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Oatlands
(Tasmanie, Australie)
Heure locale


Dimanche 11 décembre 2016

 

Il est un village historique à ne pas manquer en Tasmanie : Oatlands. Ce village est l'un des plus ancien campements européens de l'île et offre plus de 150 maisons de pierre anciennes, soit la plus importante concentration d'édifices historiques d'Australie. Rien n'a bougé depuis des lustres dans cette campagne géorgienne, depuis l'arrivée des bagnards dans les années 1800. Je passerai plusieurs heures à déambuler sur place pour découvrir ce lieu d'exception. J'apercevrai ainsi cafés, hôtels, magasins et cottages, mais le symbole d'Oatlands reste le moulin de Callington (en photo ci-dessous) qui domine l'endroit et produit encore aujourd'hui de la farine biologique. Il reste désormais l'unique moulin de ce genre dans l'hémisphère sud, après des travaux de restauration effectués jusqu'en 2010. L'édifice, construit en 1836 par John Vincent, dominait déjà la campagne. A l'époque, la farine constituait le second produit d'exportation de la Compagnie de Van Diemen et la région d'Oatlands produisait alors, vers 1837, 18000 boisseaux de blé, offrant ainsi à l'économie tasmanienne balbutiante de substantiels revenus. Et le moulin de Callington de moudre jusqu'à vingt boisseaux de grain à l'heure. Entre 1845 et 1850, le fils de John Vincent installera un moteur auxiliaire à vapeur sur le moulin, l'idée étant de faire fonctionner l'ensemble en utilisant alternativement les énergies du vent et de la vapeur, et d'accroitre ainsi la productivité du fameux moulin. Dès 1891, le moulin perdit de sa superbe, concurrencé par ses semblables installés à proximité des ports. Et de tomber peu à peu en déshérence. Puis, en 1913, un incendie ravagea la tour de pierre détruisant tout ce qu'il y avait à l'intérieur, c'est à dire les mécanismes de fonctionnement (deuxième photo) et la partie supérieure de l'édifice. Des travaux de restauration débuteront alors dans les années 1970, en commençant par l'entretien des murs, puis, en 1988, on remplaça la partie haute du moulin, les planchers, les portes et les fenêtres. Et d'installer les quatre nouvelles ailes en 1999. Enfin, les travaux de restauration des mécanismes de fonctionnement prirent place à partir d'octobre 2009. Aujourd'hui, le moulin a retrouvé sa superbe et fonctionne comme autrefois.


 

J'arrivé à Oatlands vers 7h30 et j'ai la rue pour moi. Le village encore endormi me permet de prendre librement en photos de nombreux édifices sans être gêné par exemple par les véhicules en stationnement. Je me concentrerai essentiellement sur la rue principale (High Street), et ma visite démarre au bord du lac Dulverton (ci-dessous) :cet immense plan d'eau de 230 hectares est constitué d'une lagune peu profonde et offre en son centre une petite île de 80 mètres de long, sur laquelle quelques cèdres ont poussé. L'endroit est le refuge de nombreuses espèces animales, dont des oiseaux. Afin d'assurer le remplissage constant du lac et pour fournir le village en eau, un barrage fut construit dès 1828 mais le résultat ne fut pas concluant compte tenu de l'importante vie animale sur place. Jadis, les Aborigènes venaient déjà y pêcher les anguilles contenue dans ce lac. Les truites ont depuis fait leur apparition. Et le barrage d'avoir été depuis rehaussé.


 

La vie sur place ne sera pas toujours aisée au début de l'installation des Européens, et les nouveaux venus de connaître de fréquentes périodes de privation avant que ne soit développée une agriculture profitable, car l'approvisionnement en vivres venant de l'Europe ne parvenait pas toujours à temps. Un texte du musée d'histoire décrit parfaitement et dans le détail les contraintes d'alors. Au N°93, High Street (ci-dessous), se dresse encore un immeuble en pierre à deux niveaux et de style géorgien, et à l'arrière duquel se trouvaient les écuries. Ce bâtiment formait la meunerie du village et abritait aussi autrefois une boulangerie. Chose logique. L'ensemble étant la propriété de John Vincent Junior. Plus tard, l'endroit abritera momentanément un bazar avant d'être classé en tant que monument historique.


 

Au N° 92 se trouve une jolie maison en pierre appelée Oatlands Lodge (ci-dessous) : bâtie en 1830 par James Weeding, la demeure fut érigée à l'aide des blocs de pierre taillés par un détenu, des pierres qui provenaient d'une carrière toute proche et encore visible aujourd'hui. L'endroit accueillera une école des jeunes filles puis, plus tard, un chausseur, sur la partie avant de la bâtisse. On prétend que la tenancière de la boutique soudoyait alors les ouvriers en charge de la construction de la rue principale avec du tabac, pour qu'ils équipent la chaussée de sortes de bosses (gendarmes couchés) et obliger ainsi les passants à ralentir et à mieux remarquer sa boutique de chaussures. Non loin de là, j'aperçois l'ancienne Oatlands Coach House (deuxième photo) qu'on pourrait traduire par la maison du cocher. A l'origine, se dressait à cet endroit un cottage en pierre, bâti par James Weeding en 1829, puis loué aux militaires qui surveillaient à l’époque la construction de la route Hobart-Launceston par les détenus. Le même cottage sera utilisé comme auberge jusqu'en 1841, puis abritera l'hôpital du Dr Park, puis le bureau de poste. En 1855, William Barwick fit l'acquisition de l'ensemble et construisit le bâtiment à deux niveaux visible aujourd'hui, pour en faire un hôtel à l'attention des voyageurs. Il y rajoutera des écuries (à l'arrière du bâtiment) et une brasserie.


 

La maison du forgeron (ci-dessous), elle, figure dès 1829 comme une attribution de terre accordée à Madame Mary Dillon. Deux ans plus tard, Peter Harrisson en fera l'acquisition pour la somme de 105£. Puis, l'endroit d'être revendu en 1836 à John Robinson, homme d'affaires, qui y installera une forge en 1844. Joseph Wright, forgeron et charron de son état, y oeuvra pendant de nombreuses années, jusqu'à ce qu'au début de 1844, le détenu Richard Jackson, en fin de peine, n'y vive. Le lascar sera exécuté pour crime quelques temps plus tard et sera ainsi le troisième condamné à mort de la prison d'Oatlands (deuxième photo).

La résidence du geôlier visible sur la photo avait été quant à elle érigée en 1836, en remplacement d'une prison en bois bâtie à la hâte, huit ans plus tôt. Cette résidence reste à ce jour la plus grande bâtisse de ce type jamais construite en Tasmanie. On ne trouvait alors des prisons que dans trois villes, Hobart, Launceston et ...Oatlands. On y exécutait des prisonniers, et 18 d'entre eux furent ainsi exécutéss à la prison d'Oatlands, prison qui sera démolie malgré les vives protestations locales. L'arche de celle-ci fut transférée en 1939 pour être remontée au 73 High Street, près de la mairie. De nos jours, seule la résidence du geôlier existe encore. Le nombre de détenus embauchés à l'époque pour la construction de la route, mais aussi de la prison, était en constante augmentation, et il était alors difficile de loger tout ce petit monde. Un détachement militaire avait été installé ici dès 1825, et ses effectifs avaient été accrus suite à la transformation du village en district de police pour la Compagnie Van Diemen. Et les militaires d'être indispensables sur place afin de protéger la population des attaques aborigènes, et pour surveiller les détenus employés sur les chantiers de construction. Le Lieutenant Vachelle sera donc envoyé à Oatlands par le gouvernement afin de superviser la construction des abris des militaires, du commissariat, de la prison et du quartier des officiers. Au N°67 High Street sera érigée la résidence du commandant de l'armée, en 1828. Plusieurs commandants occuperont successivement cette vaste demeure, avant que la maison ne soit finalement agrandie en 1900, après avoir été revendue d'abord à un certain John Newby dès 1866, puis à plusieurs autres propriétaires.


 

Le joli cottage qui se trouve au N° 48 High Street (ci-dessous) figurait déjà sur les plans du village en 1832. Cinq ans plus tard, Thomas Salmon Jr, gendarme en chef d'Oatlands, en faisait l'acquisition. Notre homme avait débarqué d'Angleterre en 1816, à bord du navire Adamant, puis avait épousé Mary Baileys à St Matthews (New Norfolk) en juin 1829, avant d'avoir leurs dix enfants. Cette même année, Thomas Salmon avait été nommé à ce poste qu'il occupera douze années durant, tout en ayant été aussi nommé agent de convocation pour la Cour des Requêtes en 1832.


 

Le tribunal du village (ci-dessous) avait quant à lui été bâti en 1829. Il suffit d'observer avec attention les murs latéraux de cette construction pour remarquer l'évolution de la structure empreinte de différentes styles architecturaux. C'est ici que seront prononcées les sentences de mort à l'encontre des condamnés, lesquels verront plus tard leur peine capitale commuée en peine de prison à vie, excepté le cas de dix-huit d'entre eux.

 

Je trouverai deux églises sur les trois existantes à Oatlands : l'église unifiée (ci-dessous) sera achevée en 1856, juste avant qu'une grosse tempête ne mette à bas le clocher deux ans plus tard. L'église catholique Saint Paul (deuxième photo) existe à Oatlands depuis 150 ans et fut fondée en 1850. Dessinée par Augustus Welby Northmore Pugin (le plus célèbre architecte anglais du début de l'époque victorienne) sept ans plus tôt, cette église bénéficiera du savoir-faire et du talent de celui qui sera à l'origine de la construction du Parlement britannique de Londres. Fréderick Thomas supervisera cependant l'érection de la petite église Saint Paul qui ouvrira ses portes le 26 février 1851.


 

 

INFOS PRATIQUES :

  • Moulin de Callington, Oatlands. Il peut être visité avec un guide, tous les jours, entre 10h00 et 15h00. Départ à heure ronde, près de l'office du tourisme. Tarif de la visite : 15 AUD$. Prise de photos interdite pour raison de sécurité. La farine du moulin est en vente à l'office du tourisme.
  • Office du tourisme, Mill Lane, Oatlands. Ouvert tous les jours, de 9h00 à 17h00. Accès WiFi gratuit (Tas_Gov) au fonctionnement limité à une zone précise (près de la table en bois et dans la partie arrière de l'office du tourisme). http://www.discovertasmania.com.au/about/regions-of-tasmania/hobart-and-south/oatlands

  • Oatlands Stables, 85 High Street, Oatlands. Tél:03 6254 0013. café-restaurant avec accès internet gratuit

  • Musée d'histoire, 107 High Street, Oatlands. Tél : 03 0254 1111 et 0254 4110. Ouvert tous les jours de 10h30 à 16h00. Entrée par donation volontaire. Prise de photos interdite.








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