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Carnarvon
(Australie-Occidentale, Australie)
Heure locale


Vendredi 20 mai 2016

 

Après avoir observé les gentils dauphins de Monkey Mia, je me mets en route pour ma prochaine étape, Carnarvon. Cette petite ville de quelques 7000 âmes fut créée en 1876, et aussitôt baptisée du nom de Lord Carnarvon, alors Secrétaire d'Etat britannique aux Colonies. Le temps particulièrement ensoleillé de l'endroit convient tout à fait à la culture de l'un des fruits les plus consommés au monde, la banane. Et permet à la ville d'être (presque) auto-suffisante en ce qui concerne les légumes. Je souhaitais visiter le centre culturel aborigène mais celui-ci est pour l'instant fermé, et aucune date de réouverture n'a pu m'être fournie par l'office de tourisme. C'est que, bien que la petite cité soit des plus agréables, elle ne dispose pas de beaucoup de lieux culturels. Je me rendrai du côté de la jetée du port de Carnarvon qui est ici l'attraction du moment : tout commença dans les années 1800, lorsqu'on assista au développement de l'élevage local. Les habitants firent bientôt pression afin que soit créé un port. 1897 verra ainsi la construction de la fameuse jetée (en photo ci-dessous) qui permettra aux bateaux d'accoster afin de décharger les biens de première nécessité importés par la ville et d'exporter laine et bétail en direction de Fremantle. Ces marchandises étaient alors transportées sur les chariots tirés par des chevaux. Ce n'est que plus tard qu'une voie de chemin de fer permettra au train d'accéder jusqu'à la jetée (deuxième photo), facilitant ainsi les opérations. Carnarvon fut la première ville au monde à embarquer du bétail à bord de bateaux, et un corridor avait été aménagé afin de mener les animaux directement dans les bateaux. Sa jetée est également l'une des plus longues jetées de l'Ouest australien. Celle-ci sera prolongée en 1904 par une tête de jetée, d'ailleurs élargie huit ans plus tard afin de répondre à l'augmentation de l’activité passagers et marchandises. Elle cessera d'être utilisée en 1966 face à l'arrivée des roadtrains (poids-lourds à trois remorques souvent croisés en Australie) qui se substituèrent aux transports ferroviaire et maritime. Il faudra attendre 1998 pour que la communauté locale entame la restauration de cette jetée qui appartient désormais au patrimoine national. Je grimpe au sommet de la tour à eau afin de profiter d'une vue panoramique à 360° sur la région. Cette tour jouera un rôle primordial en fournissant, par gravité, l'eau indispensable aux bateaux à vapeur de l'époque. Et ils étaient nombreux ces bateaux, à venir accoster au port de Carnarvon, puisqu'entre 1912 et 1977, on estime leur nombre à plus de cent navires par an. L'eau était acheminée depuis la tour jusqu'à la jetée, par un pipeline. Celui-ci comportait même des valves permettant de parer à tout incendie éventuel.


 

A côté de cette tour se trouve le musée du rail. C'est en 1909 qu'apparut ici la première locomotive à vapeur qui inaugurera la ligne de tramway locale. La Kia Ora tirait alors deux wagons de transport de passagers (cette locomotive est désormais visible au musée du rail de Bassendean). En 1921, elle sera remplacée par la Gascoyne, puis par la Kimberley (en 1950), jusqu'à ce que la traction diesel apparaisse en 1958. La kimberley sera ainsi la dernière locomotive à vapeur à desservir le nord-ouest de l'Australie. Avec son réservoir rempli d'eau, elle pesait 14 tonnes.

Depuis ma tour panoramique, j'aperçois également l'embouchure de la Gascoyne (ci-dessous), rivière longue de 760 kilomètres, et qui reste le plus long cours d'eau d'Australie-Occidentale. La Gascoyne prend sa source à Wilgoona Hill, à 514 mètres d'altitude, à l'ouest de la chaine Robinson dans le désert de Gibson, puis se jette dans la Baie des Requins, au niveau de Carnarvon. La rivière coule de façon intermittente, environ 120 jours par an, et reste sèche le reste du temps. Elle comporte aussi un énorme système de stockage d'eau souterrain dans les sables du désert. La campagne qu'elle traverse dispose d'une végétation clairsemée, dans une région où l'on pratique surtout l'exploitation minière et l'élevage de moutons. Le cours d'eau traverse de nombreuses mares permanentes très utiles pour le bétail et les animaux sauvages. C'est George Grey qui donnera un nom à cette rivière qu'il découvrit en 1839. Il la baptisera du nom de son ami, le capitaine J.Gascoyne. Et la région de Gascoyne d'avoir été plus tard nommée d'après le nom du cours d'eau.

 

En arrivant de Monkey Mia, elle surplombe les environs de la ville et on ne peut pas la manquer : l'antenne de l'ancienne station de poursuite, autrefois construite à Carnarvon par la NASA (et qui restera active jusque dans les années 1970) se dresse majestueusement le long de la route. A son pied se tient désormais le musée de l'Espace et de la Technologie. Le lieu décrit ce que fut cette station de poursuite souhaitée par les Etats-Unis afin de suivre les vols spatiaux des programmes Gémini, Apollo et Skylab, puis s'attache à développer le rôle de la station de Carnarvon dans l'expansion de l'OTC (télécommunications australiennes). Jadis installée à une dizaine de kilomètres au sud de la ville, la station de poursuite vit le jour le 25 juin 1964 et oeuvrera onze années durant. Elle était alors la dernière station terrestre à communiquer avec les capsules lancées dans l'espace, et employa jusqu'à 220 personnes. Plus importante station de poursuite située hors des Etats-Unis, cette station travaillera souvent avec des astronautes américains qui seront les meilleurs interlocuteurs pour les conversations avec les équipages spatiaux. Ainsi Charles Peter Conrad travaillera t-il pour le programme Gémini 3, et Dave Scott sur le Gémini 4. Carnarvon recevra également des visiteurs illustres comme Alan Shepard et Walter Schirra, ou encore Andy Thomas (ci-dessous)


 

Le programme Gémini fur le second programme américain de vols spatiaux habités, après le programme Mercury. Le vaisseau spatial Gémini sera développé en modèle biplace, et disposera d'importantes capacités de manœuvre en orbite, tout en utilisant pour la première fois un ordinateur embarqué. Lancé par une fusée Titan, ce vaisseau sera lancé à dix reprises entre 1963 et 1966, sans échec, préparant ainsi le terrain pour la mission Apollo. Ce programme Gémini avait pour mission de maitriser les techniques de localisation, manœuvre et rendez-vous spatial, de mettre au point les techniques permettant de travailler dans l'espace au cours de sorties extravéhiculaires, et d'étudier les conséquences de l'apesanteur sur la physiologie humaine lors des vols de longue durée. Lancé par John F.Kennedy, le programme Apollo fut plus tard lancé afin de faire face à la défiance soviétique de l'époque en matière de programme spatial. Son objectif sera de poser un homme sur la Lune avant la fin de la décennie des années 1960, but atteint le 21 juillet 1969, par deux des trois membres de la mission Apollo 11, Neil Armstrong et Buzz Aldrin (ci-dessous de passage à Catnarvon). Cinq autres missions se poseront ensuite sur différents sites lunaires, permettant de rapporter sur terre 382 kilos de roche lunaire et de mettre en place plusieurs batteries d'instruments scientifiques.


 

La seconde partie du musée s'intéresse à l'OTC, dont la station terrestre de Carnarvon sera un maillon. Située à 6 kilomètres environ de la ville, et destinée à l'origine, à permettre la communication directe entre les Etats-Unis et l'Australie, la station OTC ouvrit ses portes en 1966, avec une première antenne de près de treize mètres de large (ci-dessous), assortie d'une autre antenne avec réflecteurs hyperboliques, qui jouera un rôle important dans le développement de la télévision australienne. C'est en effet par cette antenne que seront transmises les premières images par satellite entre Londres (Grande-Bretagne) et l'Australie. Jusqu'en 1972, le pays ne disposait pas de télévision car les moyens techniques faisaient défaut. On mit alors à contribution ingénieurs, techniciens et matériels tout droit venus depuis Perth, afin de préparer l'événement de Carnarvon : la communication, en images, de trois familles de Carnarvon avec leurs proches situés au Royaume-Uni. Cette première communication, organisée conjointement par la ABC et la BBC, ne dura qu'une douzaine de minutes mais fut une grande avancée pour l'Australie. Le continent australien est en effet confronté chaque jour à son gigantisme et à la dispersion sur tout ce territoire de sa population, rendant difficile par endroits la communication. Internet pose notamment problème ici, et encore Telstra (opérateur national) couvre t-il correctement les zones les plus habitées et les axes de circulation, me permettant par exemple d'accéder sans faille à internet pour vous faire parvenir chaque jour mes reportages. Le lancement de nouveaux satellites devrait améliorer sensiblement la situation dans un proche avenir : un premier satellite a déjà été lancé en octobre 2015, avec mise en service au début de cette année. Ce satellite « Sky Muster » permettra désormais de couvrir les endroits les plus reculés du territoire en accès internet à grande vitesse (avec un débit supérieur à 25 MB par seconde), améliorant ainsi l'accès à la communication pour 200 000 foyers australiens, sans parler des hommes d'affaires. Le second satellite, destiné à parfaire la couverture du premier, devrait être lancé à la fin de cette année. Ce projet nécessitera également la construction de dix nouvelles stations terrestres répartis sur tout le continent (dont une à Carnarvon).


 

Qui se souvient du cyclone Tracy qui dévasta l'Australie à Noël 1974? 80% de Darwin furent détruits, avec, bien entendu l'anéantissement de l'émetteur de Radio Australia (installé à Cox Peninsula, près de Darwin). Carnarvon sera alors choisie comme nouveau site d'émission, compte tenu de sa proximité avec les zones de desserte de Radio Australia. Un premier émetteur de 250 KW, d'origine suisse, sera installé, puis un second (de 100 KW) d'origine américaine, et un troisième de 300 KW de chez Thomson (France). Cinq pylônes (ci-dessous) seront enfin nécessaires pour supporter les quatre antennes émettrices de la station (un pylône existe encore). Les premiers tests auront lieu le 20 décembre 1975 (à la date anniversaire de la première émission de Radio Australia qui eut lieu en 1939). Après 21 années de bons et loyaux services, cette station temporaire sera fermée le 31 juillet 1996.

 

Durant ma visite, je constaterai l'existence de plusieurs simulateurs permettant, entre autre, de recréer la sensation d'un décollage de fusée (je tenterai l'expérience mais regretterai le manque de vibrations au décollage!). Qu'importe, le but de ce musée est clairement pédagogique et permet aux visiteurs petits et grands de parfaire leurs connaissances en matière de technologie spatiale. A l'entrée du musée, un camion est garé (ci-dessous). Il s'agit d'un laser mobile dont la station de Carnarvon sera provisoirement équipée entre le début de l'année 1969 et la fin de l'année 1970. Ce laser permettait alors de déterminer la position de Carnarvon à dix mètres près, ce qui facilitera la réalisation des missions Apollo. Une révolution pour l'époque.

 

INFOS PRATIQUES :


  • Office du tourisme, 21 Robinson Street, à Carnarvon. Tél:08 9941 1146. Site internet : http://www.carnarvon.org.au

  • Musée du rail de Carnarvon : prendre la direction de la Jetée, le musée, en accès libre, se trouve dans le hangar situé près de la tour à eau.

  • Musée de l'Espace et de la Technologie, Mahoney Avenue, à Carnarvon. Tél:08 9941 9901. Ouvert tous les jours de 9h00 à 16h00 (d'avril à septembre), et de 10h00 à 14h00 (d'octobre à mars). Entrée adulte : 10AUD. Site internet : http://www.carnarvonmuseum.org.au









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