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Le Getto, élixir de longévité?
(Nishihara, Okinawa, Préfecture d'Okinawa, Japon) |
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Jeudi 30 janvier 2014 Une autre journée commence, riche de promesses. J'ai en effet décidé de trouver la fameuse plante getto dont on parle tant actuellement. Cela fait une vingtaine d'années que Shinkichi Tawata, Professeur en agronomie à l'Université de Ryukyu à Nishihara (Okinawa), effectue des recherches sur cette plante dont il s'est aperçu qu'elle posséderait de redoutables propriétés anti-bactériennes : chaque année, en février, les habitants d'Okinawa mangent un plat traditionnel, appelé mochi, une préparation à base de riz gluant enveloppée dans une feuille de getto. Et aucun signe de décomposition du riz n'a été relevé avec le temps, ce qui a mis la puce à l'oreille au Professeur Tawata, qui s'est mis à effectuer des recherches sur ce végétal. Non seulement les feuilles, mais aussi les baies rouges et les fleurs blanches du getto regorgeraient de resvératrol, un antioxydant présent notamment dans le raisin. Ce polyphénol est aussi présent dans certains fruits comme les mûres et les cacahuètes. Le vin en possède une quantité notable, qui procure ainsi des effets bénéfiques au précieux breuvage (pour peu qu'on le boive avec modération). C'est un Japonais, Takaoka, qui le découvrit pour la première fois en 1939 et réussit à l'extraire. On retrouva le resvératrol dans un eucalyptus en 1959 puis dans la racine du Fallopia japonica (utilisée depuis des siècles en médecine chinoise et japonaise).Il faudra attendre 1976 pour qu'on l'identifie dans le raisin mais c'est seulement seize ans plus tard qu'il sera repéré dans le vin.
Shinkichi Tawata eut donc l'idée d'utiliser des vers démotodes, qui ne vivent habituellement qu'un mois. Il fit deux groupes avec la population de démotodes, et exposa quotidiennement au getto le premier groupe. Il observa dans ce groupe une augmentation de la durée des vers de ...22,6% (par rapport au second groupe qui n'en avait pas reçu). Mais d'où vient donc cette plante ? Surnommée fleur de mon âme, larmes de la vierge, gingembre coquille, fleur de paradis ou encore longose, le végétal vigoureux (ci-dessus) possède un rhizome tubéreux, des tiges feuillées de deux à trois mètres de haut, des feuilles larges et allongées d'un vert sombre brillant, et des fleurs en grappes terminales retombantes (ci-dessous) portant plusieurs dizaines de fleurs. Au Japon, on lui a donné le nom de getto, et ses feuilles sont consommées dans l'archipel des Ryukyu où on lui attribue des propriétés médicinales.
Je me rends à l'université de Ryukyu pour rencontrer le Professeur Tawata. Je n'ai pas pris de rendez-vous préalable mais aurai la chance que le chercheur soit présent et qu'il accepte très gentiment de m'accorder quelques heures de son temps. Il me montre des études (en anglais) effectuées sur la plante : la première tend à démontrer que l'alpinia zerumbet , déjà utilisé pour ses propriétés anti-inflammatoires, fongistatiques et bactériostatiques, posséderait dans ses feuilles des qualités à la fois relaxantes et antispasmodiques. Nous l'avons vu, au Japon, on utilise la plante pour préparer le mochi auquel les habitants locaux attribuent le pouvoir de protéger contre le rhume. Des travaux ont même testé des extraits du rhizome contre le virus du SIDA HIV-1. Le getto augmenterait-il l'espérance de vie ? La seconde étude traite du HIV-1 et de la grippe, deux pathologies occasionnant des pandémies virales, et des milliers de morts sur toute la planète. En présence de la résistance accrue de ces maladies face à l'arsenal médicamenteux synthétique, la tentation est grande de chercher le salut du côté des plantes. On testa donc l'alpinia zerumbet contre le HIV-1 et il apparaît que ce végétal pourrait entrer dans la composition de futurs médicaments pour combattre ces maladies virales. Lors des tests, on note que l'extrait aqueux des feuilles de la plante agit avec plus d'intensité que le rhizome.
Shinkichi Tawata m'explique très simplement qu'en ingérant le getto, par exemple sous la forme d'infusion, on absorbe l'alpinia zerumbet et son composant DK que l'estomac transforme en composé DK-OH. Celui-ci passe ensuite dans le foie qui le transforme en CYP2C9, composé qui part ensuite vers les cellules. Bien sûr, le professeur espère poursuivre ses essais sur d'autres animaux comme le rat. Puis, plus tard sur des êtres humains, en fonction des résultats obtenus. Il reste en tous cas persuadé que le getto ne contient pas de poison et peut être bénéfique pour la santé. Sa troisième étude traite d'ailleurs de l'action antioxydante de l'alpinia zerumbet sur la peau : une utilisation de getto par application sur la peau diminuerait, voire ferait tout bonnement disparaître les rides. On envisage d'ailleurs la création d'une crème à partir de poudre de getto séché, qui est déjà utilisée à Okinawa pour les pâtisseries ou incorporée dans de l'eau pour en faire un spray rafraichissant pour la peau. Des effets prometteurs sont aussi attendus contre la maladie d'alzheimer, me dit le Professeur Tawata. Concernant la peau, les tests ont révélé que la faculté des extraits aqueux de l'alpinia zerumbet à piéger les radicaux étaient supérieurs aux extraits d'éthanol. Et que les graines et le rhizome de la plante offraient des meilleurs résultats antioxydants. A suivre. Enfin, j'apprends que le getto pourrait aider à combattre l'obésité, ce fléau qui touche même les îles d'Okinawa depuis l'arrivée des Américains dans l'archipel et le développement de la malbouffe (hamburgers & Co). A tel point que, si les femmes d'Okinawa qui font partie des Japonaises vivant le plus longtemps (87 ans en moyenne), les hommes, eux, ont dégringolé au ...trentième rang du classement des préfectures nippones et ne vivent plus que jusqu'à 79,4 ans en moyenne (c'est à dire un peu en-dessous de la moyenne nationale). Shinkichi Tawata me dit qu' il est temps de renouer avec les traditions culinaires de la région. Selon lui, on mange trop de sucre et trop de graisse.
Peu de gens se soucient pourtant de ces touffes de getto qui poussent le long des routes de l'île d'Okinawa. On est ce que l'on mange et les habitants d'ici le savent bien. Du moins, les anciens, adeptes du régime d'Okinawa et qui achètent toujours le goya, sorte de courge amère et légume traditionnel réputé pour ses effets positifs sur la santé. Mais aussi ces feuilles de getto. Certains ont pourtant compris que l'élixir de jouvence découvert par le Professeur Tawata pouvait séduire une clientèle à la recherche de produits naturels. Je me suis rendu à la boutique Plus Garden qui possède une partie de la gamme des produits de la société NIHON GETTO (ci-dessus) qui s'est lancée dans l'aventure. Ce fut le parcours du combattant pour les trouver mais j'y suis parvenu grâce à la gentillesse de toutes les personnes rencontrées sur mon chemin. Je vais à mon tour pouvoir expérimenter les infusions de getto !
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