Vendredi 13 février 2015
Je n'y suis allé qu'une seule fois, il y a longtemps. Me revoici à La Havane, capitale de Cuba. Je n'y passerai que quelques heures mais cette halte sera suffisante pour y faire quelques photos et vous décrire brièvement ce qu'est cette ville, en espérant, je l'espère, vous donner envie de vous y rendre à votre tour.
A la fois capitale, port et centre économique de Cuba, La Havane est aussi l'une des quatorze provinces de l'île. Et rassemble deux habitants sur trois, la classant comme la plus grande ville des Caraïbes. Notons que le nom La Havane provient du nom du chef de la tribu (Habaguanex) qui contrôlait la région à l'arrivée des conquistadors sur l'île. C'est le roi Philippe II d'Espagne qui accordera à La Havane le statut de ville le 20 décembre 1592, et un décret royal de 1634 reconnaitra plus tard son importance au point de la désigner officiellement comme « Clé du Nouveau Monde et Rempart des Caraïbes ». Cette inscription figure d'ailleurs sur le blason de la ville. Ce sont les Espagnols qui commencèrent à édifier les fortifications, et qui transféreront en 1553 la résidence du gouverneur depuis Santiago de Cuba à La Havane, ce qui aura pour conséquence de hisser automatiquement cette dernière au rang de capitale.
Cuba est traversée par la rivière Almendares, du sud au nord, pour se jeter dans le détroit de Floride, qui se trouve à quelques kilomètres de là, à l'ouest. Cette rivière , longue de 45 km, prend sa source à l'est de Tapaste, et coule vers le nord-ouest en arrosant au passage la partie occidentale de Cuba, avant de se jeter dans le détroit qui lie l'océan atlantique au golfe du Mexique. Ce cours d'eau fournit également en eau la capitale. Vous connaissez maintenant ma passion pour l'histoire. Revenons donc en arrière et penchons-nous sur la découverte de l'île : ce furent les Espagnols qui débarquèrent les premiers à l'emplacement actuel de La Havane et dans sa baie naturelle, lors de la circumnavigation de l'endroit par Sebastian de Ocampo, en 1509. Ce dernier était alors un navigateur et explorateur espagnol, qui aurait accompagné Christophe Colomb dans son deuxième voyage vers les Indes, effectué en 1493. Et Provenant d'Hispaniola, c'est en cette année 1509 (l'année même de la mort de Christophe Colomb!) qu'il découvrit Cuba, passant ainsi pour le premier découvreur européen du golfe du Mexique, mais confirmant surtout que l'endroit était bien une île alors qu'auparavant, on pensait qu'il s'agissait d'une péninsule. La Havane sera fondée le 25 août 1515 par le conquistador Diego Velazquez de Cuellar, alors gouverneur de Cuba de 1511, jusqu'à son décès en 1524. La localisation de la ville était idéale car située à proximité d'un port donnant à l'entrée du golfe du Mexique avec accès facile sur le Gulf Stream (principal courant océanique suivi par les navigateurs lors des voyages de l'Amérique vers l'Europe). Ce facteur fut déterminant dans le développement économique de La Havane car son port deviendra le premier port des colonies espagnoles du Nouveau Monde. Une première carte de Cuba sera tracée dès 1514, positionnant clairement la ville à l'embouchure de l'actuel Rio Mayabeque. La Havane deviendra ainsi la sixième ville créée sur l'île par les Espagnols. Peu après l'érection des toutes premières villes, Cuba servira de base pour la Conquista (conquête) d'autres contrées. Hernan Cortès, conquistador espagnol, organisera son expédition vers le Mexique à partir de cette île. Cuba ne possédait que très peu de richesses (presque pas d'or, d'argent ou de pierres précieuses), d'où ces expéditions extérieures en direction du Mexique et de l'Amérique du sud. Les légendes de l'Eldorado et des Cités d'or avaient alors bon dos dans ces terres lointaines...A l'origine, La Havane était un port de commerce, victime d'attaques régulières de la part des boucaniers, des pirates et des corsaires. La cité fut d'abord réduite en cendres entre 1538 et 1555. Ces multiples attaques convainquirent les Espagnols de construire des murailles de protection qui serviraient en même temps à lutter contre le marché noir alors en développement. Les navires de la Couronne espagnole qui revenaient du Nouveau Monde furent bientôt protégés par la Armada. Les navires étaient intégrés dans une seule et même flotte qui se déplaçait d'un seul bloc, et donc moins vulnérable face à l'ennemi. Cette flotte était formée dans la baie de La Havane.
La Havane connaitra une période d'expansion importante au XVIIè siècle. En 1607, elle sera nommée capitale de l'île par un ordre royal, et Cuba possédera alors deux gouvernements (un à La Havane et l'autre à Santiago) On construisit de nouveaux bâtiments en utilisant l'abondante ressource en bois disponible et en combinant divers styles architecturaux ibériques. Ainsi naquirent le couvent de Saint-Augustin, le château d'El Morro, la chapelle de Humilladero, la fontaine de Dorotea de la Luna, entre autres. En 1649, une épidémie de peste venue de Colombie (Carthagène des Indes) décimera un tiers de la population de la capitale. Puis, en 1665, aura lieu l'officialisation du blason de La Havane, sous l'égide de la reine Marie-Anne d'Autriche, veuve de Philippe IV d'Espagne. Blason qui porte pour symboles héraldiques les châteaux de La Havane, de La Real Fuerza et de los Tres Santos & San Salvador de la Punta, en forme de trois tours d'argent sur un fond bleu, avec une clé d'or symbolisant la porte du Nouveau Monde. Il faudra attendre 1674 pour voir la construction des murs d'enceinte de la ville, dans le cadre des efforts de fortifications qui seront achevés en 1740. Dix ans plus tard, La Havane comptait plus de 70000 habitants ( elle fut alors la troisième plus grande ville d'Amérique, après Lima et Mexico). La Guerre de sept ans occasionnera la prise de la cité par les Britanniques, lesquels s'installeront sur les hauteurs et débuteront le bombardement du fort El Morro. Une fois sur place, ils développeront le commerce avec leurs colonies nord-américaines et caribéennes. Au contact de ces envahisseurs, la société cubaine sera transformée face à l'apparition de nourritures nouvelles, de biens divers et de chevaux qui déferleront sur la ville tandis que, dans le même temps, des milliers d'esclaves venus d'Afrique de l'Ouest seront implantés sur l'île pour travailler dans les plantations de canne à sucre. Des liens plus intenses seront tissés avec l'Amérique du nord, mais l'occupation britannique ne durera pas car le traité de Paris signé par les trois belligérants mettra un terme à la Guerre de Sept ans, tout en attribuant à la Grande-Bretagne la Floride en échange de Cuba.
Les nouveaux liens tissés avec l'Amérique du nord et les Caraïbes augmenteront au début du XIXè siècle, et La Havane deviendra alors une ville moderne et à la mode. Ses théâtres accueilleront la plupart des acteurs éminents de l'époque et la classe moyenne, en plein essor, s'offrira la construction de riches demeures classiques. Le port, lui, connaitra un essor fulgurant, et le premier chemin de fer fera son apparition en 1837, sur un tronçon de 51 kilomètres, entre La Havane et Bejucal, grâce au travail fervent de la communauté chinoise. Le train servira à transporter le sucre depuis la vallée de Guinness jusqu'au port. Cuba deviendra alors le cinquième pays au monde à posséder son propre chemin de fer. Durant ce siècle, d'autres infrastructures culturelles seront érigées comme le théâtre Tacon, l'un des plus luxueux au monde, le Liceo artistique et littéraire et le théâtre Coliseum. L'esclavage, légalisé jusqu'à 1886, attisera les intérêts des Etats confédérés américains du Sud, d'autant plus que vaincus lors de la Guerre de Sécession en 1865, certains planteurs américains transféreront leurs plantations à La Havane. L'essor de la ville étant tel, on rasera les anciens murs de la cité en 1863 pour permettre son agrandissement. Et les classes aisées de déménager vers les quartiers de Vedado, avant d'émigrer plus tard vers Miramar, puis dans Siboney. A ce moment-là, Cuba ne le sait pas encore mais l'île vit ses dernières heures du colonialisme espagnol en Amérique, lorsque le cuirassé américain l'USS Maine est coulé dans le port. Les Etats-Unis prendront alors ce prétexte pour envahir l'île et déclencher ainsi une guerre hispano-américaine.
Dépêché sur place pour protéger les intérêts américains lors de la guerre d'indépendance cubaine, l'USS Maine explosa et coula rapidement dans le soirée du 15 février 1898, dans le port de La Havane, et avec lui, les trois-quarts de l'équipage. L'enquête ne permettra pas de découvrir l'origine de l'explosion mais l'opinion publique américaine, scandalisée par ce naufrage à cause des articles incendiaires publiés dans la presse américaine, accusera l'Espagne, entrainant ainsi le déclenchement de la guerre hispano-américaine le 25 avril 1898, guerre qui durera cinq mois et aboutira à l'indépendance de Cuba jusqu'en 1901, avant la prise de contrôle d'anciennes colonies espagnoles dans les Caraïbes par les Etats-Unis. Les derniers temps, la position de l'Espagne avait perdu de sa superbe et la plupart de son empire colonial avait déjà acquis son indépendance. Une guerre des Dix Ans (entre 1868 et 1878) avait déjà eu lieu à Cuba, comme première tentative d'indépendance. Cette guerre avait été provoquée par un planteur cubain qui libéra ses esclaves afin d'en faire une armée. Il sera rapidement suivi par 37 autres planteurs. Cet événement donnera tout de même naissance à la première Constitution de la République de Cuba. Parallèlement, les Américains étaient déjà bien implantés sur l'île via les plantations de canne à sucre et les raffineries cubaines. De plus, un certain nombre d'adeptes du commodore Alfred Mahan voyait en Cuba un emplacement idéal pour y développer une importante base navale américaine. Un événement allait toutefois précipiter les choses: la pauvreté extrême des paysans (face à l’exubérant développement économique de l'île) augmenta encore après 1890 à cause de la baisse des prix du sucre lors de la dépression de 1893, puis l'apparition du tarif douanier augmentant de 40% les taxes sur cette denrée. Autant de facteurs qui déclenchèrent, en mars 1895, la guerre d'indépendance cubaine (guerre qui aboutit à la disparition d'un huitième de la population, c'est à dire 200 000 personnes, due aux conditions déplorables de détention des prisonniers par les Espagnols, tandis que, de leur côté, les révoltés pratiquaient la politique de la terre brûlée et détruisaient les propriétés des Espagnols). Les Etats-Unis prirent rapidement le parti des indépendantistes cubains. Une fois de plus, la presse américaine manipula considérablement l'opinion publique face à laquelle le Président Cleveland tentait de rester neutre, malgré les pressions du Congrès. Malheureusement, les esprits s'échauffèrent le 9 février 1898 lorsque la presse américaine, publia un courrier dérobé par un espion des insurgés cubains, auprès de l'ambassadeur espagnol à Washington, courrier insultant pour le Président américain d'alors, Mc Kinley. L'opinion américaine s'enflamma, malgré les concessions faites aux Américains par l'Espagne, sur l'avenir de Cuba. Cette dernière, abandonnée par les autres pays d'Europe, n'eut d'autres solutions que de déclarer la guerre aux Etats-Unis le 24 avril 1898. A ce stade, l'économie de Cuba n'était pas très affectée. La reprise des affaires avait redémarrée en 1893, puis s'était confirmée quatre ans plus tard. Et les élections cubaines de 1896 d'aboutir au triomphe du grand capitalisme. Aussi le Président McKinley ne fera preuve d'intransigeance dans ce conflit qu'après avoir obtenu l'appui des milieux affairistes. Suite à la rapidité des succès militaires sur place, on se rendit compte que cette guerre pourrait être courte et finalement bénéfique à la reprise, reprise bien sûr en faveur des intérêts américains. Bref, cette guerre de dix semaines trouvera son épilogue le 12 août 1898 avec l'acceptation par l'Espagne, d'un traité de paix mettant fin aux hostilités. C'est le Traité de Paris qui officialisera, le 10 décembre de la même année, la fin de cette guerre. L'Espagne reconnaissait ainsi l'indépendance de Cuba, mais cédait aussi les Philippines, Porto Rico et Guam aux Américains, en échange de 20 millions de dollars. Et Les Etats-Unis de prendre pied dans le cercle étroit des grandes puissances de la planète à travers l’accroissement de son hégémonie sur les Caraïbes mais aussi jusqu'aux rivages de l'Asie.
Cuba verra en fait son indépendance confisquée, car les Etats-Unis occuperont l'île jusqu'en 1902 et la transformeront en protectorat, à la tête duquel sera installé Tomas Estrada Palma, citoyen américain favorable à l'amendement Platt (disposition légale américaine organisant les conditions du retrait des troupes américaines présentes à Cuba depuis la guerre de 1898, et officialisant le droit d'ingérence des Etats-Unis sur la République cubaine). L'Amérique s'installera peu à peu sur place, avec ses banques (la banque de la Nouvelle-Ecosse ouvrira sa première succursale à La Havane en 1906), ses casinos et ses boites de nuit. Dans les années 1920, durant la prohibition américaine, La Havane deviendra la destination privilégiée pour les Américains fortunés. Dans les années 1930, des hôtels de luxe (comme par exemple l'hôtel national de Cuba) fleuriront aussi, établissements tous contrôlés par la mafia américaine, avec la bénédiction du dictateur cubain Fulgencio Batista. Militaire et homme d'Etat cubain, cet homme sera avant tout l'éminence grise de la junte militaire qui dirigera Cuba de 1933 à 1940. Il deviendra Président de la république de Cuba entre 1940 et 1944, avant d'effectuer son retour à la faveur d'un coup d'Etat ,en 1952. La révolution cubaine, dirigée par Fidel Castro le chassera du pouvoir et du pays sept ans plus tard. Cette révolution de 1959 sera considérée comme la plus grande déroute de l'histoire de l'organisation criminelle américaine, mais aussi le plus importante transformation politique, économique et sociale de l'histoire de l'Amérique latine.
INFOS PRATIQUES :
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Habana patrimonial (en espagnol): http://www.ohch.cu/
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Partir à Cuba nécessite d'être patient. On n'y vit pas au même rythme qu'en Europe. Tout n'y fonctionne pas non plus pareil. Attendez-vous à des déconvenues côté accès internet et téléphone.Ne vous laissez pas vous solliciter trop souvent. Les Cubains sont des gens charmants mais qui nous voient comme un Eldorado de passage.
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Mario L Taxi : Tel fixe 691 17 37, Tel portable 53 637 448
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La devise du Cuba est le Cuc (qui vaut un dollar). Les dollars US et les euros ne sont pas acceptés. L'utilisation de la CB entraine souvent des commissions non négligeables.
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Ambassade de Consulat de France, Calle 14 (entre 3 & 5 Miramar, à La Havane). Tel : (537) 201 3131 (aux horaires administratifs). En cas d'urgence, (537) 201 31 18 (H24).
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Pour vous rendre à Cuba, il vous faut disposer d'un passeport encore en cours de validité au-delà de la date de la fin de votre séjour. Il vous faut aussi vous procurer une carte de tourisme auprès, par exemple, de l'association Cuba chez l'habitant, 20 rue Deparcieux, à Paris (14è). Tel : 01 43 20 13 56. Site internet : http://cubachezlhabitant.com/
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