'espoir de rentrer avec des filets garnis. La religion shinto l'identifie donc à l'empereur Ojin. Sumiyoshi-taisha est aussi le gardien de la dynastie Kawachi.

 

Le sumiyoshi-taisha donne aussi son nom à un style d'architecture shinto, connu comme sumiyoshi-zukuri. Le honden (bâtiment principal) du sanctuaire est par exemple classé comme trésor national du Japon car il serait le plus ancien exemple de ce style d'architecture. Sur le toit, on peut observer un okichigi (faiteau en forme de fourche sur le toit du sanctuaire principal) et cinq katsuogi carrés (des billettes, c'est à dire des éléments décoratifs, placées à l'horizontale sur toute la longueur du toit). Point de couloir le long de ce type de sanctuaire. Celui-ci est clôturé par un tamagaki (clôture pour sanctuaire shinto japonais) en bois, lui-même entouré d'un clôture ara-imi.

On trouve aussi, au sud du honden, un torii en pierre appelé kakutorii. Celui-ci est inhabituel car la barre du milieu ne s'étend pas à l'extérieur des poteaux verticaux. De plus, toutes les pièces ont des bords carrés. D'où son nom, Sumiyoshi torii.

Alors que je me promène dans les allées du sanctuaire, je rencontre des lanternes de pierre. L'endroit en compte 700 (comme sur la photo ci-dessous).

Je m'arrête bien entendu quelques instants devant le Taiko Bashi, le célèbre pont en forme d'arche du Sumiyoshi-taisha. Un pont qui suscite la curiosité de bien des visiteurs. De son sommet, on observe les alentours et l'on se fait prendre en photo. Je suis surpris par le nombre important de visiteurs en ce début de matinée. Il fait certes beau mais le temps froid est loin d'avoir découragé les promeneurs. Il est vrai que ce lieu, après avoir été entièrement enclavé jusqu'à l'époque Edo, devint une référence pour la beauté du paysage. Sable blanc et pins verts composaient déjà le terrain équestre du présent sanctuaire (devenu depuis le parc Sumiyoshi), face à la mer. On parle même de « design Sumiyoshi ». Le sanctuaire sera ainsi utilisé comme étape importante dans certains chapitres concernant la Dame d'Akashi, dans le Dit du Genji. On retrouve le fameux sanctuaire dans le conte populaire « Issun Boshi », un vieux couple qui n'a jamais eu d'enfants, et qui prie Sumiyoshi-taisha. Leurs prières sont alors exaucées car ils auront bientôt un fils. Cet enfant partira plus tard en voyage, depuis le port de ...Sumiyoshi, en descendant la rivière Hosoe jusqu'à la baie d'Osaka, remonte ensuite la rivière Yodo avant d'entrer à Kyoto.


 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Sanctuaire Sumiyoshi-taisha, à deux minutes de marche de la gare ferroviaire Sumiyoshi-taisha Eki. Tel : 06 6672 0753.

  • Site internet : http://www.sumiyoshitaisha.net/

  • Pour vous y rendre depuis la station de métro Umeda (gare d' Osaka), prendre le métro jusqu'à Namba. A Namba, emprunter la ligne Nankai ( direction aéroport de Kansaï) puis descendre à la gare de Sumiyoshi-taisha. Coût : 230 + 200 yens.

     

 

 

 

 



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