Revoir le globe
Top


Promenade dans la Région naturelle de Tarkine
(Tasmanie, Australie)
Heure locale


Lundi 21 novembre 2016

 

Le nord-ouest de la Tasmanie abrite une zone naturelle encore épargnée par l'homme, et située au-dessus de la zone préservée Arthur Pieman. Cette vaste zone de 3800 km2 est la plus grande zone de forêt humide restant en Australie, et l'une des plus importantes sur notre planète. Elle est délimitée par l'océan indien à l'ouest, Arthur River au nord, la Pieman River au sud et la Murchison Highway à l'est. C'est à une partie de cette forêt vierge que je me propose d'accéder aujourd'hui, à travers la route de Tarkine, une route goudronnée que j'emprunte dès Edith Creek. Cette route a l'avantage de traverser les lieux essentiels de cette forêt et de proposer marches, visite, panoramas et aires de pique-nique sur la cinquantaine de kilomètres qu'elle comporte. Il me faudra trois heures environ pour parcourir cet axe, mais mieux vaut prévoir un à deux jours pour vous arrêter partout, en effectuant la totalité des marches prévues dans le circuit.


 

Il pleut des giboulées ce matin, mais, curieusement, il ne pleuvra qu'épisodiquement et pour quelques minutes à la fois dans la région de Tarkine, alors que la pluie tombera plus violemment sur la côte. Depuis Smithton, je pars en direction d'Edith Creek, afin de rejoindre la route promise. Edith Creek est minuscule mais comporte tout de même une école élémentaire ayant pour maxime atteindre les étoiles grâce au travail ardu. Si seulement les écoles françaises pouvaient encore adopter les mêmes préceptes ! Les amoureux des jardins s'arrêteront à Allendale qui offrent, parait-il, de magnifiques endroits fleuris (voir infos pratiques). Ma première étape se trouve être l'Arche de Trowutta (ci-dessus), mais je ne remarque aucune pancarte. Patience ! Il suffit de suivre Tarkine Drive, et de repérer le panneau routier indiquant Trowutta Arch invitant à emprunter la Reynold Road, une piste gravillonneuse en relatif bon état, puis de suivre cette piste jusqu' atteindre un minuscule parking marquant le point de départ de la marche conduisant à l'attraction. J'ai chronométré, il ne me faudra que quinze minutes pour atteindre l'arche, en suivant un chemin balisé par des piquets surmontés de marques grises. Le chemin est un peu boueux par endroits mais je parviens à contourner les flaques d'eau sans me salir.

L'arche est une curiosité géologique qui prit forme à la suite de l'effondrement d'une cave qui créa deux gouffres de part et d'autre de celle-ci. La nature fit le reste et remplit d'eau ce réservoir naturel devenu un lieu de reproduction pour les invertébrés. Sur place, un dessin explique d'ailleurs en détails cette formation géologique. La forêt que je traverse est très vivante et entrecoupée des cris de perruches qui volent d'arbre en arbre. Le milieu humide a permis le développement de grands et beaux arbres, toutefois espacés les uns des autres. La partie supérieure est recouverte par une canopée qui procure aux lichens et aux fougères vivant à même le sol l'ombre indispensable à leur survie. Ce sol est formé par l'accumulation au fil des siècles de branchages morts et de feuilles. A noter que l'espèce d'arbre dominante est ici le hêtre de myrte, qui peut atteindre 50 mètres de haut et vivre jusqu'à cinq cents ans.


 

Je rebrousse chemin à l'issue de cette promenade qui ne m'aura demandé que 30 minutes aller et retour, puis parcoure la piste en sens inverse pour regagner la Tarkine Drive, puis prendre la direction de Kannunah Bridge. Quelques kilomètres plus loin, je m'arrêterai au pont Tayatea, qui n'offre en soi aucun attrait mais permet de dominer la Arthur River (ci-dessus). Il est bien sûr régulièrement recommandé d'adapter sa vitesse à la faune et à la flore qui fréquentent ce lieu (deuxième photo ci-dessus) et en fonction du moment de la journée. Si seulement j'avais le temps, et...le goût de partir en randonnée dans cette gigantesque forêt, je pourrais ainsi mieux appréhender ses 400 km2 de forêts d'eucalyptus, ses rivières sauvages, ses montagnes dénudées et ses grottes creusées dans la magnésite.

Milkshake Hills (les collines de Milkshake) semblent être le parfait endroit pour un pique-nique et pour partir en balade, une demi-heure ou une heure, au choix. Un panneau indique la direction à suivre pour s'y rendre depuis la route Tarkine.

Autre point de vue qui vaut le coup d'oeil, le sinkhole (ci-dessous), un autre gouffre qui s'est remplit d'eau au fil des ans et qui se trouve en bord de route. Vous ne pouvez pas le manquer, à moins de rouler trop vite. Noyé dans la végétation, un drôle d'oiseau exécute un chant jusque là inconnu pour moi. La région fut surnommée Tarkine en souvenir des Tarkiners, ces Aborigènes qui occupèrent jadis cet endroit, durant 30 000 ans. Un autre endroit, Rapid River (rivière rapide) figure sur mon plan mais je ne le trouverai pas sur ma route. Peut être l'ai-je manqué ? J'ai bien traversé un pont franchissant une rivière mais rien ne mentionnait qu'il s'agissât de cet endroit. Sachez en tous cas qu'on peut pique-niquer sur place tout en admirant les eaux sombres.

 

Bien entendu, cette zone vierge fut menacée par l'industrie forestière et les groupes de protection de la nature lancèrent l'alerte, au cours des années 1980, auprès des populations. Et cette zone de passer durant les années 1990 sous la surveillance d'organisations nationales et internationales, tout comme cela se faisait déjà auparavant sur d'autres sites australiens. Le projet forestier du gouvernement fédéral a, lui, bien avancé depuis 2005, mais n'a jamais appelé à la participation des groupes de protection de la nature (comme par exemple The Wilderness Society ou National Coalition Tarkine), lesquels réclament le classement de cette région au patrimoine de l'humanité, puis sa transformation en parc national.

Les Wes Beckett Falls (Chutes de Wes Beckett) offrent les plus impressionnantes chutes d'eau de Tarkine d'après ce qu'annonce mon dépliant. Mais elles se méritent et il faut crapahuter pendant une heure (niveau de difficulté élevé) avant de les atteindre. Même chose pour les Dempster Plains (Plaines de Dempster) qui offrent, parait-il, un joli panorama (dix minutes de marche aisée).

La météorologie du jour ne se prête pas trop à la promenade et c'est bien dommage car le lac Chisholm (photo ci-dessous, empruntée sur internet). Prévoir 30 minutes de marche (niveau aisé) au milieu des grands arbres et des trous d'eau.

 

Pour les amateurs de camping, il existe un camping accessible depuis la route de Tarkine, Le Julius River Motorhome site. Non loin de là, coule la Julius River (ci-dessous), qui offre une aire de barbecue, des toilettes et le point de départ pour deux balades à travers la forêt humide : la randonnée de la forêt humide, d'une durée de trente minutes, propose de longer la rivière et ses eaux tanniques avec, à la clef, de nombreuses espèces de plantes à découvrir sur le parcours. L'autre promenade propose un rencontre avec les hêtres de myrte et les trous d'eau. On marche ainsi à la rencontre de gigantesques arbres pendant une heure. Sur l'aire de repos, un panneau explique l'origine du miel au bois de cuir produit grâce à l'arbre leatherwood (bois de cuir?) qui donne des fleurs magnifiques (deuxième photo ci-dessous). Cet arbre endémique est unique dans les régions humides comme celle de Tarkine, car ses fleurs blanches à quatre pétales apparaissent au printemps et en été et ressemblent à des roses. Celles-ci dégagent une forte odeur, surtout lors des fortes chaleurs, et les nombreuses abeilles de venir alors les butiner, contribuant ainsi à fournir 70% de la production de miel de Tasmanie. Ce miel au bois de cuir est un produit d'exception, avec son goût épicé et trouvera certainement une petite place dans votre valise si vous passez par là. Les arbres les plus prolifiques en terme de floraison sont ceux qui sont âgés de quelques 200 ans (les arbres âgés de... seulement 75 années ne donnent aucune fleur!). L'arbre leatherwood atteint généralement une hauteur de deux à dix mètres mais peut mesurer jusqu'à 25 mètres.


 

Ma promenade arrive bientôt à son terme et je fais une halte au panorama somptueux de Sumac (ci-dessous), qui offre de dominer à la fois la forêt humide de la région de Tarkine et la Arthur River. Cette photo illustre cette Tasmanie qui abrite 95% des forêts humides d'Australie, et les 170000 hectares de la région de Tarkine. Cette vue imprenable ne se trouve qu'à cinq minutes de marche du parking. Dernier cliché de ma balade : encore une fois, la Arthur River (deuxième photo ci-dessous), aperçue cette fois depuis le pont Kannunah.


 

 

INFOS PRATIQUES :






Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile