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Promenade dans le Quartier de Hankou
(Wuhan, Province de Hubei, Chine)
Heure locale


Dimanche 30 mars 2014

 

Me voici à nouveau dans la ville surnommée celle des rives bleues du fleuve, le fameux Yang Tsé Kiang, ce fleuve que je remontais en décembre dernier, celui que l'homme réussit à domestiquer. Wuhan est la douzième ville la plus peuplée de Chine et la deuxième plus grande ville intérieure du pays, après Chongqing. C'est aussi le plus grand port fluvial chinois. Je suis perdu dans cette cité de plus de 9 millions d'habitants car ici, tout est à l'image du gigantisme chinois dont on parle tant dans notre petite Europe. Tout est à revoir quand on débarque ici : les distances sont démesurées, mais aussi l'affluence dans les transports en commun, le nombre de chantiers (et leurs dimensions, comme sur cette photo ci-dessous, à la station de SanyangLu). Et l'on me sourit gentiment lorsque j'envisage de parcourir à pied ne serait-ce que la seule zone des anciennes concessions étrangères du quartier de Hankou (un des quartiers de la ville de Wuhan). Il faut dire que Wuhan est en réalité formée de trois villes qui se faisaient autrefois face de part et d'autre du grand fleuve : Wuchang (sur la rive droite), là où se trouve mon hôtel, qui offre plusieurs grands lacs et vestiges d'anciens méandres, et qui accueille désormais la plupart des universités. Hanyang, située à flanc de colline sur l'autre côté du fleuve, et Hankou, où étaient situées jadis les concessions étrangères, devenue de nos jours centre d'affaires.


 

Mes ambitions sont grandes mais je devrais en rabattre au fur et à mesure de ma visite de quelques heures car il me sera impossible de trouver tous les lieux notés sur ma fiche de route (à retrouver dans l'album photos) pourtant traduite par Jérémy, notre concierge chinois à l'hôtel. Je décide d'emprunter le métro pour me rendre jusqu'à Hankou. Le plan qui m'est fourni me donne l'impression d'une proximité entre Wuchang et Hankou. Erreur ! Je mettrai 45 minutes pour atteindre le quartier des anciennes concessions et je devrais emprunter trois lignes de métro différentes. Le réseau, en expansion constante, est actuellement composé de sept lignes et les premiers travaux préliminaires à la construction du métro de Wuhan remontent à 1984. Je pénètre dans la station Yue Jia Zui et m'aperçois que celle-ci est d'une propreté extraordinaire. Ca change de Paris. La station est aussi dimensionnée pour un trafic important. Et on trouve partout du personnel, tant pour surveiller les lignes de tourniquets que pour aider les usagers. Je serai ainsi assisté par une charmante hôtesse dans l'achat de mon...jeton. Dans les rames, la propreté est identique. Pas un papier par terre, pas un graffiti. La France, qui se vante d'être le pays des droits de l'homme pourrait ici prendre des leçons. Je n'ai qu'un regret, celui de ne pas pratiquer le chinois. Je communique quand même mais par des sourires. Je ne rencontrerai qu'un seul ressortissant blanc durant ma visite, et l'on me remarque. Des regards me sont adressés et l'on vient parfois vers moi pour me demander d'où je viens. Ces Chinois-là pratiquent l'anglais. Je leur remets ma carte de visite et les encourage à découvrir mon site de reportages. Car les Chinois sont curieux et s'intéressent à tout. Je parviendrai à communiquer avec eux par gestes ou en leur montrant ma fiche de route. Mais je ne parviendrai pas à trouver tous les endroits qui me tenaient à cœur.

 

Je descends à la station SanyangLu et tente de trouver la Mairie de Wuhan (ci-dessous). Il me faudra marcher une bonne vingtaine de minutes pour l'atteindre en empruntant d'abord la rue SanyangLu puis en suivant le fleuve sur la droite. Les rives du Yang Tsé Kiang, qui furent aménagées après les inondations de 1998, sont depuis devenues un lieu de promenade, très populaire pour les habitants. La mairie abritait autrefois le consulat allemand, mais, une fois sur place, il me sera impossible d'obtenir des informations supplémentaires sur ce lieu. Je pars un peu au hasard en espérant tomber sur les lieux que je compte découvrir. Ce quartier possède encore des vestiges de l'ancienne Chine avec des vieilles maisons et des ruelles (ci-dessous, deuxième photo). Ces rues d'un autre temps sont en sursis mais pour combien de temps ? Ici, partout s'élèvent des grues qui annoncent de multiples chantiers et des tours futures.


 

Muni de mon plan, je débouche bientôt dans l'avenue Zhongshan (du nom d'une ville de la province de Guangdong) et découvre ici et là les traces du passé, à travers certains bâtiments datant de la présence des anciennes concessions étrangères, comme au 889 de cette avenue (première photo ci-dessous). Vingt mètres plus loin, le contraste est saisissant, à l'angle de l'avenue Zhongshan et de la rue Haishou, avec ces vieilles maisons qui abritent des taudis habités jusque dans leurs toits (deuxième photo). J'imagine ce que fut jadis l'ouverture de la Chine à la modernité occidentale dans ce quartier de Hankou (qui était autrefois une ville) à partir de 1861 : à la suite de la guerre de l'opium, Hankou abrita cinq concessions étrangères (Royaume-Uni, France, Russie, Japon et Allemagne). Déjà, à cette époque, la ville de Hankou devient le centre d'affaires de l'agglomération. La concession française, elle, installée dès 1896, fera l'objet d'une première rétrocession au gouvernement collaborationniste de Wang Jingwei par le régime de Vichy en 1943. Celle-ci sera confirmée trois ans plus tard. Aujourd'hui, la France abrite ici une importante communauté française ainsi qu'un consulat. Et de nombreuses entreprises tricolores se sont depuis installées à Wuhan. L'Alliance française, fondée en 2000 en collaboration avec l'université de Wuhan, a pour mission de promouvoir notre langue et les cultures francophones tout en encourageant échanges culturels, intellectuels et artistiques. Quant aux entreprises françaises installées sur place, elles rappellent que Wuhan était autrefois un comptoir français. L'université de Wuhan enseigne quant à elle, le français et est la seule université à enseigner la licence de gestion, diplôme national français.


 

Les Chinois que je croise me regardent avec curiosité, mais sans agressivité. Je me sens ici plus en sécurité que dans mon propre pays alors que je porte mon appareil photos en bandoulière. Alors que je déambule dans une rue ancienne, et que la faim commence à me gagner, je tombe soudain sur une pâtisserie...japonaise ! Décidément, ils sont partout. Les jeunes chinoises qui se trouvent au comptoir ne me comprennent pas bien et appellent le chef, Masayoshi Kono, un Japonais originaire de Fukuoka (Kyushu). Nous échangeons quelques mots ainsi que nos cartes et j'achète deux choux à la crème que je lorgnais depuis un instant. A deux pas de là, se trouve la rue Shengli dans laquelle se trouve l'ancien hôtel Terminus (dans les années 20), aujourd'hui devenu l'hôtel Jianghan, malheureusement fermé et plus ou moins à l'abandon (ci-dessous). Face à lui, au numéro 174 de la même rue, se dresse encore un bâtiment de la même époque qui accueillait autrefois un bureau des Chemins de Fer de Wuhan, d'où le nom de l’hôtel Terminus ! A noter que les Chemins de Fer occupent toujours ce bâtiment.

A deux pas se trouve le Café Brussels, pourtant situé non loin de là, mais je ne le trouverai pas (il se trouvait pourtant au 183 de la rue Shengli). Ce lieu abritait jadis la demeure du Général du Guomindang rallié à la cause révolutionnaire , le Général Tang Shengzhi. Seigneur de guerre chinois, Tang Shengzhi rejoignit le Kuomintang pour combattre l'armée impériale japonaise, puis devint politicien après la Seconde Guerre mondiale. S'étant d'abord engagé dans la révolution chinoise de 1911, Tang étudiera à l'académie militaire de Baoding trois ans plus tard. Il deviendra le gouverneur civil et militaire de la province de Hunan en 1926, avant de rejoindre Tchang Kaï-chek. Durant la guerre sino-japonaise, la plupart des seigneurs de guerre chinois s'uniront pour lutter contre les Japonais et Tang deviendra alors un membre important du comité de défense nationale de Tchang Kaï-chek. Et d'accepter le commandement de la garnison de Nankin assiégée par les Japonais en décembre 1937.

On m'indique que le quartier des antiquaires ne se trouve pas loin. Je pénètre alors dans un quartier d'anciennes maisons vouées à la destruction. D'après les indications d'habitants du quartier, la rue des antiquaires a laissé la place à ...une tour. Vraie ou pas, j'apprendrai plus tard que la rue des antiquaires se trouve rue Xianggang, au N°209, avec des petite échoppes pleines de bonnes affaires. A (re)découvrir si elle existe toujours (je suis preneur d'informations à ce sujet si vous en avez!). Je me consolerai avec la rue Jiqing, toute proche, et son marché (ci-dessous). Cette rue est soi-disant célèbre pour ses musiciens et regroupe plusieurs restaurants aux cuisines variées (de Wuhan, de la province de Hubei, du Hunan, du Sichuan , de Shanghaï, et du Xingjiang). Je n'ai pour ma part rencontré aucun de ces troubadours supposés agrémenter ces plats de plaisantes mélodies. A proximité, j'aperçois une petite église chrétienne qui dresse son cloche vers le ciel.


 

Dans le même quartier, je rencontrerai un dogue tibétain (ci-dessous). Jamais je n'avais encore approché un chien aussi massif, qui ressemble d'ailleurs à un lion. Surnommé aussi « Mastiff du Tibet », ce chien, désormais devenu chien de compagnie pour Chinois fortunés (l'un d'entre eux a récemment trouvé preneur pour 1,4 million de dollars) était autrefois un chien de travail d'origine ancienne employé par les bergers nomades de l'Himalaya, et comme chien de garde traditionnel des monastères tibétains, classé dans le groupe des molosses. Les Tibétains utilisaient l'animal pour protéger les troupeaux de chèvres et de yacks. On en trouve la trace il y a déjà plus de 3000 ans et ces chiens auraient déjà été offerts à Alexandre le Grand, qui les avait fait combattre des fauves dans l'arène.

 

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Pour vous rendre dans le quartier de Hankou (anciennes concessions étrangères), depuis le quartier de Wuchang, emprunter le métro depuis la station YueJiaZui (ligne 4). Acheter un jeton à 3 yuans (pour vous rendre jusqu'à la station Sanyang Lu) en vous munissant de pièces (vous pouvez échanger des billets contre des pièces à un guichet). Utiliser un distributeur de jetons, sélectionner le menu en anglais et sélectionner la gare d'arrivée (mieux vaut connaître la ligne de métro!). Le prix est ainsi fixé. S'acquitter du prix demandé en glissant les pièces dans la fente et récupérer son jeton dans un réceptacle sous l'écran. Appliquer son jeton contre la partie supérieure du tourniquet et se diriger jusqu'au quai correspondant. Sur les quais, chaque nom de station est transcrit en anglais. Dans les rames, les stations annoncent également chaque station en anglais. Tout comme au Japon, sur chaque quai, se trouve un agent à qui vous pouvez demander votre chemin. Les correspondances sont clairement indiquées dans les rames (numéro de ligne) et il est facile de trouver son chemin en suivant les flèches dans la station de correspondance. En cas de doute, ne pas hésiter à demander son chemin à des Chinois en leur montrant votre carnet de route (et la retranscription du nom de la station, en chinois, dont vous aurez pris soin de vous munir avant votre départ). Ils vous aideront toujours. Premier changement à la station Hongshan Square pour emprunter la ligne 2, qui doit vous conduire à la station Xunlimen. A Xunlimen, changer pour emprunter la ligne 1 qui vous conduira à la station SanyangLu (sortie A).

  • Plan de la ville de Wuhan (uniquement en chinois) : http://map.vbgood.com/China_city_map_collection/wuhan.htm

  • Plan de la ville de Wuhan (en anglais) : http://www.maps-of-china.net/city/wuhanm.htm

  • Site gouvernemental (en français) : http://french.wh.gov.cn/publish/france/category/33/1201212171107450002.html

  • SAKURA CAKE (pâtisserie japonaise) 25 Haishoujie Jianganqu, Wuhan, Hubei. Tel : 027 82821160.










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