Vendredi 6 novembre 2015
Aujourd'hui est mon dernier jour dans la région d'Héraklion et je la consacre au site archéologique de Malia. Encore une plongée dans l'archéologie comme à Knossos et Phaistos, même si le Palais de Malia se révèle plus petit que les autres. Dans le passé, la Crète vit déferler sur son territoire de nombreux envahisseurs dont elle subit plus ou moins l'influence. La culture crétoise et les arts ont vécu deux âges d'or. Le premier se situe il y a près de 4000 ans, à l'époque minoenne, durant la période protopalatiale. Le second, à l'époque de la Renaissance, pendant l'occupation vénitienne. Ah, cette ère minoenne qui nous livre encore maintenant ses palais, exemples les plus achevés de l'art et de l'architecture de cette époque. Villes, villages et luxueuses villas étaient alors dispersées sur tout le territoire.
Les palais apparaissent vers 2000 avant J.C. Il s'agit alors de vastes complexes où se rassemblent les pouvoirs politique, économique et religieux. Autour d'une grande cour centrale s'organisent alors des bâtiments qui communiquent entre eux par des ruelles ou des escaliers. La pièce dévolue aux réceptions et aux cérémonies royale est appelée mégaron. Et des banquettes occupent généralement deux ou trois côtés. Le sol , lui, est pavé, tandis que les murs sont recouverts d'un enduit ou de grandes dalles rectangulaires.
Accolé au mégaron, se trouve le bain lustral, en partie enterré, qui était réservé aux rites de purification précédant les cérémonies religieuses. Le bain est alors relié à un système savant d'écoulement d'eau, constitué de tuyaux en terre cuite. Ce procédé permettait aux appartements royaux d'avoir l'eau courante par gravité, grâce à des citernes qui recueillaient les eaux de pluie. Dans le secteur du palais sont rassemblés les magasins (comme ici, ci-dessous, à Malia). Ces longes salles étroites étaient pourvues de banquettes et de coffre creusés dans le sol. Les denrées essentielles, comme par exemple l'huile pour l'alimentation et l'éclairage, étaient stockées dans d'énormes jarres, les pithoï (deuxième photo). Les récipients plus petits reposaient, eux, sur des banquettes.
Les graines étaient quant à elles entreposées dans d'énormes silos circulaires (ceux du palais de Malia sont très bien conservés) aménagés dans le sol tout près du palais. A l'écart des bâtiments royaux se dressaient les habitations, les échoppes des commerçants et les ateliers d'artisans (comme ici, sur la photo, dans la partie nord du palais de Malia) séparés par des allées pavées, et qui constituaient de véritables villages comme à Malia.
Dès l'époque du bronze ancien (2600 avant J.C), les villages minoens se composaient de grandes habitations collectives en pierre avec de nombreuses petites pièces sans angle droit. De leur côté, les villas minoennes étaient des structures décentralisées du pouvoir palatial, comme le montrent les tablettes décrivant leur rôle dans l'organisation administrative de l'Etat crétois. Elles étaient habitées par des gouverneurs ou des seigneurs locaux, alors chargés d'administrer les ressources agricoles ou l'organisation du commerce dans des régions éloignées des centres du pouvoir. La richesse de leur décoration témoignera de la vitalité économique de ces régions à cette époque.
Je pénètre dans l'enceinte du palais de Malia, situé à l'écart de cette petite ville divisée en deux : la ville ancienne, située au sud de la rue Venizelou, et l'autre, touristique. La vieille ville offre de belles maisons en pierre qui abritent pour certaines d'entre elles des tavernes familiales.
Dès l'entrée sur le site archéologique, j'aperçois une petite maison (sur la gauche) au pied de laquelle un employé contrôle mon ticket d'entrée. Des guides y attendent également le client et proposent de l'accompagner sur le site (voir infos pratiques). A l'intérieur de cette petite maison, je découvre des maquettes du palais et du village, mais aussi des photos des fouilles effectuées, fouilles lors desquelles on découvrit des bijoux comme, par exemple, ce pendentif aux abeilles (ci-dessous).
Niché dans un amphithéâtre de petites montagnes, le site de Malia comprend deux quartiers distincts : le Palais royal et le quartier des artisans. Contemporain de celui de Knossos, le palais de Malia en reprend l'organisation générale. Mieux vaut d'ailleurs avoir déjà visité le palais de Knossos pour mieux imaginer l'ancienne structure du palais de Malia et de ses dépendances. Une agora, large esplanade dallée, précède le palais, tandis qu'en face, courent les soubassements de la façade ouest, une succession de magasins qu'un corridor reliait à l'intérieur du palais, jusqu'aux appartements royaux. Depuis l'agora, j'emprunte la chaussée minoenne (sur ma gauche), une belle allée dallée qui conduit à l'entrée nord. Je passe près d'un pithos (ou pithoï), grande jarre d'1,75 mètre et d'une capacité de plus de mille litres. J'entre ainsi dans le palais par un vestibule et un portique à colonnes (dont il ne subsiste malheureusement plus que les bases). A gauche, une autre jarre (ci-dessous) marque l'emplacement d'une deuxième série de magasins, tandis qu'à droite, la cour nord (deuxième photo) ouvre l'accès aux appartements royaux, dont il ne reste qu'une grande salle avec des bases de colonnes, des pièces dallées, un bassin et un escalier. En revenant sur mes pas, je passe devant un bâtiment à structure oblique avant de déboucher sur la cour centrale, autrefois entièrement dallée. Non loin de là, se dressait la salle hypostyle reconnaissable à ses deux rangées de piliers.
A l'est, sont regroupés cuisines et magasins (ci-dessous), qui ont conservé leurs banquettes murales sur lesquelles les jarres d'huile et de vin étaient rangées à la verticale. Ces magasins sont abrités par une structure destinée à protéger ces fouilles, structure que je longe pour atteindre l'entrée Est et les salles du Trésor royal.
Le côté ouest est quant à lui occupé par les bâtiments officiels et religieux : le quartier du sanctuaire comprenait à l'époque la loggia royale qui donne sur la cour. Juste à côté de cette loggia, un escalier (deuxième photo) conduisait à l'étage. A proximité, j'aperçois une salle cultuelle, appelée crypte aux piliers (troisième photo) dotée de deux piliers quadrangulaires.
A deux pas de là, je découvre une table à cupules, curieuse table circulaire en pierre (ci-dessous), évidée au centre, cernée de petites cavités, et située à côté des quatre marches de l'escalier monumental. La fonction de ce kernos reste un mystère, puisque les archéologues hésitent encore sur l'usage de celle-ci : table de jeu ou autel à offrandes ?
Je termine ma visite par la façade sud en passant devant un double série de silos à grains (deuxième photo). A noter que, contrairement aux autres palais similaires, celui de Malia offre des panneaux d'information basiques mais en trois langues (dont le français). N'oubliez pas de vous procurer, à l'entrée, le dépliant gratuit qui contient le plan du site avec une légende, là aussi en langue française.
Je remonte en voiture avec l'intention de me rendre sur l'unique plage du coin qui ait gardé un peu d'authenticité face au développement anarchique du tourisme sur la côte : la plage de Potamos (ci-dessous). Plus sauvage que la plage de Malia, elle offre ses petites dunes de sable blond et ses eaux turquoises. Puis, je me dirige vers Milatos, petit village niché entre les montagnes, et plus particulièrement connu pour sa cave dans laquelle une chapelle ossuaire rassemble les restes de patriotes crétois massacrés par les Turcs en 1825. Je me garerai au pied de l'église orthodoxe puis me promènerai dans les petites ruelles alentour. Je ferai aussi une halte dans un petit café, le Stasi Kafenelon (situé en bord de route, dans un virage), et serai à ma grande surprise accueilli par une dame anglaise. Celle-ci et son mari se sont établis à Milatos depuis plusieurs années et goûtent depuis à la joie de vivre à la crétoise. Plus bas, le petit port (deuxième photo) du village offre un refuge apaisant avec la mer Méditerranée en première ligne. On est bien loin du brouhaha urbain.
INFOS PRATIQUES :
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Palais de Malia : Pour vous y rendre depuis Héraklion, prendre la route en direction d'Agios Nikolaos, puis sortir à un rond-point pour prendre la direction de Malia. Suivre à nouveau la direction d'Agios Nikolaos, traverser le village de Malia et aller tout droit, rouler sur deux kilomètres environ après la sortie de Malia, jusqu'à apercevoir un panneau « Archeological Site ». Tourner alors à gauche puis poursuivre tout droit et vous arriverez à un parking (sur votre droite). Tél : 28970 31597/ 28410 22462. Ouvert tous les jours de 8h00 à 17h00 ( d'avril à octobre) et de 8h00 à 15h30 ( de novembre à mars. Entrée : 4€. Des guides offrent aux visiteurs (groupe de deux minimum) des visites documentées (tarif : 5€ par personne), en grec, français et anglais. Durée approximative de la visite : 1 heure.
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Café Stasi Kafenelon, à Milatos. Pour faire une pause relaxante autour d'un café ou...d'un verre de ouzo (1,50€).Tél:2841 081081. Accès WiFi gratuit.
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Sur la route principale, entre Héraklion et Malia, il y a plusieurs radars. Respectez bien les limitations de vitesse en vigueur !