Dimanche 4 décembre 2016
Un beau dimanche s'annonce ce matin et je prends la route sereinement pour Swansea, l'une des plus anciennes villes de la Tasmanie, qui fut fondée dans les années 1820 sous le nom de Waterloo Point, et était à cette époque la troisième municipalité australienne à âtre créée après Hobart et Sydney.
Pour l'heure, je descend vers le sud et emprunte la route qui va me conduire en direction de Scamander, puis Falmouth, et enfin Four Miles Creek. Toutes ces localités sont minuscules mais me donnent l'occasion de prendre à chaque fois un cliché, une manière pour moi de vous monter à quoi ressemble l'endroit.
Scamander se trouve pour sa part à l'embouchure de la rivière du même nom, et se trouve être une destination touristique prisée grâce à ses plages de sable blanc donnant sur l'océan. Ce fut John Helder Wedge qui, tout juste débarqué d'Europe, mit les pieds ici pour la première fois en 1825. Il donnera le nom de Borthwick à la rivière, puis appela la bourgade Yarmouth (en souvenir du port Great Yarmouth en Angleterre). Cette rivière fut un véritable défi pour les Européens qui cherchaient à construire un pont à cet endroit. Le premier ouvrage, un pont en bois, sera bâti en 1865 par Richard Terry mais les incessants passages de troupeaux de bétail le feront céder. Le pont, une fois reconstruit, sera ensuite emporté par les crues en 1889, puis en 1911. Et les ponts d'être à chaque fois mis à bas par les inondations ou les vers marins ! Le dernier pont en bois s'effondra ainsi en 1929. C'est en 1936 que sera enfin érigé un pont métallique, toujours en état aujourd'hui, pour les piétons et les bicyclettes. Les voitures, elles franchissent le pont en béton inauguré en 1991, sur la Tasman Highway.
Ma prochaine halte sera Falmouth (ci-dessous), une toute petite localité avec ses quelques maisons, autre lieu exploré par le même John Helder Wedge. C'est le Capitaine John Henderson qui s'y installera d'abord en 1829 (d'où son nom qui a été attribué depuis au grand lagon local) et acquerra près de 3000 acres de terres. La même année, William Steel se verra attribuer la même surface de terrain. De quoi faire de ces premiers Européens l'embryon de la future communauté locale, au point qu'après la Première guerre mondiale, le village possédait une majorité d'habitants portant les noms de Henderson et de Steel. Je découvrirai, mais trop tardivement, qu'il existe un endroit où un gros rocher offre sur place une large fissure dans laquelle s'engouffrent les vagues provoquant un geyser d'eau impressionnant. J'ai déjà connu cela ailleurs en Australie. Sur place, je rencontrerai une habitante en train de promener son petit chien. Elle me dit être originaire d'Ecosse (Grande-Bretagne). Décidément, je ferai le tour du monde sur cette île, tant je rencontre des personnes originaires des quatre coins de la planète...
Il n'y a pas foule sur la route en cette heure matinale et, lorsque j'approcherai de Four Miles Creek, je ne rencontrerai qu'un camping-cariste, lui aussi émerveillé par la plage de ce petit village (ci-dessous). Je ne trouverai pas beaucoup d'informations sur cette localité, si ce n'est qu'au large de cette côte Est, coulèrent à cet endroit de nombreux navires, comme, par exemple, en 1843, le vaisseau de 29 tonnes, Charlotte, avec deux personnes à son bord. On n'aurait alors retrouvé dans l'épave qu'un ...sac de courrier. Dix ans plus tard, un autre navire, le Swan River Packet, fit naufrage à cet endroit, avec sa cargaison de pommes de terre et de bois, en s'échouant sur l'Île aux Lapins, l'un des 52 îlots découverts à l'époque par Tobias Furneaux. Pas de chance pour trois des survivants qui furent...tirés comme des lapins par la police locale, qui recherchait au même moment des prisonniers évadés. Mauvais concours de circonstance. Et les trois malheureuses victimes d'être enterrées ici, à Four Miles Creek, de l'autre côté de cette plage, au lieu-dit Burial Point. Les baleines également vinrent s'échouer sur cette côte : en 1981, 183 baleines pilote vinrent se perdre sur la plage McIntyres, tout près de Burial Point. Les forts vents contraires ne permirent malheureusement de ne sauver à l'époque qu'une poignée de ces pauvres cétacés.
Une promenade plus approfondie le long de cette plage vous permettra d'apprécier la grande variété de plantes qui constitue la végétation locale, comme par exemple le spinifex, une graminée australienne fort utile car elle prolifère sur le sable et aide ainsi à fixer les dunes. Avec de la chance, on pourra aussi apercevoir l'aigle de mer à ventre blanc, ou bien le pluvier à capuchon.
Lors de mes deux précédents voyages, il y a dix ans de cela, je m'y étais arrêté. Jamais deux sans trois, et me voici qui me dirige vers St Marys, pour trouver sur ma route la crêperie Mount Elephant Pancakes Barn, toujours fidèle au rendez-vous. On y déguste de généreuses crêpes fourrées aux fruits, avec boule de glace et crème chantilly de rigueur. Je quitterai la Tasman Highway pour Bicheno à l'embranchement me signalant Elephant Pass (col de l'éléphant). Pourquoi appeler ce col Eléphant ? Mystère. Mais la petite route que j'emprunte réclame la plus grande prudence car elle comprend de nombreux virages, et elle est étroite. La forêt que je traverse est par contre superbe tout au long de ces huit kilomètres qui me conduiront à ma crêperie (ci-dessous).
Le ventre bien plein, je reprends le volant et me dirige vers le village de St Marys, connu notamment pour son bel hôtel (ci-dessous). Plus je m'approche de St Marys et plus la route s'élargit. Je quitte la montagne pour me retrouver en plaine. Située au croisement de la Tasman Highway et Esk Highway, cette localité de 500 âmes fait partie du comté de Break O'Day et est nichée au pied du piton rocheux appelé St Patricks Head (694 mètres). Ce rocher doit son nom à Tobias Furneaux qui le nomma ainsi en 1773. L'endroit ne retint pas plus que cela l'attention des premiers Européens installés sur l'île, jusqu'à ce qu'un camp de 300 bagnards ne soit ouvert dans les années 1840, entre cette localité et le col St Marys non loin de là. Et de tracer alors la route de montagne allant de St Marys jusqu'à la côte entre 1843 et 1846. L'arrivée du chemin de fer, en 1886, apportera bien sûr un regain d’activité sur place, tandis que la route du col de l'Eléphant (que j'emprunte aujourd'hui) allait être achevée en 1888. Avec le temps, la ligne de chemin de fer n'arrive plus jusqu'ici mais la gare, elle, est toujours là (deuxième photo) et sert de musée.
Dernière étape de ma promenade : Bicheno. Cette petite ville doit son nom à James Ebenezer Bicheno (ci-dessous), alors Secrétaire colonial britannique pour l'île, entre 1843 et 1851. Homme cultivé, cet homme avait un vif tempérament et appartenait alors à la Société Géographique d'Angleterre. Bon vivant et de bonne compagnie, il aimait la musique et les arts. Il léguera les 2500 ouvrages de sa bibliothèque personnelle au peuple tasmanien, permettant ainsi de constituer le premier noyau de la future bibliothèque de l'île. Avant 1816, il n'y avait pas de camps européens sur la côte Est de la Terre de Van Diemen, car les Européens ne s'étaient finalement établis que sur le lieu de leur première découverte, en 1803, c'est à dire la côte Ouest. Et le Capitaine James Kelly d'aborder le Waubs Boat Harbour ce 26 janvier 1816. Les premiers Européens s'installeront ainsi dans la région de Bicheno en 1826, et c'est seulement en 1845 que Bicheno est mentionné pour la première fois, des archives datant de 1851 ne faisant alors mention que de quelques huttes et enclos...Les premières attributions de terres seront faites en septembre de la même année, la plupart étant attribués à des habitants du district. Puis Bicheno ne sera longtemps habité que par deux familles, celles de l’officier de police et de l'épicier. On passait alors juste au village pour faire des provisions ou bien livrer ses récoltes jusqu'à la jetée du port, à Peggys Point (ci-dessous). Mais l'érection d'une église en 1882 allait changer bien des choses, puisque sa présence allait accroitre de manière significative les rencontres des uns et des autres. La pêche, elle, contribuera également au développement économique local. Et le tourisme, qui fait vivre aujourd'hui la petite station, de démarrer avec difficulté par manque d'infrastructures. Il faut savoir que les premiers occupants européens étaient (presque) entièrement dépendants du transport maritime, à cause de l'absence de routes. Bicheno, alors surnommé Vieille pêcherie, accueillait les fermiers du coin qui venaient livrer leurs produits, à destination des marchés alentours, jusqu'au Waub's Boat Harbour (aujourd'hui The Gulch). Il faudra attendre les années 1840 et la découverte de mines de charbon pour que la petite localité devienne un camp permanent. Et la Douglas River Coal Company de créer un gisement minier au sud de la rivière Denison et d'exporter son charbon via le même petit port. Cette exploitation minière connaitra peu de succès et fermera en 1858. Ce ne sera qu'à l'issue de la Seconde guerre mondiale, que Bicheno commencera à développer le tourisme, avec l'appui de gens comme Brian Winspear ou Ray Schier. L'ouverture de la Silver Sands Motor Inn aida beaucoup le village si bien que Bicheno faisait déjà figure de Côte dorée de la Tasmanie dans les années 1960. Et la population d'augmenter au fil du temps, passant de 55 habitants en 1940, à...248 en 1971, pour tripler quarante ans plus tard.
L'office du tourisme me conseille la balade suivante : passer par la plage puis, au niveau de la petite jetée de Peggy Point, emprunter un sentier qui me conduira jusqu'à la colline des pêcheurs de baleines (Whalers Hill). Une fois dans Fraser Street, je prendrai la première rue sur ma gauche (Foster Street), puis m'engagerai sur le chemin (signalé par un panneau) menant au sommet de la colline, à un observatoire appelé Governor Island (du nom de l'île qu'on trouve en face de soi à cet endroit, comme sur la deuxième photo ci-dessous). Poursuivant ensuite sur ce même chemin, je ferai ainsi le tour du rocher puis redescendrai naturellement vers Foster Street, à cinq minutes de marche de l'office du tourisme. Compter une heure de marche au total.
INFOS PRATIQUES :
- Mount Elephant Pancakes Barn, sur la route conduisant à St Marys, depuis la Tasman Highway. Un panneau indique l'établissement qui se trouve dans un virage. Tél:03 6372 2263. Ouvert tous les jours, dès 8h30. Pas d'accès internet (et Telstra passe mal à cet endroit!). Paiement de l'addition uniquement en liquide (difficulté probable à faire fonctionner un lecteur de cartes bancaires dans cette zone). Site internet : http://www.mountelephantpancakes.com.au
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St Marys Hotel, 48 Main Street, St Marys. Tél : 03 6372 2181. Site internet : http://www.stmaryshoteltasmania.com.au/
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Musée des Manivelles et des Bricoleurs, dans l'ancienne gare de St Marys. Du lundi au vendredi de 10h00 à 16h00. Tél : 04 176 48845.
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Bicheno Penguin Tours, Tasman Highway (centre-ville), Bicheno. Tél:03 6375 1333. Tarif : 35AUD$ par adulte (réservation obligatoire). Les visites ont lieu le soir, 7 jours sur 7, à partir de 20h00 (en novembre et décembre). Site internet : http://www.bichenopenguintours.com.au
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Office du tourisme de Bicheno, 41B, Foster Street, Bicheno. Tél:03 6375 1500. Ouvert tous les jours de la semaine, de 9h00 à 17h00. Accès WiFi gratuit (pendant 40 minutes) face à l'office du tourisme.
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Réserve naturelle NatureWorld, 18356a Tasman Highway, Bicheno. Ouvert tous les jours de la semaine. Site internet : http://www.natureworld.com.au