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Perth
(Australie-Occidentale, Australie) |
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Samedi 14 mai 2016
Après Hyden, me voici à Perth, une capitale d'Etat relativement petite et paisible. En arrivant hier, j'avais décidé d'entrer dans le centre-ville avec ma maison roulante, à la recherche d'un terrain de camping le moins éloigné possible des centres d'intérêt de la ville. On y roule très bien et personne ne m'a gêné ou klaxonné dans mes manœuvres. Mon GPS a fait le reste, en me conduisant (pratiquement) au terrain que j'avais repéré, le Caravan Park Center. Une fois installé avec mon camping-car, j'ai pris un bus pour me rendre à Perth, l'esprit tranquille puisque j'évitais ainsi les aléas de la circulation. L'office du tourisme est idéalement situé dans William Street et fournit toutes les informations désirées. J'avais pour ma part choisi de parcourir à pied le centre-ville et de photographier ce qui m'interpellerait. Pour les autres, il existe plusieurs lignes d'autobus accessibles gratuitement pour aller d'un point à un autre de la ville. Mon guide m'avait tout de même indiqué quelques incontournables comme par exemple la Barrack Archway (ci-dessous), à l'angle de St Georges Terrace et de la rue Elder. Ce portail est tout ce qui reste de la caserne bâtie en 1863 pour héberger les soldats qui étaient chargés de maintenir l'ordre parmi les forçats. Les premiers Européens à avoir aperçu les terres sur lesquelles Perth a été construite furent les Néerlandais. On pense que Frédérick de Houtman fut le premier visiteur de la région du fleuve Swan, à bord des navires Dordrecht et Amsterdam. Son carnet de bord indique effectivement qu'il a atteint la côte occidentale de l'Australie à une latitude de 32°20' , soit l'île de Rottnest ou un endroit tout près. Nous sommes alors le 19 juillet 1619. En 1656, un autre navire, le Vergulde Draeck s'échouera à 107 kilomètres au nord du même fleuve, et 75 personnes seulement (sur les 193 passagers) parviendront à survivre. Deux ans plus tard, deux autres navires partiront à la recherche du Vergulde Draeck, et s'approcheront des terres sans pour autant accoster à cause des récifs. C'est encore un néerlandais, le capitaine flamand Willem de Vlamingh qui parviendra avec trois navires à atteindre Rottnest en 1696, puis le fleuve Swan l'année suivante. Il trouvera des bancs de sable sur sa route et devra envoyer un petit bateau de reconnaissance pour finalement observer une zone qualifiée d'inhospitalière et inappropriée à l'agriculture pour l'établissement d'une colonie. 1801 fut l'année de l'arrivée des Français dans la région, avec les navires Le Géographe (commandé par Nicolas Baudin) et le Naturaliste (commandé par Baron Hamelin). Seul le Naturaliste restera explorer le fleuve Swan pendant quelques semaines, donnant également des indications défavorables en ce qui concerne une installation éventuelle, à cause de nombreuses vasières et d'une barre de sable (ce sable ne sera supprimé qu'au cours des années 1890 avec la construction du port de Fremantle). On ne peut pas dire que la zone attirait les découvreurs.
Parti de William Street et parvenu jusqu'à Elder Street, je redescends en empruntant la rue Milligan, puis tourne à droite dans la rue Hay. Là, je m'arrêterai quelques instant devant une superbe façade, celle du Majesty's Theatre (ci-dessous en photo). L'architecture exubérante de l'endroit correspond à l'époque de la ruée vers l'or, où rien n'était trop beau pour ceux qui avaient des moyens. C'était le cas de Thomas Molloy, maire de Perth à trois reprises et homme fortuné, qui fera bâtir ce théâtre, désormais seule théâtre edwardien existant encore dans ce pays. L'architecte américain William Wolfe sera chargé des travaux en 1904. L'ensemble sera majestueux avec, à l'intérieur un auditorium en forme de fer à cheval pouvant accueillir 2584 spectateurs assis et un dôme ouvrant, permettant aux spectateurs d'observer les étoiles les belles soirées d'été. Le théâtre sera vendu au gouvernement en 1973, puis restauré six ans plus tard, à l'occasion du 150 ème anniversaire de la fondation de l'Ouest australien. Les Anglais avaient déjà installé une base militaire à l'emplacement actuel de la ville d'Albany mais, en apprenant la possible installation des Français, se dépêchèrent d'investir la zone : le 4 juin 1829 vit ainsi les premiers colons britanniques arriver sur leur nouveau lieu de vie. Le capitaine James Stirling aurait déclaré ce jour-là qu'il n'avait jamais rien vu de plus beau. Et le 12 août, Helen Dance, l'épouse du capitaine du Sulphur, second bateau de l'expédition, de couper un arbre afin de marquer la fondation de la ville. A vrai dire, James Stirling avait choisi le nom de Perth bien avant sa fondation. Le nom de Perth aurait été choisi pour faire plaisir à Sir George Murray, né à Perth (Ecosse), alors Ministre des Colonies en 1829 et membre de la Chambre des Communes pour le compté de Perth.
Non loin du théâtre, se trouve, dans la même rue, l'Arcade 800, qui arbore des peintures murales sur certains de ses murs (ci-dessous). Une initiative originale qui égaie un peu cette ruelle isolée et télésurveillée. Personnellement, je ne m'y promènerais pas la nuit. Je débouche justement quelques instants plus tard sur la rue Murray (baptisée ainsi en l'honneur du célèbre Georges Murray). Le temps n'est pas au beau fixe et alterne entre éclaircies et passages nuageux. Pourvu qu'il ne pleuve pas ! Je rejoins William Street et prends la direction du pont Northbridge (sans le franchir) pour retrouver William Street derrière un chantier actuellement en cours. A quelques pas de là se trouve le Brass Monkey Hotel (ci-dessous) qui est en réalité un bar. La façade m'interpelle avec ses deux singes, une pinte de bière à la main. Cette partie de William Street est particulièrement vivante la nuit puisqu'on n'y trouve de nombreux bars. La gare ferroviaire se trouve à deux pas (au niveau du pont Northbridge) mais ne présente aucun intérêt historique, et le centre culturel de la ville (avec le musée de l'Australie Ouest) est à cinq minutes de marche. J'y découvrirai l'ancienne bibliothèque de la ville construite en 1913 (troisième photo ci-dessous). Il aura fallu beaucoup de main d'oeuvre pour bâtir ce genre d'édifices. Dès 1850, l'Australie-Occidentale sera ouverte aux bagnards à la demande des fermiers qui, eux aussi, recherchaient une main d'oeuvre bon marché. Ces hommes furent aussi mis à contribution pour l'érection de bâtiments publics. Et la reine Victoria d'annoncer le statut de la ville de Perth en 1856. C'est à la suite d'un référendum tenu en 1900 que l'Australie-Occidentale choisira de rejoindre le Commonwealth d'Australie un an plus tard. Elle sera d'ailleurs la dernière des colonies à adhérer à ce vaste marché et le fera qu'après avoir obtenu un certain nombre de concessions dont, par exemple, la construction d'une ligne de chemin de fer transcontinentale permettant de relier Perth aux Etats de l'est du pays, via Kargoorlie.
Une averse vient de tomber mais sera de courte durée. Je poursuis alors ma promenade en empruntant Barrack Street et ses nombreux commerces. Perth abrite plus de deux millions d'âmes et est à ce titre la quatrième ville d'Australie. Elle s'est développée et est devenue incontournable dans le commerce des importantes ressources naturelles des régions alentours avec les mines d'or, de fer, de nickel, d'aluminium, de manganèse, de métaux lourds, de diamants et de charbon, sans oublier pétrole et gaz naturel. La plupart des sociétés australiennes ont leur succursales à Perth et ont ainsi contribué à faire de cette cité une ville cosmopolite (avec environ un tiers de sa population née à l'étranger). Je passe bientôt devant la mairie (ci-dessous) reconnaissable par son imposante tour à horloge. Je remonte ensuite Hay Street pour rejoindre Irwin Street au bout de laquelle je tomberai sur l'ancienne caserne des pompiers (deuxième photo) qui accueillit les brigades du feu du 12 décembre 1900 au 30 avril 1979, date à laquelle la caserne a été transférée dans des bâtiments plus adaptés. L'ancienne caserne, elle, est depuis devenue un centre d'éducation à la prévention des incendies et le musée des pompiers, malheureusement fermé aujourd'hui. Pratiquement face à cette ancienne caserne, se dresse l'hôpital royal de Perth, qui fut jadis le premier hôpital de l'Ouest australien, en 1855. On l'appelait alors hôpital colonial. Il deviendra hôpital public en 1894, puis hôpital royal depuis 1946. Là aussi, un musée retrace l'histoire de ce bâtiment historique mais nous sommes samedi et l'endroit est fermé. A cent mètres se trouve la Cathédrale Sainte Marie dont la façade est actuellement en cours de rénovation (ci-dessous, troisième photo). L'ensemble incorpore deux ailes à l'architecture contemporaine qui a l'avantage d'apporter la lumière du jour à l'intérieur de l'édifice. Personnellement, je n'aime pas du tout.
A cinq minutes de marche se trouve l'incontournable Perth Mint (ci-dessous en photo) : ce lieu fut fondé pour servir de succursale coloniale du Royal Mint en 1899, suite à l'une des plus importantes ruées vers l'or jamais connues. Son principal objectif était alors de traiter l'or découvert dans les champs aurifères pour le transformer en lingots ou en souverains destinés à circuler ensuite dans tout l'Empire britannique et au-delà. Lorsque la production de souverains prit fin en 1931, Perth Mint avait produit 106 millions de souverains et 735 000 demi-souverains à partir de l'or extrait dans l'Etat. Au début du XX ème siècle, son expertise minière se tournera vers la production de grandes quantités de monnaie mises en circulation en Australie. Ce sont ainsi 438 millions de pennies, 256 millions de demi-pennies, 1,3 million de shillings, 829 millions de pièces de deux cents et 26 millions de pièces de un cent qui sortirent des presses de Perth Mint. 1970 verra la propriété de Perth Mint transférée du gouvernement britannique au gouvernement d'Australie-Occidentale, qui avait d'ailleurs dès le départ financé une bonne partie de la construction de l'édifice. Et Perth Mint d'être depuis devenu le producteur officiel du programme australien de production de pièces en métaux précieux. Il émet des lingots ayant cours légal ainsi que des pièces commémoratives très recherchées. La visite de l'exposition permet d'admirer la plus grosse pièce de monnaie au monde, coulée à partir d'une tonne d'or pur et évaluée à plus de 50 millions de dollars. On peut également manipuler des lingots d'or pur dont la valeur dépasse les 500 000 dollars, tomber en arrêt devant des pépites d'or naturelles, rester dubitatif devant des pièces de monnaie appartenant à l'histoire numismatique du pays, ou encore découvrir la valeur de son poids en or.
Perth n'est pas si grande et dix minutes de marche suffiront pour rejoindre la Cathédrale anglicane St Georges (ci-dessous). Consacrée en 1888, l'édifice remplaça la première église anglicane de la ville, bâtiment de style néo-classique bâti sur le même site, entre 1841 et 1845. Le nouveau sanctuaire est de style néo-gothique et a conservé une partie du mobilier précédent, comme par exemple les bancs de prière en bois de jarrah et le lutrin orné d'un aigle sculpté. Le lieu abrite un retable anglais en albâtre situé à la base de la fenêtre est, mais aussi des médaillons modernistes coulés pour le chemin de croix, sans oublier des icônes russes du XIX ème siècle.
En face de cette cathédrale, je découvrirai les jardins de la Cour Suprême, qui voisinent avec la Maison du gouvernement dont l'accès est interdit et qui est dissimulée dans la verdure et derrière un mur de protection (ci-dessous). Perth abrite en effet le Parlement d'Australie-Occidentale et le Gouverneur de l'Etat. Les circonscriptions électorales de Perth, comme dans le reste du pays, comptent à peu près le même nombre d'électeurs, ce qui veut dire que Perth élit 42 des 59 députés de l'Etat. Au niveau fédéral, la ville envoie onze députés à Canberra, capitale de l'Australie. Localement, Perth est divisée en trente zones d'administration locale. La ville de Perth proprement dite ne représente que le centre des affaires de la ville et ne couvre qu'une infime partie de l'agglomération. La Haute Cour d'Australie tient régulièrement des sessions à Perth avec un détachement permanent. La Cour suprême d'Australie-Occidentale est quant à elle entièrement basée à Perth et est formée de trois chambres, de district, de famille et de magistrats. J'aperçois au loin la Swan Bell Tower (ci-dessous, deuxième photo) qui fut érigée en 2001 et renferme douze cloches provenant de l'église Saint Martin in the Fields de Londres. Des expositions sont également proposées sur place et on peut accéder (moyennant l'achat d'un ticket) à une plateforme panoramique. Les cloches, elles, sonnent tous les jours, sauf le mardi et le vendredi, journées de démonstration de l'art de carillonner. Cette tour domine un quartier récent, Elizabeth Quay (troisième photo) d'où je reprendrai mon bus (de nombreuses lignes de bus ont leur terminus à cet endroit, à l'intérieur d'une gare qui leur est réservée).
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