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Exposition "Bécassine dévoile les Trésors de Loulotte"
(Musée de la Poupée, Paris, France) |
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Dimanche 1er février 2015
Vous êtes désormais habitués aux expositions régulièrement offertes par le Musée de la Poupée (Paris), toutes plus passionnantes les unes que les autres. Cette fois, c'est au monde merveilleux de Bécassine que ce musée a décidé de se consacrer. La nouvelle exposition s'intitule en effet « Bécassine dévoile les trésors de Loulotte ». Afin de fêter les 110 ans de Bécassine, le Musée de la Poupée a décidé de mettre sous les feux de la rampe ces fameux trésors de Loulotte, personnage des aventures de Bécassine, inspiré par la vraie Claude, fille unique de Maurice Languereau, l'éditeur du magazine La Semaine de Suzette, et de sa femme Yvonne, qui se trouva longtemps à la tête du rayon Bleuette. La nouvelle exposition nous permettra d'admirer des poupées rares et anciennes, des trousseaux, des éditions originales des albums de Bécassine, des exemplaires de La semaine de Suzette, des objets dérivés charmants et insolites, ou des documents et des photographies... au total, plus d'un millier d'objets seront dévoilés au public, parmi lesquels la collection personnelle de feu Claude Canlorbe-Languereau, alias Loulotte. L'exposition s'adresse à tous : enfants d'hier (dont je fais partie), nostalgiques de leurs poupées d'enfance, passionnés de couture et de mode, enfants d'aujourd'hui toujours sensibles au personnage de Bécassine, amateurs de bandes dessinées, collectionneurs de poupées ou de jouets... Mais au fait, d'où vient notre chère Bécassine ? A l'origine prévue pour boucher une page blanche de la revue La semaine de Suzette, à cause de la défection d'un auteur souffrant, l'histoire écrite en 1905 par Jacqueline Rivière, épouse de J.H.Bernard de la Roche, et rédactrice en chef de ladite revue, fut illustrée de la main experte du dessinateur Pinchon. Cette histoire relatait une bévue commise par une bretonne imaginée par l'auteur, en l’occurrence Bécassine. Le succès immédiat de l'histoire, et...du personnage permettra l'édition de nouvelles planches qui paraitront régulièrement. La revue pour enfants La semaine de Suzette, fondée par Henri Gautier en 1905, c'est à dire au moment de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, s'imposa tout de suite comme le complément récréatif d'une « éducation religieuse et intelligente ». L'objectif de la revue était de divertir, amuser, instruire au travers de romans-feuilletons, contes, histoires illustrées, jeux, concours, pièces de théâtre, poésies, jeux d'intérieur et d'extérieur, ouvrages de couture, recettes de cuisine...tout en inculquant civisme, morale chrétienne et charité. De 1913 à 1952, paraitront plusieurs aventures de Bécassine, toutes dessinées par Pinchon (sauf deux, qui furent dessinées par Edouard Zier). D'autres albums et recueils seront publiés après le décès de Pinchon en 1953, dont une série dessinée par Trubert dès 1959. Le journal parut tous les jeudis, durant 55 ans, de 1905 à 1960, sauf une interruption de 6 ans lors de la seconde guerre mondiale. Plusieurs milliers d'abonnés avaient ainsi adopté ce journal. La lectrice type, appelée « Suzette », était âgée de 8 à 16 ans (avec une majorité de lectrices dans la tranche des 10-14 ans) et fréquentait des cours privés. Francophone, elle habitait parfois les colonies, ou bien l'étranger (dans ce cas, la revue l'aidait alors à améliorer son français!). Cette lectrice était plutôt de milieu bourgeois catholique, généralement fille de médecin, ingénieur, avocat ou diplomate.
Les poupées de La Semaine de Suzette font ressortir deux personnages : Bécassine et Bleuette. Bécassine en photo ci-dessous) naquit en 1905 (trois ans après les Pieds Nickelés), sous la forme d'une planche réalisée à la dernière minute comme nous l'avons vu plus haut, avec un style de dessin caractéristique, au trait rond, vif et moderne. Premier personnage féminin de bandes dessinées, notre héroïne, toujours en phase avec son époque, sera tour à tour aviatrice, institutrice, alpiniste et même nourrice de la célèbre Loulotte dès 1921. Elle fera l'objet, à partir de 1913, d'une série de 27 albums dessinés par Pinchon et écrits par Caumery, dont le premier est « l'Enfance de Bécassine ». Aujourd'hui, les éditions Gautier-Languereau/Hachette Livre rééditent toujours les albums originaux en adaptant les textes pour les enfants de tous âges. Bécassine a en effet su devenir un mythe intemporel : elle prendra la forme de poupées portant son costume, parmi lesquelles les modèles en tissu bourré par Reine Degrais, mais aussi sous la forme d'une multitude d'objets à son image comme des manches de parapluie, des lampes, des jouets mécaniques, des cendriers, des porte-clefs, de la papeterie ou des figurines. Elle inspirera également le personnage d'un film, une célèbre chanson interprétée par Chantal Goya (Bécassine, c'est ma cousine!, vendue à plus de trois millions d'exemplaires en 1979) et un dessin animé diffusé au cinéma. Bleuette, la poupée chérie de plusieurs générations de petites filles, a porté un riche trousseau prêt-à-porter acheté jadis auprès des bureaux de l'éditeur et par correspondance. Les fillettes pouvaient alors enrichir leur collection de vêtements en les confectionnant elles-mêmes, d'après les patrons publiés dans la rubrique « Nous habillons Bleuette », de la revue « La Semaine de Suzette ». Mascotte de la revue, la poupée sera offerte aux abonnées en 1905, et augmentera de taille avec le temps : de 27 cm jusqu'en 1933, elle passera à 29 cm plus tard. Sa commercialisation prendra fin en 1960 avec l'arrêt de la publication de la célèbre revue. Devenue depuis, tout comme son trousseau, un objet de collection très convoité, Bleuette a fait l'objet de nombreux ouvrages édités à l'intention des collectionneurs. En effet, d'anciennes « Suzettes » recherchent toujours la poupée de leur enfance sans compter cette nouvelle génération de collectionneurs qui rêvent de posséder non seulement la poupée, mais aussi son riche trousseau, comptant plus de mille tenues différentes.
La Semaine de Suzette diffusera d'autres poupées moins prestigieuses, comme par exemple Benjamine, la petite sœur de Bleuette, née en 1926 puis commercialisée durant peu de temps. Bambino, le petit frère de Bleuette, avec son corps de poupon mesurant de 25 à 27 cm est quant à lui apparu en 1928, avec son riche trousseau qui reflétait la mode de la première enfance, trousseau accessible jusqu'en 1960. Bamboula, lui, constituera l'éphémère petit compagnon nègre paru à l'occasion de l'Exposition Coloniale de 1931. Quant à Rosette, elle sera la grande sœur de Bleuette, qu'elle accompagnera de 1955 à 1960. Arrêtons-nous maintenant sur Loulotte. En 1921, année de naissance de sa fille Claude, Maurice Languereau inventa pour les albums de Bécassine (ci-dessous en photo) le personnage de Loulotte. Cette petite Loulotte grandira en même temps que Claude, au fil des albums, de « Bécassine nourrice » à « Bécassine au studio », entre 1921 et 1939. Les aventures de Bécassine se déroulent alors sur les lieux de vacances familiales de la famille Languereau, c'est à dire au Pays Basque, en Normandie, au Mont d'Arbois (sports d'hiver), et à Paris (durant l'année scolaire). Les photos de famille serviront bien sûr d'inspiration à Pinchon pour dessiner les albums de Bécassine. C'est cette collection personnelle de Loulotte, feu Claude Canlorbe-Languereau que l'exposition présente au public, aux côtés du fonds du Musée de la Poupée de Paris et de quelques autres pièces de provenance privée. Nostalgie garantie !
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