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Bar-Musée photographique El Palacio
(Buenos Aires, Argentine)
Heure locale

 

Dimanche 3 janvier 2016

 

Mon premier vol de cette année 2016 me conduit à Buenos Aires, en compagnie de Lionel. Vous le savez, je suis un habitué de cette grande et belle Argentine, qui a pour capitale ce nom qui veut tout dire : Bons Vents (Buenos Aires). On y respire effectivement à pleins poumons puisque, située sur la rive ouest du fleuve Rio de la Plata au niveau de l'embouchure avec l'océan Atlantique, la ville nous invite au voyage. Ses habitants s'appellent Portègnes ou Buenos-Airiens, c'est selon. Et son port, le plus important du pays, d'abriter entre autres les navires qui conduisent en Uruguay, de l'autre côté du Rio de la Plata. Que de clichés possibles tant il y a de choses à voir dans cette ville qui rappelle le Paris des années cinquante.

Justement, en fait de clichés, rendons-nous aujourd'hui au bar El Palacio (ci-dessous). Un bar parmi tant d'autres me direz-vous. Pas tout à fait, car celui-ci abrite un musée de la photographie. Ce sont en effet des centaines d'appareils-photos qui trônent à l'intérieur des vitrines et tables-vitrines de ce drôle de café.


 

L'histoire commence avec le propriétaire-fondateur de l'établissement, Alejandro Simik, lequel fut pompier avant de devenir commerçant. Un photographe l'accompagnait alors durant ses interventions afin d'immortaliser celles-ci au travers de quelques clichés. Puis, Alejandro décida de prendre des cours de photographie au sein d'une association de professionnels. Et de se lancer plus tard comme photographe publicitaire. On en serait peut être resté là si quelqu'un n'avait pas eu l'idée d'offrir à notre homme, en 1995, un superbe appareil-photos de collection, un Kodak des années 1930. Alejandro eut alors, si j'ose dire, le déclic et se mit à collectionner les vieux appareils. La crise économique argentine qui affectera tout le pays dès 2001 fera le reste : Alejandro décide alors une reconversion complète, achète un bar, et décide de partager sa collection en en faisant un lieu où tous les férus de photographie pourraient se réunir afin de partager leur passion commune. Ainsi, le bar El Palacio (qui existe depuis les années 1940) devint-il un sanctuaire de la photo, avec, depuis 2002, l'exposition d'un nombre croissant d'anciens appareils. Mieux, en octobre 2005, le comité culturel de la ville de Buenos Aires déclarait l'endroit « site d'intérêt culturel » compte tenu des apports réalisés en faveur du patrimoine national.

 

Bien sûr, Alejandro tient à marier la nourriture spirituelle à la nourriture terrestre, et les clients de passage peuvent non seulement se désaltérer mais aussi se restaurer en dégustant des plats typiques comme le poulet à la milanaise ou, tout simplement, une bonne viande rouge.

Faisons le tour du bar et découvrons quelques-uns des 600 appareils-photos exposés en vitrine ainsi que de nombreuses caméras de jadis. On y admirera aussi bien de vieux appareils en bois datant de 1885 que des polaroids ordinaires. De fil en aiguille, c'est toute l'histoire de la photographie qui s'affiche sur les murs du Palacio. Mais ce n'est pas tout : le sous-sol (ci-dessous) regorge également de trésors, et offre un patrimoine de plus de 2000 caméras cinématographiques et de 20000 clichés photographiques, appartenant en partie à Alejandro, et à d'autres collectionneurs.

 

Le bar El Palacio n'abrite pas seulement un musée mais offre aussi l'hospitalité à un centre de restauration de vieux appareils et de photos anciennes. Cinq professionnels s'y relaient afin de redonner vie à ce qu'on pourrait appeler des pièces historiques. L'appareil ancien passe ainsi dans les mains de Claudio Bellocchi, ébéniste de formation, qui va fabriquer à l'identique, lorsque la situation l'exige, les pièces en bois de l'appareil. Puis, Patricia Ligarotti restaurera les soufflets de cuir ou de toile de chaque machine lorsque ceux-ci sont encore récupérables. Enfin, Jorge Lorenzon et Alberto Carlos Lomba prennent en charge la réparation des objectifs et des lentilles optiques. Tout cela sous l'oeil attentif d'Abel Alexander. Ces mêmes personnes donnent également, pour une somme modique, des cours au sein du musée, et occupent bien souvent à l'extérieur des emplois de photographes de mode ou de publicité. C'est d'ailleurs dans le cadre de leur métier qu'ils ont, la plupart du temps, fait la rencontre d'Alejandro Simik. Toujours au sous-sol du café, se trouve un laboratoire qui traite la photographie en noir et blanc, selon un procédé traditionnel. Ce laboratoire est généreusement mis à disposition de tout un chacun, et pas uniquement aux élèves participant aux cours donnés au musée. Ainsi, chaque photographe peut-il y développer ses propres photographies dans les règles de l'art.


 

Quid de l'avenir ? Sans trop y croire, Alejandro Simik espère bien sûr pouvoir bénéficier d'une aide publique qui lui permettrait de poursuivre encore plus intensément l'aventure de son musée. Et pourquoi pas déclarer un jour ce bar d'utilité publique, dans la mesure où il accueille gratuitement des élèves issus de tous les horizons ? Les cours dispensés abordent un enseignement de base, mais aussi l'histoire de la photographie et bien entendu, l'art de la photo digitale (il faut bien vivre avec son temps!). D'autres cours , de niveau plus avancé sont dispensés par une quinzaine de professeurs et permettent de couvrir plusieurs domaines de la photographie : photo-reportage, photo et poésie, histoire de l'art et de la photo, étude de la technique de laboratoire en noir et blanc, procédés photos alternatifs, photographie digitale, sémantique de l'image photographique...Un club de passionnés de vieilles caméras de cinéma a aussi trouvé refuge dans le bar. Fort d'une trentaine d'adhérents originaires des quatre coins de la capitale, ce club se réunit tous les mardis soir et offrent, entre autres, à ses membres de pratiquer la photographie selon les règles d'antan.

Clou du musée, une bibliothèque en libre accès comportant de nombreux ouvrages sur la photographie. Certains de ces livres datent du XIX è siècle et chacun peut les consulter autour d'un café. Par ailleurs, un ordinateur relié à internet permet aux visiteurs d'effectuer leurs propres recherches.


 

En plus du musée photographique, le bar El Palacio offre à ses clients d'autres activités : les amateurs de jazz ont ainsi rendez-vous tous les vendredis soir pour assister à un concert. Les jeudis soir sont dédiés au spectacle de tango. De temps à autre, le bar accueille également des expositions tournant autour de la photo. Sur place, le bar dispose même d'un studio de prise de vues disponible à la location. Plusieurs campagnes publicitaires y ont déjà été tournées. Plus qu'un bar-musée, El Palacio représente avant tout une ambiance particulière avec ses rassemblement d'artistes, d'intellectuels, d'élèves novices ou pas. Le soir, chacun échange d'une table à l'autre, en passant d'un sujet à un autre. La journée, elle, offre un tout autre spectacle, celui d'habitués qui viennent au Palacio pour y prendre leur petit-déjeuner ou leur déjeuner, plus concentrés sur la lecture de leur journal que sur les activités de l'endroit.

 

INFOS PRATIQUES :


  • Bar-musée photographique El Palacio, Avenida Federico Lacroze 3901 (à l'angle de la Calle Fraga, dans le quartier de Chacarita), ouvert du lundi au samedi, de 8h00 à minuit. Métro : Lacroze (à 200 mètres). Tél : +54 11 4554 5529. Site internet : http://museofotograficosimik.com/









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