Mercredi 18 mai 2016
Deux bonnes heures de route me séparent du parc national de Kalbarri où j'ai décidé de me rendre aujourd'hui. Comme chaque matin, je prends la roue après une bonne nuit de repos. Il est vrai que l'air de la mer et mes journées actives m'aident largement à tomber dans les bras de Morphée passée une certaine heure. Je me réveille naturellement tôt, comme en Asie, et bien avant le lever du soleil. Je relis alors l'article rédigé la veille, y apporte les corrections nécessaires s'il y a lieu, puis le publie en ligne pendant que vous dormez en Europe.
Le parc national de Kalbarri a une superficie de 1830 km2 et se trouve au-dessus de Geraldton. Je m'arrêterai successivement aux gorges de la rivière Murchison, puis le long de la côte de l'océan Indien, qui offre des points de vue spectaculaires. Le temps est au beau fixe et c'est une bonne nouvelle. Le paysage de ce parc a été façonné au fil du temps, un paysage que le peuple aborigène Nanda a eu le temps d'observer, lui qui occupe ces terres depuis fort longtemps. Ma première halte me conduit à Ross Graham, du nom du premier maitre d'école du cours élémentaire de la petite ville de Kalbarri. Cet homme, amoureux de la nature et passionné par l'environnement, a largement contribué par son action à faire classer le présent territoire en parc national. Il mourra jeune, à 31 ans, en 1967. Ross Graham offre deux points de vue attrayants, un premier, sur la rivière Murchison dans son ensemble et avec ses gorges. Puis un second point d'observation, pour lequel le visiteur est invité à suivre un petit sentier sur 300 mètres qui descend vers la rivière elle-même et ses quelques mares (la rivière est actuellement à sec par manque de pluie). J'admirerai les gorges de couleur ocre qui tranchent avec le reste du paysage.
Si le parc de Kalbarri attire de nombreux touristes à l'automne, il est fortement conseillé d'y venir pendant les mois d'hiver, tant la floraison est intense. De juin à octobre, ce sont plus de mille espèces de fleurs sauvages qui éclosent et fournissent ainsi une palette de couleurs étonnantes. Le parc abrite également près de 170 espèces d'oiseaux (le centre Rainbow Jungle de Kalbarri, centre d'élevage pour perroquets, vous permettra d'en retrouver certaines), et des mammifères nocturnes comme le kangourou gris, les émeus, des balbuzards pêcheurs, des aigles et des pélicans.
La rivière Murchison est le second fleuve d'Australie-Occidentale par sa longueur et a un cours de 780 kilomètres depuis sa source sur le plateau de Yilgarn, dans le sud des Robinson Ranges, jusqu'à son embouchure dans l'océan indien près de la ville de Kalbarri (qui est d'ailleurs la seule ville traversée par cette rivière). Et doit son nom à l'explorateur George Grey qui atteignit le premier la rivière en 1839, le nom de Murchison honorant le géologue écossais Sir Roderick Murchison. Le débit annuel moyen de la rivière est de 200 millions de m3, ce qui n'est pas si énorme pour un bassin qui couvre 82 000 km2. Cela se justifie par le manque de pluie, cette pluie qui ne tombe que sur la partie nord du bassin, lors des cyclones d'été, de sorte que, durant la plus grande partie de l'année, le Murchison est (pratiquement) à sec, ne laissant apparaître qu'un serpent sablonneux ainsi que quelques mares éparses. La limite Est de son bassin offre un grand nombre de lacs salés dans ses cuvettes, lacs qui ne se remplissent là encore que lors des fortes pluies, et constituent une chaine continue formant la rivière Murchison sur ses 90 premiers kilomètres. Près de la côte, le Murchison coule dans une profonde gorge dont les grès sont riches en fossiles du Silurien, gorge incluse dans le parc national de Kalbarri. Quelques kilomètres après Ross Graham, je découvre un autre point de vue, appelé Hawks Head, davantage réservé aux randonneurs pour lesquels le parc affiche clairement ses recommandations : éviter de marcher sur les rebords tranchants des pierres, et toujours marcher sur des sols offrant une bonne endurance, se méfier des températures car celles-ci peuvent atteindre plus de 50°C en été (voire dix degrés supplémentaires en haut des gorges) et il est primordial de bien s'hydrater (prévoir trois litres d'eau par personne et par jour de randonnée). En cas de symptômes (nausées ou maux de tête), il est recommander de se mettre à l'ombre et de boire de l'eau en attendant l'arrivée des secours. On conseille par ailleurs de plutôt marcher tôt le matin ou en début de soirée pour éviter l'insolation...et les fichues mouches, nombreuses et agressives. J'ai failli en avaler à plusieurs reprises aujourd'hui. Enfin, il est bon de porter des vêtements à manches ( et jambes) longues et un chapeau. Rien que des conseils de bon sens me direz-vous, mais qu'il est tout de même bon de rappeler à certains.
La route vers la petite ville de Kalbarri est assez étroite mais bonne, bien que gravillonneuse (attention aux pare-brise) dans sa dernière partie. Des travaux ont d'ailleurs lieu actuellement à l'entrée de Kalbarri. De 1500 âmes hors saison, la petite station balnéaire passe à 10 000 occupants en période estivale. La ville ne recèle aucune curiosité particulière mais attire sans doute par sa petite baie ensoleillée. On peut en autre nourrir des pélicans ou aller voir le mémorial dédié au navire hollandais Zuytdorp qui se fracassa non loin de là, entre Kalbarri et la baie des Requins, en 1712. L'intérêt principal de l'endroit reste, encore et toujours, le parc national. Il y a bien une route qui conduit à une trentaine de kilomètres de là à un point de vue appelé West Loop Look out et Natures Windows, mais la route est inaccessible aujourd'hui (pour cause d'entretien). Je vais donc suivre la route du célèbre George Grey qui débarqua dans le coin en 1839, lui aussi à la suite du naufrage de son navire. Il fera partie des survivants et en profitera pour partir à la découverte du peuple aborigène Nanda, visitant notamment un de leurs villages constitués de huttes. La route que je vais emprunter est un ravissement et offre des paysages à couper le souffle. Je laisserai d'abord sur ma droite Red Bluff où se trouve l'une des plages préférées des Australiens pour pratiquer le surf. A noter que Red Bluff était un repère important pour les navigateurs hollandais qui naviguaient dans la zone, il y a trois siècles. Puis, m'arrêterai à Pot Alley (ci-dessous) avec sa plage en contrebas où s'engouffrent d'énormes vagues d'écume.
Quelques kilomètres plus bas, j'arrive à Eagle Gorge (la gorge de l'aigle, ci-dessous en photo) qui offre un superbe panorama sur la crête et vous emmène dans les tréfonds d'une gorge où se trouvee une plage. Si vous avez de la chance, vous observerez peut être des aigles en train d'errer dans le ciel, à la recherche de proies. Les falaises qui bordent cette côte de Kalbarri sont constituées de grès depuis 480 millions d'années. Et sont souvent coiffées d'une couche de dépôt calcaire qui, lui, a deux millions d'années (seulement). Ma prochaine halte s'effectuera à Shellhouse Grandstand (comme grandiose!) avec un point de vue extraordinaire (deuxième photo ci-dessous), avant de me rendre aux deux derniers points d'observation de mon circuit : Island Rock (troisième photo) et Natural Bridge (quatrième photo). C'est la force de l'océan et des éléments qui ont façonné ces formations rocheuses fragiles dans ces falaises pourtant imposantes. Sur ma dernière étape, Castle Cove abrite plus de vingt espèces de plantes que le randonneur découvrira sur place en lisant les panneaux répartis sur le parcours de randonnée qui est proposé aux bons marcheurs. Il semblerait cependant que les lapins posent problème à cet endroit, en creusant des galeries dans le sol sablonneux, déstabilisant ainsi et par endroits le terrain. Raison de plus pour ne pas sortir des sentiers balisés. Et ils sont nombreux ces sentiers, dont le conservateur Eric Pederick, conservateur enthousiaste, contribua largement à la construction. Notre homme sillonnera en effet de longues années durant toute cette zone, découvrant des gorges (et leur attribuant des noms) et des chemins de traverse qui deviendront pour certains les chemins de randonnée aujourd'hui ouverts aux milliers de visiteurs chaque année.
INFOS PRATIQUES :
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Parc National de Kalbarri, Ajana-Kalbarri Road, à Kalbarri. Tél:08 9937 1140. Site internet : http://www.dpaw.gov.au
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Kalbarri Tudor Caravan Park, 10 Porter Street, à Kalbarri. Tél:08 9937 1077. Internet gratuit.
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Office de tourisme (à côté du Murchison Caravan Park), sur le front de mer à Kalbarri. Site internet:http://www.kalbarri.org.au
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Si vous êtes à la moitié de votre réservoir, n’oubliez pas de faire le plein car les stations-service ne sont pas si nombreuses. Vous paierez par contre le carburant bien plus cher qu'ailleurs. Il existe trois stations-service à Kalbarri.
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Sur la route 1, en direction de Carnavon, se trouve un terrain de camping gratuit, au lieu Galena (le long de la rivière Murchison). De nombreux oiseaux nichent le long de la rivière